Oui, mon exemplaire a un peu vécu :)
Le printemps un peu précoce me donne direct envie de m’allonger dans l’herbe avec un bon bouquin, au milieu des pâquerettes. Oui, Laura Ingalls, c’est moi, ou presque. Et si le titre en plus fait miroiter de l’optimisme, ça y est, c’est bon, vous m’avez définitivement conquise. Anna Gavalda, ça fait des années qu’elle fait partie de ma bibliothèque. Mais si! Souvenez-vous! Je vous en parlais à l’automne dernier pour son roman Billie.
Et ce que j’aime depuis des années chez elle, hormis sa plume, c’est qu’elle passe de la courte nouvelle au long roman en faisant des haltes parfois sur un entre-deux. C’est le cas pour La vie en mieux, qui se découpe en deux histoires bien distinctes et qui pourtant, dans leur thème, traite bien de la même chose : les choix de vie que l’on fait. Bien sûr en découlent plein de conséquences. Et avant même d’avoir tranché, il y a toujours les doutes, les renoncements, les coups de sang, et ce sentiment que je déteste par-dessus- tout : avoir le cul entre deux chaises (ça, la méchanceté gratuite, la torture, le cannibalisme, les chiffres et les lettres…). Tous ces états sont nécessaires et ne valent le coup d’être vécu que quand on a vraiment le sentiment de choisir où va sa vie. Facile à dire et à lire, pour le reste, vous connaissez la chanson…
Il ne sera donc question ici que de choix, mais attention pas juste décidés entre soi et soi-même. Le moment auxquels ils interviennent et sous l’impulsion de quelles rencontres, paroles, situations importent énormément. Un choix ne sera bon que parce que l’on avait fait le cheminement intérieur sans le savoir et qu’un truc extérieur sera venu révéler le tout. Et paf ! Les choses s’enclenchent. La vie quoi !
Et là-dessus, Anna Gavalda réussit deux très belles histoires. Suffisamment travaillées pour nous permettre de dépasser le quotidien, tout en restant assez réalistes pour s’identifier. D’un côté , Mathilde, jeune parisienne un peu paumée entre abandon d’ études, taf au black, envie de s’amuser, beaucoup d’alcool et au final pas de but. Elle s’enlise petit à petit, n’arrivant pas à se construire adulte et à suivre un moule qu’elle croit être la vie. Elle ne décollera de tout ça que quand elle fera son propre chemin, à bicyclette, vers un homme bien particulier… Et Yann, la vingtaine, qui aidant un voisin à monter un meuble, va déménager sa propre vie entière en 24 heures… Pas besoin que vous en sachiez plus, le plaisir est dans l’inconnu de chacune de leurs pages.
C’est encore Anna Gavalda qui vous les présente le mieux : « Deux histoires. Deux histoires de jeunes gens de notre temps, repus, mais affamés, polis mais enragés, qui préfèrent encore prendre le risque de se tromper de vie plutôt que de n’en vivre aucune ».
Roseline
La vie en mieux, d’Anna Gavalda, aux éditions Le Dilletante, mars 2014.