Christophe Martin est un de mes amis très chers et j'ai une chance inouïe de le connaître. C'est un artiste accompli qui sait lier ses deux passions : l'écriture et la musique. Ce fut donc avec plaisir que j'ai découvert sa dernière œuvre Le long de la voie ferrée (livre qui entre dans la cadre de ma Comète préférée). Que demande le peuple ? Rien, que du bon (et du beau) !
Ce recueil de nouvelle débute par une histoire où il est question de musique de rue, de vélo volé, de campement sauvage et de Stella (morceau de jazz connu des aficionados). Puis on enchaîne sur une révision complète de l'école de la République française (visitée et corrigée dans toute sa splendeur avec une mention spéciale pour les excellents La convocation, L'audience et La journée de formation, révélateurs du malaise enseignant, bringuebalé entre nouveautés pédagogiques (qui souvent ressemblent à s'y méprendre au Pédagogol cher aux journalistes du Canard enchaîné) et courbettes courtisanes). Puis, arrivent quelques saynettes de la vie courante où Christophe Martin explore l'âme amoureuse de son double littéraire ou l'humanité toute proche (Jennifer, Le long de la voie ferrée).
Désabusé par les nouvelles directive managériales de l’Éducation Nationale (son ministère de tutelle) où la politique du chiffre réduit un enseignant à un bloc horaire et déshumanise les attachements (professeurs sur plusieurs établissements, équipes perturbées voire dissoutes, classes plus chargées, moins d'encadrement adulte auprès de nos chers petits), Christophe Martin produit une écriture du quotidien, qui forcément traduit la dureté sociale actuelle. Sensible au travail d'Annie Ernaux, il décrit patiemment les belles rencontres, les altercations, les mesquineries faciles ou les petits bonheurs. Foncièrement réaliste, Le long de la voie ferrée paraît plus sombre et moins léger que son précédent Le nez de Rocheteau, sûrement lié à l'entrée de la réalité en littérature.
Éditions Saint Martin
Exemplaire offert et dédicacé par l'auteur (mais cela, vous le saviez déjà !)
et un de plus pour les challenges de Philippe (GN+ épithète) et d'Une Comète