Je viens de la ville de Longchuk au Soudan du Sud, où mon mari est soldat. Quand la guerre a commencé, il était à Malakal.
Au début des combats le 15 décembre, j’ai fui avec 5 de mes enfants mais je n’ai pas pu emmener mon fils de 13 ans. Quand nous avons commencé à courir avec mes autres enfants je ne savais pas où il était et je ne sais pas où il est aujourd’hui.
Cela nous a pris six jours pour rejoindre Pagaak où nous sommes restés pendant un mois et demi. Nous vivions sous un arbre, ne mangions que des fruits et buvions de l’eau de la rivière Baro.
Il fait très chaud ici. L’un de mes enfants est mort après que l’on ait quitté le camp de réfugiés le 14 mars, Il avait 3 ans. Il est tombé malade, a eu la diarrhée et vomissait sans arrêts. Nous avons brulé son corps à l’arrière du campement.
J’avais 6 enfants, maintenant il ne m’en reste plus que 4.
Les enfants qu’il me reste ne rient plus. Ils ne jouent plus avec leurs amis. Ils restent assis dans notre tente toute la journée, ils me demandent où est leur grand frère et ce qui est arrivé à leur petit frère.
ACF nous distribue un mélange de céréales (maïs et soja). Mon fils d’1 an n’aime pas ça, mais les autres aiment beaucoup.
Quand je suis venue à la tente réservée aux mères et leurs enfants d’ACF, j’ai pu oublier un peu ce qui m’est arrivé. Mes enfants aiment aussi venir pour s’amuser avec les jouets. J’ai aussi appris qu’en lavant mes enfants et leurs habits avec du savon, ils ne tomberont pas malade (elle fait référence au Kit pour bébés distribué aux mères par ACF).
Je ne connais pas le chemin mais si je pouvais, je laisserais mes enfants ici et retournerais au Soudan du Sud pour rechercher mon fils.
Je suis heureuse que vous m’ayez posé ces questions.