L’Histoire se décrit et se raconte à travers des époques qui portent un nom évoquant non seulement sa place dans le calendrier de l’humanité mais également son sens et son contenu. Ainsi, se sont succédés la Préhistoire, l’Antiquité, le Moyen-Age, la Renaissance, l’époque moderne, l’époque contemporaine. Tout de suite, il est remarquable que l’époque que nous vivons ne se nomme par aucun qualificatif évoquant sa spécificité, à l’inverse de toutes les autres. Nous vivons une époque sans nom. La Préhistoire porte à notre mémoire l’histoire fabuleuse des premiers hommes qui se sont extraits de l’animalité et leur transhumance à travers la planète. L’Antiquité est chargée des évènements et développements culturels grecs et romains qui enracinent notre propre histoire dans la démocratie, les sciences et la philosophie. Le Moyen-Age qui, comme l’indique son nom, se situe entre deux grandes étapes de l’évolution historique, est le berceau de notre propre histoire, de notre civilisation, de notre culture et de nos croyances. La Renaissance est l’ère fabuleuse d’une nouvelle vie de la civilisation européenne, apportant les arts, la science nouvelle, l’humanisme qui forment le berceau de l’humanité moderne. L’époque moderne porte avec elle toute la modernité scientifique et philosophique qui laisse ses traces jusqu’à nous. C’est celle de la Révolution et des Droits de l’Homme, la naissance et l’épanouissement de l’industrie. L’époque actuelle se contente d’être contemporaine, uniquement. Nous ne savons pas la nommer autrement qu’en précisant qu’il s’agit d’aujourd’hui. Peut-être les historiens n’ont-ils pas osé la nommer époque des atrocités ? Celles-ci encombrent le cours de l’histoire de cette période : les guerres, les génocides, les déportations, la famine, les dictateurs fous et sanguinaires, les guerres de religion, les attentats monstrueux, les idéologies sanguinaires, les destructions massives, les 55 murs entre les peuples et les nations, la pauvreté grandissante. Cette absence de dénomination dénote une lassitude et une désillusion devant l’évolution du monde actuel. Nous vivons une époque où nous nous contentons de regarder, effarés, l’évolution des hommes vers un avenir qu’ils ne maitrisent pas et qu’ils se contentent de subir. La société perd la croyance en ses valeurs et son avenir. Le scepticisme et le doute ont envahi les esprits. Près d’un quart des Français doutent des institutions de la démocratie et se mettent à rêver d’un régime autoritaire, premier pas vers la dictature ! La déconfiture et l’incompétence de ceux qui sont chargés de faire vivre la démocratie sont les grands responsables de cette inquiétante dérive de la pensée, engluée et étouffée par l’esprit systématique de la polémique.