Analyse préliminaire du séisme du 07 Avril 2014.
Alors que l'épicentre du tremblement de terre du 7 avril 2014 à 21 h 27, heure locale, de magnitude 5.0, se localise, pour le Centre Sismologique Euro-Méditerranéen, latitude 44.47° Nord et longitude 6.69° Est entre La Condamine-Châtelard, Jauziers et Saint Paul sur Ubaye, dans les Alpes de Haute-Provence, le réseau de détection sismique de l'observatoire de Grenoble, - réseau sismologique des Alpes ou réseau Sismalp -, le détermine entre La Condamine-Châtelard, - Alpes de Haute-Provence -, et Crévoux, - Hautes-Alpes -, latitude 44.29° Nord et longitude 6.39° Est. La profondeur focale au foyer est calculée, suivant les premières estimations, vers 7 kilomètres et le choc principal de cet aléa séismique a aussi été ressenti à grande distance, dans l'Isère, en Haute-Savoie, en Provence, dans le Comtat Venaissin, sur la Côte d'Azur et en Italie.
La vallée de l'Ubaye, site du plus fort séisme extensif des Alpes de la période instrumentale, est l'une des régions des Alpes internes les plus actives en séismes extensifs et de nombreuses failles normales, cartographiées sur le terrain, sont encore actives. Elle a connu, par le passé, des aléas sismiques de magnitude supérieure à 5.0 dont celui de Saint Paul sur Ubaye, le 5 Avril 1959 à 10 h 48 Temps Universel, 11 h 48 heure locale, magnitude 5.5 et intensité VII/VIII sur l’échelle Européenne EMS 98 à son épicentre, qui avait généré d'importants dégâts immobiliers et fait deux blessés. Suivant Rothé et Dechevoy, en 1967, « une grande partie des habitations de Saint Paul sur Ubaye avaient subi des dégradations importantes liées à ce séisme, mais son épicentre, l'instrumentation déployée à l'époque n'étant guère performante, n'avait pas pu être localisé avec précision. Il fut donc impossible de situer, à moins de 15 kilomètres près, la faille tectonique à l'origine de cet événement sismique. » Mais selon Fréchet, en 1978, « Les stations sismologiques distantes permirent néanmoins d'établir que ce séisme joua sur une faille Nord175Est, en mécanisme décrochant associé à une faible composante extensive. »
Ce séisme avait été suivi par un essaim de répliques qui s'est étalé sur plusieurs mois. D'après le réseau Sismalp « Plus que des séismes violents tels que celui de 1959, l’Ubaye est plutôt coutumière de crises sismiques dites en essaims lors desquelles l’activité sismique se manifeste, en un lieu bien précis, pendant plusieurs semaines, voire plusieurs mois, avec une succession de secousses de magnitudes variées, sans que l’on puisse être certain que la magnitude maximale ait été atteinte. » De fait, la sismicité de l’Ubaye est très capricieuse et il est impossible de prévoir le détail de l’évolution de l'occurrence épisodique de périodes intensément actives dénommées « essaims sismiques. »
Ces essaims diffèrent des successions d'un choc principal et de ses répliques en ce qu'aucun événement dominant n'initie l'activité sismique et que celle-ci croît et décroît irrégulièrement pendant plusieurs jours à plusieurs mois, sans motif récurrent, d'une crise à l'autre. Les foyers sont relativement profonds, maximum 7/9 kilomètres en moyenne et les chocs sont ressentis jusqu’à Barcelonnette et à Gap, voire à Guillestre, mais n'ont aucun effet dommageable sur les bâtiments. C'est ainsi que plus de 16.000 aléas microsismiques ont été enregistrés lors de l'essaim des années 2003-2004, autour de La Condamine-Châtelard, constitué de séismes de faible magnitude, magnitude maximum enregistrée ML 2.7, fortement ressentis localement du fait de la faible profondeur des hypocentres, - environ 6 kilomètres de profondeur -, se produisant, majoritairement, à l'aplomb du village.
