Eric Kennedy écrit à son ex-femme Laura. Lui qui s’est toujours présenté sous ce faux nom dévoile enfin sa véritable identité à quelques semaines du procès qui lui enlèvera définitivement la garde de sa fille. Ce qu’il veut dire à Laura, c’est qu’il est un bon père pour la petite Meadow, que leur petit voyage n’avait pour objectif que de passer plus de temps avec son enfant et non de l’enlever.
Le roman est centré sur la psychologie du personnage principal d’Eric Kennedy, alors qu’il est en pleine crise identitaire. Comment expliquer à quelqu’un que l’on a profondément aimé qu’on lui a menti pendant des années sur quelque chose d’aussi fondamental que son origine et son nom ? Dans une tentative désespérée de retrouver la confiance de son ex-femme (et la garde de sa fille), il va tenter de lui expliquer les raisons de ce changement d’identité, les tentatives d’aveux toujours repoussées et la confiance en soi que lui procurait ce nom prestigieux.
Schroder est un roman qui met en exergue l’amour paternel dans ce qu’il a de plus fort. Mais le père, déjà fragilisé, se laisse submerger par les émotions et tente de retarder la séparation d’avec son enfant, quitte à les mettre tous deux en danger. Et on se prend d’affection pour ce père qui sait la fin proche mais qui cherche les dernières étincelles de magie dans le regard de son enfant. Mais, dans un même temps, on a pitié de cet homme qui met ses dernières maigres forces dans une bataille qu’il sait perdue d’avance et qui s’enfonce de plus en plus, allant jusqu’au bout de son erreur.
Le récit de ce road-trip à travers les Etats-Unis se lit sans difficulté, le rythme est rapide et relativement constant bien qu’entrecoupé de notes de bas de page que l’on ne s’attend pas à trouver dans un roman. Car l’auteur (sous la plume d’Eric) y philosophe sur les diverses significations d’un mot ou de son absence, sans que l’on saisisse vraiment en quoi ces digressions alimentent le roman.
J’ai également trouvé un peu trop opportun le fait que la petite Meadow, âgée de 6 ans, soit considérée comme surdouée car cela justifie un discours et des tournures de phrases qu’aucun adulte n’utiliserait avec un enfant de cet âge.
En bref, un roman dont le fond ne m’a pas vraiment captivé mais intéressant sur la question de la construction de l’identité et de la part d’imaginaire qu’elle suppose.
Remerciement à Babelio et aux Editions Belfond pour cette lecture.
Schroder – Amity Gaige – Editions Belfond – 2014