Manuel Valls devant l'Assemblée pour son discours de politique générale du 8 avril - LCHAM/SIPA
Réduction de moitié des régions en 2017, suppression des conseils départementaux à l'horizon 2021... Manuel Valls a voulu frapper fort pour son examen de passage devant l'Assemblée nationale hier après-midi. Peut-être même trop fort en proposant de "réduire de moitié" le nombre de Régions dans l'Hexagone. Il en existe actuellement 22 en métropole (26 au total), dont 21 dirigées par la gauche.La Fusion des régions se fera en deux temps: une phase de volontariat et en cas d'échec, par la loi "Les régions pourront proposer de fusionner par délibérations concordantes" et "en l'absence de propositions, après les élections départementales et régionales de mars 2015, le gouvernement proposera par la loi une nouvelle carte des régions", a expliqué le Premier ministre, soulignant que la nouvelle carte "sera établie pour le 1er janvier 2017".
La ministre de la Décentralisation Marylise Lebranchu, reconduite dans le gouvernement Valls, s'était prononcée pour "un maximum" de transfert de compétence aux régions mais a toutefois indiqué que le gouvernement ne pouvait pas diminuer leur nombre avant les élections régionales de mars 2015.
Le président de l'Association des régions de France, le député PS Alain Rousset, a salué "une réforme territoriale ambitieuse". Réduire le nombre des régions? "Je dis 'chiche Monsieur le Premier Ministre'. Mais, allons jusqu'au bout du raisonnement, en s'inspirant des modèles d'autres grandes démocraties européennes qui réussissent en s'appuyant sur des régions fortes".
Dans la foulée, le président PS de la région Bourgogne, François Patriat, favorable à un rapprochement avec la Franche-Comté, s'est déjà "engagé" à discuter. En Lorraine, le président de région Jean-Pierre Masseret (PS) a salué l'annonce du nouveau Premier ministre : "Cette perspective correspond à une exigence d'efficacité de la dépense publique" au service des citoyens.En revanche, le président de la région Alsace, Philippe Richert (UMP), a jugé mardi les propositions de réforme territoriale annoncées par Manuel Valls "complètement déphasées avec la réalité sur le terrain".
Mais l'autre idée évoquée, celle de la suppression "à l'horizon 2021" des conseils départementaux (ex-conseils généraux), c’est-à-dire la disparition du département en tant que collectivité territoriale pourrait faire encore plus de remous. "Je mesure l'ampleur de ce changement" qui "donnera lieu à un profond débat dans le pays", a-t’il convenu. "Ce sera un débat qui devra prendre du temps" a ajouté Manuel Valls, lançant aux parlementaires : "je sais compter sur les bonnes volontés de tous les bancs".
Augurant de la complexité d'une telle réforme, le président de l'Assemblée des départements de France (ADF) Claudy Lebreton (PS), du même camp que Manuel Valls, s'est aussitôt dit "abasourdi". "Les départements mettront tout en œuvre pour démontrer la pertinence de leur existence pour nos concitoyens" a-t’il averti dans un communiqué. "On est tous assommés! à la fin du discours, avec mes collègues de l'Oise, du Doubs, de l'Ain, nous étions incapables d'une réaction. C'est l'effervescence au Sénat", avouait hier soir le président du conseil général de la Charente à La Charente Libre.Même son de cloche chez Dominique Bussereau, qui se dit "beaucoup plus réservé" sur la suppression des départements. "Les grandes régions créées seront éloignées des petites villes. Le département reste donc l'échelon pertinent de solidarité territoriale et sociale." Ces réformes, exceptée celle sur les conseils départementaux, sont mises en musique dans un projet de loi qui devrait être présenté en Conseil des ministres début mai, a-t-on indiqué au cabinet de Mme Lebranchu. Une partition qui s'annonce particulièrement compliquée à interpréter.FG