Parmi les séquences d'essaims sismiques particulièrement importantes qui se sont produites depuis 1959, outre l'essaim qui a affecté la zone épicentrale de La Condamine-Châtelard, au cours des années 2003-2004, celle qui s’est déroulée entre 1976 et 1977 a été centré au Nord-Est de Saint Paul sur Ubayé, sous le Brec du Chambeyron. Les plus gros séismes de la séquence ont été associés au jeu de failles normales présentant une direction d’extension Est-Ouest et Nord-Ouest/Sud-Est à Nord-Sud. Toutefois, elles ne sont toujours pas clairement identifiées d'autant que des failles « tardives » comme les failles de Bersezio, de la Haute Durance, de Bouzieyas et du Ruburent intercèdent sur la récurrence des systèmes faillés perpendiculaires, orientés Nord-Est/Sud-Ouest, qui, les dégâts ayant été très faibles, à Saint Ours et à Larche, le long de la faille du Ruburent, auraient été le siège, - suivant Fourno et Dussouillez, en 2009 -, du séisme, de magnitude 5.5, épicentre Saint Paul sur Ubaye du 5 Avril 1959.
C'est à proximité de la zone épicentrale, autour de La Condamine-Châtelard, essaim sismique de 2003-2004, que le séisme du 26 février 2012, magnitude magnitude ML 4.5 selon le Réseau National de Surveillance Sismique, Mw 4.2 selon GéoAzur et ML 4.8 suivant le Laboratoire de Détection et de Géophysique, épicentre au droit du sommet dans la partie orientale de la Montagne de Parpaillon marquant la limite entre les communes de Saint-Paul-sur-Ubaye, La Condamine-Châtelard et Crévoux, - suivi de répliques et déclenchant un essaim, distinct de celui de 2003-2004 -, s'était produit. Depuis cette date environ 4.000 séismes, dont une quarantaine ayant des magnitudes comprises entre 2.0 et 3.6 -, ont été localisés dans cette zone du massif du Parpaillon.
L’épicentre du séisme du 7 Avril 2014 a été localisé à 5,5 kilomètres au Nord-Ouest de la Condamine Châtelard quasi à mi-distance entre cette commune et celle de Crévoux, à 8,5 km au Nord-Ouest de Jausiers et à 12 kilomètres au Nord de Barcelonnette, à 1,5 kilomètre au Sud-Ouest du foyer du séisme du 26 Février 2012. Il est à noter, d'une part, que depuis fin 2013-début 2014, une reprise de la crise sismique de 2012 se fait sentir dans l’Ubaye et, d'autre part, que l'extrémité Sud-Est de l’essaim 2012-2013 est contigüe à l’essaim 2003-2004. Selon GéoAzur, 2014, « Il existe à cet endroit, entre les deux essaims, une zone, en lacune sismique, située par 44.28° Nord et 6.42° Est, à environ 3 kilomètres à l’Ouest de La Condamine Châtelard, où pourrait se produire un séisme plus important. Cette lacune n’excède pas 2 à 3 kilomètres de long. » Certes l'auteur spécifie « il est peu probable qu’un séisme de magnitude supérieure à 4.0 s’y produise... », mais pourtant c'est vite s'avancer d'autant qu'en moyenne, tous les 15 ans, un séisme atteint la magnitude 4.8 dans le grand quart Sud-Est de la France et que l'estimation des périodes de retour, pour les systèmes de faille de Serenne, de la Vallée de l'Ubaye et de la Haute Durance sont de l'ordre de 130 ± 10 ans pour un séisme de magnitude 4.0 à 4.9, de 300 ± 20 ans pour un séisme de magnitude 5.0 à 5.9 et, période de récurrence dépassée, de 1.700 ± 50 ans pour un séisme de magnitude égale ou supérieure à 6.0.