Manuel Valls a donc proposé d’accélérer le pas, singeant jusqu’à l’absurde les politiques souhaitées par tous les libéraux et le Medef réunis. Et c’est bien là l’essentiel, hélas. Pour le premier ministre, «la croissance ne se décrète pas» mais «se stimule», et pour y parvenir, il n’a rien trouvé de mieux que de préconiser une nouvelle baisse du «coût du travail» massive. A partir de 2015, les cotisations patronales à l'Urssaf seront « entièrement supprimées », tandis que les cotisations familiales seront abaissées en 2016 pour les salaires, «jusqu'à 3 fois et demi le Smic». Au total, le gouvernement Valls propose de baisser le «coût du travail» de 30 milliards d'euros d'ici à 2016 – sans la moindre contre-partie, cela va sans dire. Pour le premier ministre, cette mesure serait une «révolution». On croit rêver, mais non. Le patronat réalise ainsi le coup parfait: le pacte de responsabilité est confirmé et aggravé. Tout cela au nom de la «solidarité» et de la «compétitivité», deux mots pourtant difficiles à associer par les temps qui courent.
Nous savons maintenant à quoi nous attendre avec ce gouvernement. Au cadeau de 30 milliards d’euros donnés aux entreprises succède, donc, la volonté de compenser par une baisse des dépenses publiques de 50 milliards sur trois ans. Une saignée historique et terrifiante, qui va saccager un peu plus la France sociale… Ce mardi 8 avril, Manuel Valls a quand même reçu le soutien de sa majorité. Mais ne nous y trompons pas, il ne s’agit là que d’une confiance teintée de craintes, de dépits, pour ne pas dire plus. Pour beaucoup, cette «confiance» ressemble à un passage en force. Combien de temps cela va-t-il durer? [COMMENTAIRE publié sur humanite.fr, 8 avril 2014.]