Nous chroniquions ici il y a quelques jours le premier roman de Corinne Devillaire intitulé C’est quoi ce roman ? est paru aux éditions Thierry Marchaisse.
L’ayant bien apprécié, et étant curieux de nature, nous avons voulu discuter de sa création avec l’auteure, chose qu’elle a accepté facilement. Un entretien bien sympathique a lire ci-dessous.
Bonne lecture,
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Bonjour Corinne,
Vous venez de publier votre premier roman qui reçoit un bon accueil, en êtes-vous heureuse ?
Pour l’instant je n’ai eu que des bons retours. Je ne m’attendais à rien du tout, car je suis d’un naturel plutôt pessimiste et donc je suis très contente de ce qui se passe.
Il y a longtemps que vous aviez envie d’écrire ?
J’ai cette idée depuis toute petite, mais avoir envie c’est une chose, et s’y mettre un beau jour s’en est une autre. Et je suis arrivé à un moment où il fallait le faire car je ne pouvais plus attendre.
Comment vous est venue l’idée de ce livre ?
Depuis longtemps, je voulais raconter une histoire d’amour entre une très jeune fille et un homme beaucoup plus âgé qu’elle, et il fallait que quelque chose de fort interdise cette relation. En faisant mûrir cette idée, je me suis dit qu’il fallait que je parte sur des interdits soit de la société, soit de la famille, et je ne voulais surtout pas parler de l’inceste car ce n’est pas du tout mon propos.
Est-ce qu’il y a éventuellement un message que vous vouliez faire passer avec cette histoire ?
Un message, ce serait un peu exagéré de dire ça, mais s’il y avait quelque chose à faire passer, c’est que la il s’agit d’une passion amoureuse, un peu spéciale certes, mais comme dans toutes passions, il n’y a plus de règles qui vaillent. Il faut retenir qu’il n’y a vraiment plus aucune limite ni aucune règle ou morale quand on est dans une logique de passion amoureuse.
Une fois cette idée de base, le reste est venu facilement ?
Ce qu’il y a autour, ce n’est pas la première chose que j’ai « trouvée ». La toute première chose qui m’a intéressé s’était de raconter l’histoire, quelle qu’elle soit, de façon complètement éclatée. Je voulais la raconter de façon non chronologique, éventuellement dont on connaîtrait la fin des débuts, et dont on pourrait remonter à l’envers tous les aboutissants. Pas du tout dans une logique inversée mais dans une structure éclatée comme un puzzle. Je voulais m’amuser avec le lecteur, que ça lui demande un petit effort de lire le livre pour recoller cette histoire éparpillée.
L’histoire a-t-elle était écrite dans l’ordre ou le lecteur la découvre ?
Pas du tout (rires). Elle a été construite comme un puzzle. Pour l’exemple, la toute première scène qui a été écrite c’est celle dans la voiture entre Clotilde et Robert et dans le livre elle se trouve à quelques pages de la fin. J’ai tout écrit dans le désordre, même si à certains moments du processus il est arrivé que, sur deux ou trois passages, les choses ont été écrites dans l’ordre qui est celui actuellement dans le livre, mais pas souvent.
Cette manière d’écrire a-t-elle influencée l’évolution du caractère des personnages au fil de l’histoire ?
Le personnage de Malou et celui qui a le plus évolué en cours d’écriture. Au début, elle était beaucoup moins égocentrique et irritante. Les personnages sont un peu comme des marionnettes, au début elles tiennent encore aux ficelles et on en fait un peu ce qu’on en veut, et puis, plus on écrit, plus les marionnettes découpent les fils. Malou a fait cela, est en cours d’écriture elle est devenue ce personnage imbuvable qu’elle est aujourd’hui. D’autres personnages n’ont pas évolué sur le point psychologique par rapport à l’idée de départ comme Clotilde. Au départ, je faisais également parler Robert, le mari de Malou et très vite il m’a paru important qu’il ne parle pas un peu comme le chien. Comme il portait le même prénom et allez connaître un peu le même destin, il n’avait pas de raison de parler.
On dit souvent qu’un auteur met beaucoup de soi dans un premier roman, est-ce le cas pour vous ?
L’histoire fourmille d’anecdotes dont j’ai été témoin ou que j’ai entendu mais c’est tout, il n’y a rien d’autobiographique.
On évoquait le chien, cela fait une transition avec la couverture du livre et son titre, est-ce que vous pouvez nous expliquer comment il a été trouvé ?
Ce titre n’était pas celui prévu au départ mais il nous est venu en même temps avec mon éditeur. Nous avions les sous-titres des parties, qui sont tous des segments du texte et quand il a fallu trouver le titre définitif du livre on s’est dit qu’il était dommage de ne pas suivre cette logique. Mon éditeur, sachant a quel point le plus important pour moi c’était la manière dont l’histoire était racontée, il nous es venu l’idée de choisir cette phrase que prononce Malou au début du livre quand elle voit arriver son fils : « c’est quoi ce roman ? ». C’était vraiment le titre qu’il fallait, car il est drôle, il interpelle, c’est un passage du texte et pose une vraie question, c’est quoi ce roman qui fonctionne de manière polyphonique, avec des temporalités différentes et avec des personnages s’exprimant sur des supports différents.
Le bel accueil de ce premier livre vous a-t-il donné l’envie de recommencer prochainement ?
En fait j’en avais déjà écrit un deuxième, avant même que celui-ci ne soit édité. J’espère qu’il plaira à l’éditeur car il ne l’a pas encore lu et qu’il aura le même accueil positif.
Le Mediateaseur remercie Corinne Devillaire de bien avoir voulu discuter de ce son premier livre C’est quoi ce roman ? publié aux éditions Thierry Marchaisse avec nous.