Ami lecteur, tu me vois aujourd’hui assumer un échec profond. Je ne lui plais pas. Vois-tu, c’est ce genre de gifle sociale comme on s’en ramasse de temps à autre, mais loin d’en avoir honte, loin d’en souffrir, loin de moi l’envie de me terrer dans un coin sombre, de me mettre en boule dans ma baignoire et d’y faire des balancements autistiques en écoutant Hélène Ségara. Non. J’arbore, devant toi, l’empreinte de main rougeâtre laissée sur ma joue avec une forme de fierté. Que veux-tu, l’échec de cette expérience m’inspire. Il me prend l’envie d’en tirer les gros trais (faute de tirer autre chose) et d’en faire, pour toi, une analyse par le présent article qui va nécessairement t’aider … parce que mine de rien, je n’ai aucun doute quant au fait que cela puisse (ou ait pu) te concerner. Pourquoi n’ai-je d’ailleurs jamais écris là-dessus ? C’était pourtant si évident. Je t’en veux de ne pas m’avoir réclamé cet article plus tôt, ami lecteur ingrat.
Voyons en premier lieu pourquoi tu ne lui plais pas.
Pourquoi je ne lui plais pas ? Je suis génial pourtant !
Ami lecteur, je t’ai trop longtemps menti. Tu as beau être doté d’une intelligence moyenne et être physiquement tolérable à l’œil, parfois ça ne suffit pas. J’irais même jusqu’à dire qu’aussi merveilleux, fantastique et canon que tu sois, parvenir à séduire une cible n’est pas nécessairement plié en deux sourires et trois œillades. La chose qui vous empêche, toi et ta cible, d’avoir des rapports sexuels torrides dans l’instant n’est pas (seulement) la présence de vêtements. Il se trouve que, manque de bol, ta cible est dotée, tout comme toi, de goûts, de préférences, de faculté de jugement et, comble de l’ennui, de libre arbitre.
Tu peux être séduisant pour certaines cibles et sembler être issu de l’union malsaine entre un cul de macaque et un blobfish pour d’autres. Tu peux être intéressant pour certaines cibles et chiant comme une rétrospective de Cortex pour d’autres. Tu peux être agréable pour certaines cibles et pénible comme un ongle incarné pour d’autres. Tu peux également être particulièrement laid, vide et relou, mais, là, considère qu’il te reste tes yeux bovins et creux pour pleurer et réjouis-toi.
Tu ne peux pas plaire à tout le monde. C’est le genre de rengaine pathétique de comptoir que tout le monde a en tête mais que trop peu acceptent pour réalité en leur for intérieur. Personnellement c’est un deuil que j’ai probablement fait avant de quitter la maternelle, mais qu’importe. Ami lecteur lent, il n’est jamais trop tard pour faire de toi-même un être entier et libéré des dictats insondables, obscures, présumés et muets imposé par d’autres.
Comment faire pour lui plaire ?
Je sais, tu as mal à ton égo, tu es frustré, tu voudrais bien que les choses changent, que ta cible ouvre des yeux différents sur toi. Tu voudrais bien qu’un beau matin elle se réveille avec une prise de conscience magistrale ; que dans son épiphanie, elle réalise à leur juste valeur les qualités innombrables de ta superbe personne ; qu’elle se dise « bon sang, mais ce John est merveilleusement extraordinaire, et j’ai la chance qu’il soit attiré par moi. Comment ne l’ai-je pas vu plus tôt ? Je m’en vais de ce pas lui prodiguer une fellation avec amour et dévotion ». Hélas ça n’arrivera jamais. A ce stade, les choses sont manichéennes. Considère que si ta cible ne te fais pas comprendre qu’il y a moyen, c’est qu’il n’y a pas moyen. Tout ce qui n’est pas clairement un « oui », c’est un « non ».
Donc soit tu lui plais, vous vous emballez et c’est pavillon/kevins/quadrupède. Soit tu ne lui plais pas et tu t’endors sur des frustrations qui grignotent goulument ton estime de toi, tu écoutes Hélène Ségara et occupe longuement la salle de bain.
Tu encaisses le coup, tu ravales ta crucifixion, et tu survis à ta déception. Fais-toi une raison : tu ne plairas jamais à l’autre.
Ok, je vais lui demander ce que je dois faire pour lui plaire
Tu arrêtes ça tout de suite ! Plus tu te saliras à ramper dans la boue en vue d’une miette d’attention de la part de ta cible, moins tu seras désirable de toute façon. Tu n’as pas l’affection que tu aurais pu espérer de la part de ta cible, certes, mais il te reste ta dignité. Aussi, si tu en as déjà perdu un peu en balançant ton intérêt pour l’autre pour ne rien avoir en retour, conserve le peu qui te reste avec une attitude digne. Encore une fois, penser que les choses puissent changer est illusoire ami lecteur, accepte les choses comme elles sont et fais-toi une raison.
Ok, je ne lui plais pas, mais comment je dois agir après ?
Tout dépend du moment auquel tu as pu constater que tu ne lui plais pas :
J’ai fait une déclaration enflammé de mon amour et je me suis pris un gros râteau
Si tu as mis ton cœur sur la table et que tu te l’es fait jeté en pâture aux lions … en d’autres termes si tu étais super-accro-grave-in-love, et/ou que tu t’es pris un râteau bien sale et bien violent après une déclaration d’amour enflammée, je ne saurais que trop te conseiller la lecture de l’article L’oublier, ou comment se sortir quelqu’un de la tête encore récemment plébiscité par des hordes de fans hystériques. Il faudra que tu mettes de la distance et que tu prennes soin de toi quelques temps. Ton égo est en convalescence et ton petit cœur meurtri aura besoin de quelques chansons d’Hélène Ségara pour s’en remettre. Enfin, souviens-toi de l’article eh merde je crois que je lui plais et garde à l’esprit que ta cible à qui tu as déclaré tes sentiments est probablement plus embarrassée que toi-même par tes sentiments dont elle ne sait que faire.
