Je parle rarement documentaires sur ce blog, car c'est vrai que si j'ai le choix entre une fiction et un docu, j'aurais toujours tendance à choisir le premier, pour la bonne et simple raison que je préfère à la vérité brute la matière fictionnelle, souvent plus prompte à me faire rever et vibrer.
Mais il arrive aussi que certains documentaires nous proposent des histoires aussi, et même plus belles et plus fortes que celles des fictions. C'était évidemment le cas avec "Sugar man", l'incroyable documentaire révélant Sixto Rordiguez à la face du monde, et c'est également le cas avec La Cour de Babel et Dancing in Jaffa, deux documentaires actuellement en salles en ce moment, et que j'ai eu la chance de voir ces dernières semaines.
Deux films qui ont plusieurs points communs, dont celui de se dérouler à l'intérieur d'un établissement scolaire- collège parisien pour l'un; écoles primaires israéliennes pour d'autres, et également celui de nous montrer à chaque fois que malgré les conflits et les drames en tout genre, il est possible de tisser des liens d'amour et de solidarité entre les êtres et les peuples.
Bref ,deux documentaires qui donnent confiance en l'être humain, voilà une belle occasion pour aller les voir au plus vite, n'est ce pas?
1. La cour de Babel : la classe internationale!!
Cette Cour de Babel, en salles depuis presque un mois, soit le 12 mars dernier, j'aurais pu le voir plusieurs semaines avant lorsque la réalisatrice Julie Bertucelli est venue le présenter à Bron lors du festival "Drôle d'endroit pour des rencontre" auquel j'avais assisté, mais c'est la seule avant première que j'ai snobé, toujours à cause de cette fameuse réticence à l'égard des documentaires sur grand écran. Quelques temps après, en regardant l'unanimité des critiques (presse et blogs) à la sortie du film, je me suis dit que j'avais fait une connerie, et je l'ai vite rattrapé en allant le voir en salles avant qu'il ne sorte.
Et j'ai eu largement bien fait, car, ce documentaire, qui est une plongée en immersion dans un collège d'accueil du Xe arrondissement de Paris est une très belle réussite : un film instructif, passionnant et surtout, chose essentielle à cette époque où on ne croit plus en énormément de valeur, un film qui donne encore de l' espoir sur l'humanité.
En effet, on voit que ces gamins venus des quatre coins du monde, ( Roumanie, de Pologne, du Sri Lanka, de Chine, d'Egypte, du Sénégal, de l'Ukraine du Brésil, du Chili...) qui débarquent dans cette classe d'intégration en plein Paris, dévoilent une vraie capacité pour apprendre ( ne langue dont ils ignoraient souvent tout), comprendre ( l'autre qui vient d'un pays différent) et partager des valeurs ou des connaissances propres.
Ces enfants possèdent également une vraie faculté de résilience car ils ont souvent vécus des épreuves assez terribles dans le pays d'origine, mais Julie Bertucelli ne s'attarde pas dessus, préférant largement opter pour le positif et arrive à insufler énormément d'empathie pour ces jeunes.
Une empathie que possède également l'enseignante Brigitte Cervon, assez formidable que ce soit avec ses élèves ou même les parents d'élève lors de rencontres parents- élèves, toujours très enrichissantes pour mieux comprendre le background familial de ces élèves; on y voit alors que certains semblent plus concernés et investis que d'autres..
Par petites touches sensibles et délicates, 'on découvre de plus en plus sur chacun de ces élèves, sur leur passé et leur présent, sur leurs peurs et leurs espoirs, leurs joies et leurs tristesses.
On s'attache ainsi bien vite à quelques un de ses enfants et on est heureux de voir que pour une fois, l'Education Nationale, si malmenée, est montrée de façon bien plus optimiste, en tachant d'offrir à chaque gosse les mêmes chances , et ce, même si cela ne parait pas évident à tout le monde. A l'une des élèves qui apprend qu'elle redouble s'énerve et qui, furieuse, rétorsque que "quand on est noir, on n'a pas droit aux mêmes chances que les autres", l'enseignante prendra le temps d'expliquer patiemment qu'il n'en est rien et que les décisions prises ne se fondent jamais ni sur l'origine ni sur la couleur de la peau.
