L'iTALIENNE À ALGER À GARNIER

Publié le 08 avril 2014 par Popov

"L’italienne à Alger" fait partie de ces spectacles que Rossini jeune homme(n’attendant point le nombre des années et bien né) triomphant à la Scala ou la Fenice écrivait en quelques semaines parfois en moins d’un mois et qui sont à la Gazza Ladra ou autre Cenerentola comme des déclinaisons d’un modèle, produits de série qu’un auteur français , Henri Beyle, goûtait comme des friandises légères.

Le livret de l’Italienne est dans la mise en scène d’Andrei Serban(reprise ici à Garnier), prétexte à humour potache et anarchiste, post frères Marx. De l’ultra buffo avec un tyran (Mustafa Papatachi) plus proche d’un Khadafi bling bling que des beys d’Alger. La mise en scène est à l’avenant, criblée d’anachronismes (une armée de figurants culturistes pour incarner l’armée du musulman, des majorettes en rouge et vert pour figurer le nationalisme italien, un tigre et sa peau symbole de richesse usée ou fauteuil playboy en forme de lèvres pour séducteur ratatiné etc.).

Le casting lyrique est à la hauteur du tournedos rossinien. Avec tout d’abord un Ildebrando d’Arcangelo moins tonitruant en dictateur pervers que ses prédécesseurs dans le rôle de Mustafà.

 Vardhui Abrahamyan (qu’on avait adoré dans Jules César) remplace la diva boréale Vivica Denaux avec beaucoup de sensualité et une puissance vocale sereine.

Le ténor Antonino Siragusa tombé dans la marmite Rossini quand il était petit est parfait dans cavatines et cabalettes de Lindoro. Quant à Yassis Christoyannis, quatrième membre du quatuor, c’est un bonheur de Taddeo qui joue le rôle avec le talent d’un Monty Python et chante l’« imbroglio inextricable" de la fin du premier avec le regard assommé d’un John Cleese. Les décors et costumes de Marina Draghici sont à la fois burlesque et élégants. La mécanique est parfaitement huilée au service d’une musique elle même d’une précision d’horloger. Cette reprise est un bonheur de légèreté(malgré une direction musicale un peu molle) dans un monde trop sérieux.

L’ITALIENNE À ALGER

DRAMMA GIOCOSO EN DEUX ACTES (1813)

MUSIQUE DE GIOACCHINO ROSSINI (1792-1868)

LIVRET D'ANGELO ANELLI

EN LANGUE ITALIENNE