J’aurais bien volontiers copulé avec mais il/elle ne veut pas de moi
Que veux-tu, ami lecteur, certaines personnes ne savent simplement pas ce qu’elles ratent. Je me dois de te dire de faire un trait sur ce projet et de changer rapidement de cible. Ne perds pas du temps et de l’énergie pour un espoir vague et improbable.
Cependant, si tu as gâché une belle amitié avec cet aveu, dis-toi que tout n’est pas perdu : si votre amitié survit et quand cela est possible, garde toi tout de même cette cible initiale sous le coude, en jouant les béquilles par exemple. Il n’est pas impossible que, tôt ou tard, tu puisses tirer profit d’un moment de faiblesse pour arriver à tes fins.
J’ai rien tenté, j’ai rien dis, mais je sens qu’il n’y a pas trop moyen
Tu peux avoir confiance en ton instinct. Si tu sens qu’il n’y a pas trop moyen c’est qu’il n’y a surement pas moyen. Comme tu ne lui a rien déclaré, il te reste le loisir de ne pas encombrer ta cible de tes aveux dont elle ne saura que faire.
Si tu es fou épris, je te conseille de changer de cible et de t’éloigner de celle-ci quelques temps afin de préserver ton petit cœur fragile.
Si tu es modérément attiré, je te conseille de ne rien dire et de changer de cible et d’attitude. Mais la technique de la béquille peut éventuellement s’appliquer là encore.
Il y a, également, fort à parier que dans tous les cas, ta cible a bien vu qu’elle te plaisait. Donc à moins d’un changement radical, tu es déjà découvert.
Cependant, dans le cas où rien n’est dit, rien n’est avoué et où personne n’a mis ses couilles sur la table pour faire le point sur la situation, dis-toi qu’il est fort probable qu’à un moment ou à un autre tu sois pris d’un doute du type « et si en fait je lui plaisais ? ». Le fait de garder le silence crée un monde de possibles dans lequel tout est à vivre ou à accomplir, où l’espoir existe et où il t’est permis d’imaginer ce que tu veux. Où ta vie est un genre de paradoxe : tu lui plais et ne lui plais pas simultanément. Le rêve et l’imaginaire peuvent peut-être te combler, mais il y a un moment où il te sera possible d’ouvrir la boite et de voir si, à l’instar du chat de Schrödinger, tes espoirs sont bien vivants ou morts. Tu auras le choix entre la pilule rouge et la pilule bleue. Tu peux choisir de savoir, ou tu peux continuer de vivre dans tes illusions. A toi de voir.
Depuis que ma cible a compris qu’elle me plaisait, elle ne me parle plus
C’est bien normal, ami lecteur, tu l’embarrasses. Souviens-toi de l’article eh merde je crois que je lui plais. Tu y trouveras toutes les réponses que tu cherches pour expliquer son attitude.
L’autre me plaisait trop, je n’arriverai jamais à m’en remettre
Ami lecteur, il est possible que ta cible soit du genre rare et exceptionnel. Que l’avoir rencontrée soit le genre d’évènement unique qui te marque par la perfection et la beauté de l’être comme de l’instant. Mais tu ne lui plais pas. Et c’est surement, pour toi, un échec violent et difficile à surmonter. Cependant, garde en tête quelque chose d’important : plus l’autre est indifférent, plus il est attirant. Souviens-toi de l’article vouloir ce que l’on n’a pas. Vois-tu c’est aussi parce que ta cible ne s’intéresse pas à toi que tu y es accro. La nature humaine est ainsi faite.
Tu verras que neuf fois sur dix, ça te passera rapidement et que finalement, tu te demanderas même pourquoi ses dents de travers, sa tronche boutonneuse et son caractère bipolaire te plaisaient tant.
De toute façon je m’en fou, c’est qu’un connard/une connasse
Combien de fois n’ai-je pas lu ou entendu ce genre de réflexion débile de collégien prépubère … En vérité, certains animaux qui souffrent grognent et mordent. Va donc te faire soigner, ami lecteur frustré.
Après, je reconnais que tu n’es pas à l’abri d’un(e) con(ne), d’une chieuse, d’un bad boy ou d’un(e) COB. Mais dans tous les cas c’est trop tard, tu n’y peux rien, donc essaye de passer à autre chose.
Ok, merci the scientist, heureusement que tu es là
Je t’en prie, ami lecteur. Si tu veux me remercier, tu peux toujours me faire un chèque. Je te laisse avec ces derniers conseils pour occuper ton esprit loin du vide creusé par ton égo anéanti, ou simplement pour passer le temps avant ta prochaine rencontre. N’oublie pas que tu pourras toujours :
-suivre ta cible discrètement dans ses déplacements,
-clouer un poulet mort à sa porte pour la séduire définitivement,
-fouiller ses poubelles,
-uriner dans ses fougères,
-écrire un article génial et criant de vérité basé sur tes aventures récentes,
-invoquer les esprits lors de la prochaine veillée sataniste pour te venir en aide,
-lui faire boire un philtre d’amour à base d’urine de porc démoniaque (marche aussi avec le GHB),
-appeler une chaine de la TNT pour faire une émission sur ton échec et ton désespoir afin de remonter dans son estime,
-acheter un chat.
Cette liste n’est pas exhaustive. Tu peux l’enrichir dans les commentaires juste en dessous, ou sur la page facebook du blog, ou encore via twitter (@singlexperiment), ami lecteur prolixe et connecté.