du Halal

Publié le 09 avril 2014 par Triton95

Gilles Kepel, avec Olivier Roy, est un grand connaisseur de l’Islam. Dans "93", il consacre un long chapitre au Halal. Il explique notamment ce paradoxe, que les islamistes les plus fondamentalistes sont opposés au Halal, et luttent contre la position des frères musulmans, lesquels, dans une visée plus politique, mettent en avant un halal rigoureux.

Pour les salafistes, le Coran n’interdit que le porc, car les musulmans peuvent manger des viandes d’animaux abattus par "les gens du livre" (les chrétiens et les juifs), il n’y a aucune raison d’aller au delà du Coran, c’est en quelque sorte "exagérer", ce qui n’est pas digne d’un bon musulman.

Les frères, souhaitent une application rigoriste qui aille au-delà des textes, et considèrent que l’animal doit être abattu selon un certain rite. Ils s’appuient sur le Coran pour expliquer qu’il n’y a plus de gens du livre en Europe, que les européens sont tous athées, notamment dans les abattoirs et donc qu’il convient d’effectuer des contrôles séparés, à l’instar de ce que pourraient faire les services vétérinaires de l’Etat, afin de certifier la viande Halal. Pour les salafistes, l’occident bien que n’étant pas dans une pratique religieuse ostensible, est quand même une terre chrétienne, du fait que la culture, même sans les rites reste chrétienne, et de même les lois et les mœurs. Pour les musulmans de la rue, le Halal est une sorte de bio, qui sans rigueur excessive, donne une identité aux pratiquants. Pour les frères, il faut instaurer un système rigoureux de certification.

Cette dispute recouvre en réalité une lutte pour le pouvoir, car chacun essaie de capter une communauté en offrant un plus d’intégrisme, les frères ont échoué avec le voile que l’Etat n’a pas autorisé dans les établissements scolaires, et qui est l’objet de la même polémique que le Halal, puisqu’il n’est pas forcément rendu obligatoire par le Coran. Ils ont essayé d’ouvrir un autre front politique et de lutte pour le pouvoir avec le Halal.