Genre : Horreur, historique (interdit aux moins de 16 ans)
Année : 1969
Durée : 1h33
L’histoire : Un petit village d’Europe est ravagé par l’inquisition. Albino, un chasseur de sorcières, emprisonne et torture des femmes innocentes. Jusqu’au jour où arrive Christian un émissaire de l’inquisition accompagné de Jeff Wilkens, un bourreau. Alors qu’il attend la venue de Lord Cumberland, l’inquisiteur, Christian s’éprend de Vanessa une jeune femme accusée de sorcellerie par Albino.
La Critique de Vince12 :
Aujourd’hui je vous propose d’aborder un film choc qui fit scandale à sa sortie, il s’agit de La Marque du Diable réalisé par Michael Armstrong en 1969. Ce film va déclencher une vive polémique. La censure cinématographique française qui n’est pas réputée pour sa rigidité concernant la violence au cinéma, choisira pourtant d’interdire le film à sa sortie.
Cependant c’est les années 70 qui arrivent et le cinéma d’Horreur qui jouait surtout sur la suggestion, décide d’adapter un nouveau style plus radical sur le plan visuel. La Hammer avait commencé à montrer le sang, c’était la porte ouverte au gore. Car oui La Marque Du Diable est un film gore, ultraviolent qui tente cependant de coller aussi à une certaine réalité historique, en l’occurrence : les tortures sous l’inquisition.
Attention SPOILERS !
En Europe, dans un petit village, l’inquisition fait des ravages. Albino le chasseur de sorcière, accuse, torture et exécute grand nombre d’innocentes. Un jour, arrivent alors Christian et son redoutable bourreau Jeff Wilkens. Ils précèdent la venue de l’inquisiteur Lord Cumberland, le mentor de Christian, qui vient enquêter sur les agissements d’Albino et renforcer la chasse aux sorcières.
Christian comprend bien vite qu’Albino condamne des innocentes pour son bon plaisir. Mais il se retrouve dans une position délicate lorsqu’il tombe amoureux de Vanessa, une jeune femme accusé de sorcellerie par Albino.
En réalité, La Marque du Diable n’est pas vraiment nouveau dans son concept, puisqu’il fait écho au film Le Grand Inquisiteur réalisé en 1968 par Michael Reeves avec Vincent Price. Ce film narrait déjà l’histoire réelle de l’inquisition en mettant en scène des séquences trash. Ici, La Marque du Diable se propose de rajouter une dose supplémentaire de violence. Autant dire qu’Armstrong signe un film véritablement choc qui marque les esprits.
Malgré le nombre d’années au compteur et quelques effets datés, La Marque Du Diable a conservé son ultra-violence d’antan. Buchers, viols, tortures, langues arrachées, écartèlements, marquages au fer rouge, énucléations… Toutes les tortures de l’inquisition y passent. Parmi les scènes cultes on notera aussi la torture de la goutte d’eau. La Marque du Diable ne lésine et envoie la marchandise en terme de gore et de violence, montrant dans les détails l’horreur de l’inquisition.
La réalisation de Michael Armstrong n’est d’ailleurs pas très développée et joue beaucoup sur les scènes de violences. Force est de constater que le résultat est réussi. La Marque Du Diable s’apparente à une peinture représentant une époque sombre, d’intolérance et de fantasmes religieux. D’ailleurs il est dit au début du film que l’histoire s’inspire de trois cas de sorcellerie réels. Pour autant la Marque du Diable apporte clairement une dimension politique, ne cherchant pas à nous montrer de vraies fanatiques. Par exemple lorsqu’un noble est accusé de sorcellerie, car le clergé veut mettre la main sur ses terres.
C’est donc les personnages qui sont plus ou moins intéressants et on découvre que les fanatiques ne sont pas forcément ceux que l’on croit et pas forcément les criminels. Le personnage le plus fanatique est probablement Christian qui depuis le début du film croit être investi d’une mission divine : traquer et capturer les sorcières. Mais ce jeune homme naïf va vite découvrir quelle est le vrai visage de la traque aux sorcières. Il est incarné par des gens comme Albino et son mentor Lord Cumberland. Ces deux personnages qui semblent d’abord apparaître comme assez différents se révèleront être les mêmes. Leur seule différence est peut être l’hypocrisie non assumée de Cumberland. Albino avoue qu’il se moque de Dieu et qu’il fait ça pour le plaisir sexuel et sadique de torturer des femmes. Cumberland, se dit lui, chargé d’une mission divine. Mais il réalisera lui aussi que ce sont des fantasmes pervers qui le poussent, exactement comme Albino. On constatera aussi qu’il agit avant tout en fonction de politique et d’intérêts.
A travers ses personnages, La Marque du Diable montre donc bien le vraie visage de l’inquisition et au final c’est le plus croyant et fanatique de tous qui se révèle être le héros mais à quel prix.
D’ailleurs en parlant des personnages, évoquons les acteurs. La plupart livrent une prestation tout à fait honnête et honorable. Herbert Lom, dans son rôle d’inquisiteur, semble influencé par la prestation de Vincent Price dans Le Grand Inquisiteur. Quant à Reggie Nalder sa gueule cauchemardesque fait tout son jeu et tout le personnage d’Albino. Udo Kler crédible dans le rôle de Christian de même qu’Olivera Vuco dans celui de Vanessa.
Par ailleurs on dirait que les acteurs ont aussi été choisi au faciès, car on a un lot de sacrées gueules qui rendrait presque jaloux Sergio Leone. Les visages des différents acteurs entretiennent également l’ambiance malsaine du film. Une fois encore c’est surtout le cas pour Reggie Nalder mais pour les autres également. On pourra également citer la musique du film qui se révèle très réussie et contribue elle aussi à la tonalité de l’œuvre.
Quelque part la Marque du Diable préfigure des films comme Les Diables de Ken Russell ou encore Salo ou les 120 journées de Sodome de Pier Paolo Pasolini.
En bref un film choc et intéressant malheureusement trop rare et méconnu.
Note : 15/20
Bande annonce VHS René Château Vidéo "La Marque du diable"