Mardi 8 avril, le Premier ministre Manuel Valls s'est exprimé devant l'Assemblée nationale afin de prononcer sa déclaration de politique générale et de demander la confiance aux députés.
Manuel Valls a débuté en revenant sur la nécessité de redonner confiance aux Français, de leur dire la vérité, et a insisté sur la «peur lancinante du déclassement».
Pour le Premier ministre, «beaucoup de nos compatriotes n'y croient plus, et ne nous entendent plus».
De ce bilan, il a donc dévoilé les grandes lignes et mesures qui rythmeront son passage à Matignon, toujours guidé par des impératifs d'efficacité et de sincérité.
Un Premier ministre de dialogue
«Rien n'est possible sans l'écoute et le dialogue», a déclaré Manuel Valls.
Il a donc évoqué la démarche de dialogue qu'il souhaite avoir : dialogue avec la majorité parlementaire, sur la base d'un «contrat de travail équilibré», dialogue avec l'opposition qui, venant de remporter une élection «a une responsabilité vis-à-vis des Français», dialogue avec les partenaires sociaux, qui a permis de nombreuses avancées en matière d'emplois notamment, enfin, dialgue avec les élus locaux.
Première traduction de cette volonté de dialogue ? Manuel Valls a proposé une rencontre aux présidents des groupes UMP et UDI dès la semaie prochaine.
Le dialogue, c'est également celui que le Premier ministre souhaite avoir «avec le gouvernement, directement sur le terrain avec les Français».
Persévérer pour la mise en place du Pacte de responsabilité et de solidarité
Suivant le cap fixé par le président de la République, Manuel Valls a déclaré :
La croissance ne se décrète pas. Elle se stimule, avec pragmatisme et volontarisme.
Et d'ajouter :
Entreprendre, créer, prendre des risques, libérer des énergies, embaucher, c'est cette démarche positive que je vais encourager car elle fait du bien à notre pays.
Manuel Valls a également réaffirmé avec force que les parlementaires seront appelés à débattre et voter sur ce Pacte, ce qui leur permettra d'être «des acteurs à part entière de son contenu».
Le Premier ministre a ensuite présenté les orientations du Pacte :
- d'ici le 1er janvier 2015, suppression des cotisations patronales à l'URSAFF au niveau SMIC,
- au 1er janvier 2016, pour les salaires allant jusqu'à 3 fois et demi du SMIC, soit 90% des salariés, baisse des cotisations familiales de 1,8 point,
- baisse de 3 points des cotisations familles pour les artisans et les commerçants,
- suppression, en trois ans, de la Contribution sociale de solidarité des sociétés,
- suppression de la surtaxe, instaurée sous le précédent mandat, sur le résultat des sociétés.
- suppression de nombreuses taxes complexes et à faible rendement.
Côté salariés, le Pacte de solidarité permettra :
- une baisse des cotisations salariales pour les salaires au niveau du SMIC, dès janvier 2015, ce qui représentera un gain de 500 euros par an,
- un allègement de 5 milliards d'euros de la fiscalité pesant sur les ménages modestes.
Dans les prochaines semaines, les partenaires sociaux se rencontreront pour déterminer les engagements des employeurs à propos de l'emploi, suivant deux objectifs majeurs : des emplois en nombre, pour les jeunes et les seniors, mais des emplois de qualité.
L'économie verte, une «formidable opportunité économique»
Manuel Valls a insisté sur les multiples bénéfices qu'apportera la transition énergétique : réduction de notre déficit commercial, renforcement de notre souveraineté, augmentation du pouvoir d'achat via les économies liées à la rénovation énergétique des logements, création d'emplois.
Il a également évoqué la nécessité écologique :
Le climat est probablement le domaine où le besoin de régulation est le plus pressant.
L'indépendance financière, condition de notre redressement
Le Premier ministre a rappelé l'obligation pour le pays d'assainir les comptes publics afin qu'il retrouve son indépendance financière.
Il a réaffirmé avec force que la réduction de la dette ne pouvait pas peser sur les contribuables, comme cela est le cas depuis plusieurs années.
l a donc proposé un changement de rythmes «pour éviter tout recours à l'impôt» : 50 milliards d'euros d'économies en 3 ans, supportés en majeur partie par l'État et ses agences.
Je veux redresser nos comptes publics, sans casser notre modèle social, notre système de santé, nos hôpitaux, nos services publics.
Pour faire ses économies, le Premier ministre a formulé quatre propositions concernant le «mille feuille administratif»:
- la réduction de moitié du nombre de régions dans l'hexagone, en respectant le nécessaire dialogue avec les élus. En l'absence de propositions, après les élections régionales et cantonales de 2015, le gouvernement proposera lui-même une nouvelle carte.
- une nouvelle carte des intercommunalités fondées sur les bassins de vie,
- la suppression de la clause de compétence générale pour les collectivités territoriales,
- engager le débat sur la suppression des conseils départementaux.
Suite à ces changements, la carte des préfectures et sous-préfectures devra donc être adaptée, préservant donc la présence de l'État, qui est «au coeur de la construction nationale».
Pour Manuel Valls ces changements seront «la garantie d'un égal accès de tous les citoyens au service public».
École et logement : «redresser la France dans la justice»
Le Premier ministre a confirmé que la refondation de l'école, engagée depuis deux ans, sera continuée, sous l'égide du nouveau ministre de l'Éducation nationale, Benoit Hamon.
Concernant l'aménagement des rythmes scolaires, une «bonne réforme», Manuel Valls a concédé un assouplissement du cadre réglementaire, après «les concertations nécessaires avec les enseignants, les parents, les élus et les maires».
Ce qui doit compter dans ce domaine, et qui doit nous rassembler, c'est la réussite des élèves partout en France.
À propos du logement, le Premier ministre souhaite engager la relance de la construction, notamment en prenant 50 mesures de simplification dès l'été pour «en finir avec les freins qui empêchent la construction depuis des années».
Le logement pour tous est une mission que nous devons mener ensemble.
«Les François doivent se regarder avec lucidité, mais avec fierté»
En conclusion de son discours, Manuel Valls a loué les capacités de la France en matière d'innovation et de création, mais également son «plus bel atout : la République, et ses principes de tolérance, de solidarité, de respect et de progrès».
Alors que le pays est traversé par de nombreuses fractures, le Premier ministre a appelé au rassemblement des Républicains :
Il faut apaiser, rassembler. Nous savons tous qu'il en va de notre responsabilité : rassembler, unir, apaiser, c'est ce que nous demande les Français aujourd'hui !
Retrouvez l'intégralité du discours :
Discours de Politique Generale Du Premier Ministre Manuel Valls