Putain.
Ouai, putain.
Je ne savais pas commencer cette chronique. A l’école de journalisme, on m’a toujours dit qu’il fallait une phrase d’accroche. Un truc qui te donne envie de lire. Comme j’en trouvais pas, j’ai préféré commencer mon babillage avec un mot. Putain. Celui que j’ai lâché quand j’ai terminé d’écouter Ecran Total de Mustang. Et je suis sûre qu’il t’a accroché pas vrai ? Maintenant, tu peux lire la chronique. Ecran Total c’est le troisième album de mes Auvergnats préférés (devenus Parisiens depuis). Les albums précédents m’avaient littéralement obsédés. J’ai usé jusqu’a n’en plus pouvoir Tabou, en témoigne la grosse rayure au milieu du cd. Oui, j’écoute encore des cds. Ma question est, maintenant : y’a-t-il un terme plus fort que l’obsession ? Parce que cette troisième galette a largement dépassé l’obsession. Ecran Total est sorti lundi 31 mars (nous sommes le 8 avril) et depuis ce jour-là il occupe chaque parcelle de mon cerveau. Tellement que j’en suis à me demander s’il n’y a pas une espèce de drogue, un son subliminal caché dans les synthés qui te force, inconsciemment, à écouter en boucle les chansons. Encore et encore. Quand on n’est pas lassé au bout de la 17è écoute, alors ça veut dire qu’on tient entre ses mains un grand album. Et Ecran Total est un grand album. Ouai, carrément. Même s’il passera inaperçu ce ne sera pas de la faute des garçons mais 1) des pseudos rockeurs qui se prennent trop au sérieux pour oser écouter autre chose que du rock couillus de hipsters 2) les autres connards qui n’auront pas fait l’effort de dépasser le préjugé qui les poursuit depuis le premier album et cette connerie d’étiquette "de bébés rockeurs".
Pour te parler d‘Ecran total, je pourrais faire comme mes certains de mes confrères adorés que je ne citerai pas, utiliser une formule imagée pour te décrire la galette : Mustang en a sous le capot (easy), Mustang lâche les cheveux (encore plus easy), je pourrais dire aussi qu’une fois de plus, le trio ravive le feu sacré du rockab’. Mais non. Parce que je trouve que la formule jeu de mots, c’est nul. Mais aussi réduire Mustang a du rockab’ c’est réducteur et on n’a déjà dépassé ça depuis le premier album.
C’est vrai que Mustang cultive le côté sixties, très Grease dans l’âme et aussi dans vocabulaire. Tout y est : le perfecto, le pento, l’envie de se taper des bimbos, les bastons, le loser magnifique. MAIS, musicalement, ça va quand même chercher un peu plus loin. Oui, il y a les riffs très sixties, la dynamique, l’esprit. D’ailleurs, Jean Felzine n’a jamais caché son amour pour Elvis. En même temps, qui cacherait son amour pour l’immense Elvis ? A cette base rockab’, le groupe ajoute des soupçons krautrock voire new-wave. Un mélange des genres frappant notamment sur "Coup de foudre à l’envers" ou le rock’n’roll américain rencontre l’électronique allemande. Et ça fonctionne. Certes, il y a deux trois chansons avec laquelle j’accroche moins. Ca arrive même sur les meilleurs disques. Cependant chacune des chansons possède un je-ne-sais-quoi qui la rend irrésistible. L’écriture du "Sens des Affaires", la rythmique d’ "Ecran Total", l’ouverture géniale avec "Oiseaux Blessés", la mélodie langoureuse sur "Des filles qui dansent" (coup de coeur n1), la ballade pseudo-romantico-morbide de "La Mort Merde", le côté country-rock de "Mes Oignons" (coup de coeur numéro 2)Surtout. SURTOUT, ce qui rend l’album aussi intéressant c’est sans aucun doute la plume géniale de Jean Felzine, l’un des meilleurs paroliers actuels. Bref, t’as qu’à écouter et tu te feras ton propre avis.