En ces temps de célébration de la Grande Guerre, nous ne pouvions pas traverser la Picardie et ses champs de batailles de la Somme sans faire une halte à Péronne, où se trouve l’Historial logé dans le château.
Dès l’ouverture, ce matin, beaucoup de monde, et en particulier des groupes de jeunes allemands. Ils prenaient des notes, dans la plus stricte discipline. Et il est vrai que les explications sont données en trois langues : Allemand, Français et Anglais. Car sur ce territoire se rencontrèrent des millions de jeunes soldats pendant quatre longues années.
Le musée rassemble des milliers de documents : affiches de propagande, caricatures, photographies, objets exhumés, paquetages complets reconstitués : l’uniforme du soldat français de 1914 et son décalage patent avec l’équipement du soldat allemand : absence de casque, équipement léger, pantalon garance. On voit combien cet équipement de base se complexifie avec la poursuite du conflit pour atteindre 30 kg à la fin de la guerre. Les couleurs elles-mêmes sont explicites. La présentation des uniformes et des équipements, comme sur des hommes à terre, est particulièrement émouvante. Chaque armée a son propre style, mais chaque homme exprime dans les objets quotidiens, les mêmes besoins.
Admirer aussi, la série des cinquante eaux-fortes d’ Otto Dix (Der Krieg) présentée dans la salle centrale, qui constitue un témoignage unique sur l’horreur et l’absurdité de la guerre, en référence évidente avec les eaux-fortes de Goya. L’Historial de la Grande Guerre est la seule collection publique de France à conserver cette série rarissime.
Bien entendu, nous allons encore beaucoup entendre parler de cette guerre épouvantable en cette année de centenaire … et aussi de ses prolongements.
Comment imaginer que les rescapés de cette boucherie ont « remis le couvert » à peine plus de 20 ans plus tard ? Comprendre aussi que ceux qui avaient connu ce cataclysme étaient prêts à toutes les faiblesses pour sauvegarder une paix que le Chancelier du IIIème Reich ne voulait pas !
Pour les jeune d’aujourd’hui, gorgés d’images fictives et de combats virtuels, j’imagine que ces présentations réalistes et ces évocations cruelles ne sont pas superflues lorsqu’on voit combien la nature humaine et ses déviances violentes, chacun agissant au nom de ce qu’il croit être son bon droit, reprend facilement la pente dangereuse.
A cet égard, juste avant la sortie, on considèrera le tableau des pourcentages de « pertes » par nation engagée. Les plus forts taux sont ceux des petites nations non préparées à une guerre moderne (jusqu’à 36% des effectifs engagés pour la Serbie-Montenegro, la Roumanie ou la Bulgarie). Pour les grandes nations belligérantes, ce furent par millions que toute une génération fut anéantie.
Quel gâchis mortel. L’Europe en paye encore aujourd’hui le prix fort.
Château de Péronne B.P.20063 80201 Péronne Cedex - Tél. 03.22.83.14.18 - ouvert tous les jours