Un film de Francis F. Coppola (1982 - USA) avec Frederic Forrest, Teri Garr, Raul Julia, Harry Dean Stanton, Nastassja Kinski, Lainie Kazan
Un petit bijou, étincelant et poétique.
L'histoire : Las Vegas. Hank et Franny vivent ensemble depuis cinq ans, se disputent et se réconcilient, comme la plupart des couples. Mais cette fois, Franny s'en va... La nuit qui suit, ils vont tenter d'oublier leur histoire, et faire chacun une nouvelle rencontre : est-ce que ce sera la bonne, cette fois, ou juste une expérience pour leur faire comprendre qu'ils n'ont pas fini de s'aimer ?
Mon avis : Mise en scène ensorcelante pour ce film hommage à la lumière et à la musique, qui sont ici des personnages à part entière. Un régal esthétique qui agacera sûrement certains, mais envoûtera les autres, dont je fais partie, adoratrice de soleil, clairs de lune, étoiles, néons qui clignotent, bougies, guirlandes, lampions, paillettes... Tout ce qui brille, quoi.
Tourné entièrement en studio, en assumant avec une grâce inouïe les effets carton-pâte, comme sur une scène de théâtre, le film se déploie comme un long clip, où la couleur et la lumière jouent les vedettes : saturation en rouge, puis en bleu, puis en vert, néons lumineux, ombres chinoises, effets de transparences, plans parallèles de scènes qui se déroulent à deux endroits différents, tandis que d'autres sont liées entre elles par un fondu... couleur ; grandes baies vitrées donnant sur la ville aux mille enseignes, comme des tableaux d'art contemporain, ; une ville filmée comme un théâtre ; Nastassjia qui ébauche quelques pas de danse, marche sur des ballons ou sur un fil ; Raul et Teri dans un tango magnifique...
Les trouvailles sont innombrables, le charme puissant, on contemple bouche bée un spectacle surréaliste, onirique et brillant. Coppola a fait fort, très fort. C'est un feu d'artifice qu'il nous propose, doucement tempéré par l'alternance des couleurs et la douceur de la B.O., qui font un écrin de luxe, une enveloppe somptueuse, à une petite histoire toute simple, qui du coup devient incroyablement émouvante. Cela m'a fait penser à ces boîtes à musique que l'on ouvre et qui font apparaître une petite danseuse légère comme une bulle ; ou bien à ces boules qu'on retourne pour faire tomber la neige sur un décor un peu kitsch... Il y a quelque chose d'enfantin dans ce film, comme un vieux conte qui éveillerait soudain tout un tas de souvenirs.
La musique, des chansons de Tom Waits, accompagne admirablement le voyage ou le rêve - on ne sait plus - les paroles faisant écho aux situations vécues par Hank et Franny. Mais ce n'est pas une comédie musicale : les personnages ne chantent pas et quand ils dansent, cela fait partie de la scène, ce n'est pas artificiel.
Une expérience. Une merveille. Une mise en scène absolument splendide, époustouflante. Je me demande comment ce film a pu m'échapper tant d'années.
Sans doute parce qu'il en a déroutés plus d'un et que la distribution a été bâclée...
Un bijou précieux à garder dans la DVDthèque ! Purée, le cinéma doit être autre chose que Plus belle la vie !