Après « Sheitan » et « Dog Pound », Kim Chapiron nous livre son troisième long-métrage : « La crème de la crème ». Le réalisateur français place devant sa caméra Thomas Blumenthal, Jean-Baptiste Lafarge et Alice Isaaz. Kim Chapiron, aidé de Noé Debre, signent le scénario, qui s’inspire d’une légende urbaine selon laquelle de tels événements ont eu réellement lieu dans les années 70. « La crème de la crème » sortait dans nos salles le 2 avril 2014.
Synopsis : Dan, Kelliah et Louis sont trois étudiants d’une des meilleures écoles de commerce de France. Ils sont formés pour devenir l’élite de demain et sont bien décidés à passer rapidement de la théorie à la pratique. Alors que les lois du marché semblent s’appliquer jusqu’aux relations entre garçons et filles, ils vont transformer leur campus en lieu d’étude et d’expérimentation.
Le postulat de base de « La crème de la crème » avait tout pour plaire : des jeunes étudiants d’une business-school montent un réseau de prostitutions. Malheureusement, le long-métrage vire trop vite dans le déjà-vu. Même si la comparaison peut surprendre, on ne peut s’empêcher de rapprocher le film de Kim Chapiron avec « The Social Network » de David Fincher. Si les sujets des deux productions sont bien distincts, on retrouve les mêmes thèmes : ceux des rejetés qui cherchent une popularité, du réseau grandissant et des problèmes qui vont avec, jusqu’aux clubs sélectifs. Cela peut paraître assez mince mais l’esprit du spectateur ne cessera d’y penser, donnant à « La crème de la crème » un aspect de « The Social Network » (bis). De plus, le long-métrage possède un côté provocateur qui sonne faux, n’apportant strictement rien à l’ensemble. Au final, « La crème de la crème » possède un synopsis attrayant, mais qui ne convaincra pas dans son traitement général.
Si l’influence, trop généreuse, de « The Social Network » est présente dans le scénario, les personnages en pâtissent aussi … On se retrouve ainsi avec des pseudos Mark Zuckerberg et Eduardo Saverin, avec les personnages de Dan et Louis. La relation entre les personnages est bien différente, puisqu’ils sont à l’opposé l’un de l’autre, mais les psychologies sont bien là. L’un n’hésite pas à lancer la petite entreprise, tandis que l’autre doute … Bref, cela sent encore le déjà-vu. Heureusement, les personnages sont interprétés avec brio par de jeunes comédiens pleins de talents. Thomas Blumenthal et Jean-Baptiste Lafarge, respectivement les interprètes de Dan et Louis, possèdent assez de charismes pour offrir une certaine force à leur personnage. À leurs côtés, Alice Isaaz est la révélation de « La crème de la crème », avec son personnage Kelliah. Par ses airs absents et ses charmes, elle offre de la profondeur à un personnage qui n’en avait pas sur le papier.
Il est évident que l’on a connu la réalisation de Kim Chapiron en meilleure forme. Avec « La crème de la crème », le jeune cinéaste livre une œuvre bien sage dans son traitement. Les plans du long-métrage sont cadrés dans une banalité déconcertante, et montés très simplement. Dans la forme, « La crème de la crème » ressemble à n’importe quel autre long-métrage, alors que le fond laissait envisager une originalité. Cependant, dans les quelques scènes triviales et chantées, Kim Chapiron arrive à capter une atmosphère et des sentiments qui crèvent l’écran. Il n’y a pas une certaine subtilité pour donner un sens plus charmeur à l’ensemble et éviter ces grosses allusions grossières comme ce lâché de confettis sur des étudiants en sueur … La durée très courte de « La crème de la crème » ne permet pas de s’ennuyer durant le visionnage, même si jamais il ne convainc complètement le spectateur, venu chercher un long-métrage plus travaillé …
« La crème de la crème » partait d’un postulat de base intriguant et qui aurait pu donner un très bon film. On se retrouve finalement avec un « The Social Network » (bis) où les jeunes acteurs sont la seule et véritable surprise.
La crème de la crème. De Kim Chapiron. Avec Thomas Blumenthal, Alice Isaaz, Jean-Baptiste Lafarge, Jonathan Cohen, Karim Ait M’Hand, Marianne Deniscourt, …
Sortie le 2 avril 2014.