Le mardi au sein de cette rubrique vous allez découvrir dix portraits de pères. Des gens différents, des situations différentes, des galères, des joies, des concessions et du bonheur aussi. Merci à eux.
Pour ce second opus je suis allé voir un papa que je connaissais déjà, j’avais au sein d’une note évoqué cette rencontre puissante et dérangeante #distance. Focus sur Thierry (Créteil), 37 ans, papa de Manon 12 ans.
Thierry nous nous sommes déjà rencontré, je connais ton parcours, résume nous la situation.
J’ai 37 ans et j’ai rencontré une femme avec qui j’ai eu le désir de faire un enfant. Une petite fille Manon. Quand ma fille a eu trois ans la maman est retournée dans son pays d’origine. Depuis j’ai plus de nouvelle. Je sais que ma fille à 12 aujourd’hui je comptabilise 9 années de séparation.
Juridiquement rien à faire ?
Le pays en question c’est la Chine. Autant te dire que c’est compliqué et que l’ambassade a un mal fou pour m’aider. Des procédures je dois en avoir des tonnes dans mes archives, mais y’a rien, rien ne bouge, rien, je vais pas mentir je ne crois en rien en la justice actuellement elle ne pourra plus m’aider.
As-tu fait le déplacement là-bas ?
Bien évidement et plusieurs fois. J’ai tenté de mettre la main sur mon ex-compagne mais je perds sa trace à chaque fois. La belle-famille ne m’aide pas et je suis très mal reçu en général. La situation à souvent dégénérée d’ailleurs. Les autorités sur place prennent pourtant les plaintes, j’avais un peu la sensation d’être entendu et écouté mais rien n’a bougé, je ne sais même pas si elle est vivante. Mon dernier voyage remonte à trois ans.
Et les détectives ?
Ils perdent la trace car elle ne fait que bouger. Le dernier parcours que je connaisse remonte à deux ans. Aujourd’hui tout est suspendu car j’ai des gros soucis financiers à cause des nombreux voyages, des détectives et des frais juridiques. Je suis complètement bloqué, la famille aussi, cette histoire nous à tous mis dans une situation très délicate. Je souffre pour mes parents qui vieillissent et dont la situation ne fait que les tuer à petit feux.
En écoutant ton témoignage je me demande comment tu fais pour tenir, pour avoir encore l’espoir de la revoir et de la serrer contre toi.
Si tu savais. Ce n’est pas vivre c’est subir, c’est très différent. Depuis cette histoire j’ai perdu le goût, c’est un truc incroyable ça. Le corps lui aussi me dit qu’il n’est pas content. Les médicaments me tiennent debout et calme ma haine. J’aimerais bien arrêter pour tout défoncer mais j’ai besoin de dormir. Au tout début de cette histoire je n’ai pas fermé l’œil durant deux ans. Deux putains d’années à me réveiller toute les nuits. Je veux plus revivre ça.
Dans cet enfer que tu vis tu as déjà pensé… au pire ?
Plusieurs fois sans vraiment passer de l’autre côté. Je me dis qu’un jour je la retrouverais. Ma crainte c’est qu’elle va oublier mon visage, mon obstination pour la retrouver si ça se trouve elle n’en entendra jamais parler. De temps en temps je fini par me dire qu’il faut tourner la page, je tente de prendre quelques minutes de bonheur mais dans l’instant je plonge. Je sais pas combien de temps je vais tenir. Je suis un père avec des médocs pour ne pas penser. T’as vu ça c’est une putain de vie. Une putain de vie de père.