Un autre cimetière

Publié le 09 avril 2014 par Zappeuse

Si hier j’évoquais l’éventualité d’une nécropole protohistorique camouflée sous la dune du Pilat, aujourd’hui il s’agit d’un cimetière nettement plus contemporain quoique caché aux regards des gens honnêtes : ce cimetière se trouve sur la petite île nommée "Hart Island", à l’est du Bronx, à New-York, et c’est le plus grand cimetière des Etats-Unis en nombre de personnes inhumées. L’île est minuscule et, d’après ce que j’ai pu en lire, notamment dans un article paru aujourd’hui dans Libé, elle ne se visite pas car elle administrée par le Département des prisons de New York :

Quand on zoome sur GoogleMaps, on voit des zones boisées. On se rapproche : ces zones abritent des bâtiments abandonnés, peu à peu mangés par la végétation :

Dans la deuxième moitié du XIXe siècle, cette île a d’abord accueilli un camp de prisonniers, puis une maison de redressement, un hôpital psychiatrique pour femmes (photos de ce qu’il en reste, accompagnées d’un texte en anglais), et même une base de lancement de missiles pendant la guerre froide.
Depuis 1869, cette île est surtout un gigantesque cimetière pour indigents et enfants morts-nés. Enterrés dans des fosses communes, aujourd’hui par des prisonniers volontaires, ces gens n’ont droit à aucune plaque, rien qui en rappelle le souvenir. Or, il y aurait actuellement les restes d’un million de personnes dans ces fosses communes, et ce chiffre ne cesse d’augmenter : près de 1500 personnes y sont encore enterrées chaque année, dans des cercueils de pin numérotés.
Les registres du cimetière ont été pour partie perdus ou ont brûlé, empêchant les familles de savoir même si leurs proches y étaient inhumés, avec tout le côté inhumain que cela peut avoir. Une femme, Melinda HUNT, se bat actuellement pour que les familles puissent se recueillir sur les tombes de leurs morts, mais le combat n’est pas encore gagné, du moins tant que c’est l’administration des prisons, et non celle des parcs, qui gère ce cimetière pas comme les autres.