En effet, après un paquet d’EPs tous très percutants et qui ont petit à petit installé Todd Terje sur la scène musicale de ces dernières années, le passage à l’album, fortement risqué pour lui, est franchi tout en conservant son style frais, enjoué, coloré et, surtout, toujours humble.
Ainsi, et malgré le fait que quatre des douze titres avaient déjà été publiés auparavant, It’s Album Time réussit a créé un ensemble cohérent de bout en bout, sans jamais donner l’impression d’un remplissage autour de ses titres déjà connus et reconnus. De même, à aucun moment Todd Terje n’a cherché à réitérer la grandeur de titres déjà devenus des classiques, ce qui aurait pu alourdir considérablement l’album, et cela même si certains l’attendaient probablement.
Donc, et fort logiquement, le sublimissime « Inspector Norse » figure sur la tracklist, relégué en dernière position car, de toute évidence, le Norvégien se doute bien qu’il a maintes et maintes été entendu par quiconque ira écouter le disque. De même, les deux versants de « Swing star », présentes sur l’EP Inspector Norse, n’ont pas non plus été laissées au placard et se retrouve dans la seconde partie. Enfin, « Delorean dynamite », publié en amont de l’album il y a quelques mois est, quant à lui, dans une position stratégique plus avancée.
Tout autour, et comme vous pourrez le découvrir sur le Soundcloud de l’artiste, une superbe reprise du « Johnny and Mary » de Robert Palmer ravira tout le monde. Surtout, cerise sur le gâteau, avec la présence de Bryan Ferry au chant. Une belle surprise, dont le goût exquis, lui, ne l’est finalement pas une seule seconde.
Dès la liminaire introduction, le son est efficace, l’ambiance posée, sereine, et en même temps, sans ambiguïté aucune, Todd Terje déclare ses intentions. Bien sûr, je ne manque pas de remarquer pendant cette courte minute trente que le style de ses compatriotes Röyksopp semble l’habiter, ou alors, très simplement, il s’agit là d’une sorte d’hommage. Discret, mais remarquable.
« Leisure suit Preben » continue très légèrement dans l’ambiance du duo norvégien qui sévit maintenant avec succès depuis 2001. Malgré tout, d’autres similarités sont perceptibles avec, je trouve, le style de la Canadienne Grimes. Est-ce volontaire ? Ou alors ces rapprochements sont-ils l’effet d’un avis encore prématuré sur l’œuvre de Todd Terje ? En forme de réponse à ce titre, « Preben goes to Acapulco » débarque.
« Svensk sås » est rythmé, grâce à une inspiration clairement insulaire et festive. Entre la Scandinavie et les Caraïbes, sachez-le, il n’y a pas forcément une si grande distance (écoutez le groupe suédois Korallreven…). Confirmation de la grande forme festive de notre ami, « Strandbar », déjà connu car sorti dans plusieurs versions dont une samba et une disco, nous délecte d’un piano splendide. Le seul souci de ce titre, et donc de l’album, qui est dès lors un premier constat négatif : It’s Album Time donne envie d’être partout ailleurs que chez soi pour en profiter !
« Alfonso muskedunder » ne va pas être celui qui gâchera la fête : mais, Monsieur Olsen est-il vraiment Norvégien ?! Ou alors, nous ne connaissons vraiment pas nos amis nordiques qui ont résolument le chand chaud !
Les titres se suivent, se ressemblent, se répondent, se complètent. Le space-disco « Oh joy » semble être un écho à « Delorean dynamite ». À noter, pour les néophytes, que si vous appréciez, vous devez alors très vite vous ruer sur Lindstrøm (qui a été remixé par Terje) et son chef-d’œuvre définitif Where You Go I Go Too.
En résumé, It’s Album Time with Todd Terje est un moment merveilleux, à passer avec qui vous voudrez pour en profiter à fond, avec un cocktail, les pieds en éventail. Mais même sans tous ces artifices, comme moi, vous planerez où que vous l’écoutiez.
Ah, mais c’est vrai, il y a aussi des îles en Norvège ! C’est donc ça leur secret !
(in heepro.wordpress.com, le 08/04/2014)
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