Et quand arrivent la fin d'année scolaire et l'éparpillement de tout ce petit monde, que d'émotions et que de larmes, dans la salle de classe, bien sur, mais aussi dans la salle de cinéma ( on entendait pas mal les gens se moucher) !
Bref, cette Cour de Babel est une ode magnifique, drôle et émouvante ( à la fin de l'année, on a du mal à ne pas avoir quelques larmes aux moments des adieux) à la solidarité et à la fraternité, et qui, pour ces raisons, fait vraiment du bien!!!
La cour de babel - Bande annonce
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2. Dancing in Jaffa: le danseur qui fait exploser les préjugés!!
En effet, il était déjà le héros non pas d'un documentaire, mais d'une fiction, "Danse With me" où il était incarné par Antonio Banderas (la ressemblance ne saute pas vraiment aux yeux lorsqu'on le voit dans Dancing in Jaffa), et il essayait d'apprendre à danser à des adolescents américains en échec scolaire.
En effet Pierre Dulaine, qui vit aux USA depuis 30 ans est l'inventeur de ses " dancing classrooms" accueillant des élèves issus de tous milieux sociaux. Et devant le grand succès de ses classes, Dulaine a eu un autre projet encore plus fou et utopique, celui de partir à Jaffa, une ville d'Israël, où il est né et y a vécu jusqu'à l'age de 4 ans, pour faire danser ensemble des enfants juifs et palestiniens, et essayer, d’abattre, avec les armes qu'il maitrise le mieux, le mur apparemment indestructible qui sépare Israéliens et Palestiniens, juifs et arabes, en faisant danser ensemble les enfants de chaque camp.
Au final, 5 écoles, deux juives, deux palestiniennes et une mixte (je ne savais même qu'il existait des écoles mixtes là bas) ont accepté, après pas mal de discussions (qu'on devine plus qu'on ne voit), notamment avec les parents d’élèves, de tenter cette expérience a priori totalement illusoire. Une bonne centaine d'enfants ont ainsi suivi des cours de danse, à raison de deux fois par semaine, pendant plusieurs mois, sous la houlette de Pierre Dulaine, assez vite rejoint par " Madame Yvonne", sa partenaire depuis 35 ans qui lui apportera un soutien non négligeable.
Si la mise en scène d'Hilla Medalia, qui a souvent filmé autour du conflit israélo palestinien est un poil plus classique que celle de Julie Bertucelli, Dancing in Jaffa reste un documentaire enthousiasmant, par la passion, l'enthousiasme et l'énergie qui émane de ce type exceptionnel comme il y en existe peu dans ce monde. Et autant joué par Banderas, Dulaine semblait fade et peu crédible, autant en " vrai", le type possède un charisme qui imprime terriblement la pellicule.
Et grâce à ce charisme, son élégance, son intelligence et sa force de persuasion hors du commun, il va parvenir, petit à petit, à prouver à ces enfants qu'ils peuvent vivre ensemble, quelque soient leurs cultures et leurs religions et que la merenge, la rumba, ou bien encore le tango sont le meilleur moyen d'exploser et les préjugés entre ces enfants, malgré cette haine et cette méfiance de l'autre qu'ils ont appris dès la naissance israéliens et palestiniens.
Là encore, comme dans la cour de Babel, on s'attache à quelques enfants en particulier, notamment Noor, cette jeune fille un peu forte, toute en timidité et en complexes ( elle a perdu son père très jeune), qui va totalement se transformer et s'épanouir par le biais de la danse, et cette métamorphose met limite la larme à l'oeil...
Bref, un très joli documentaire, délicat et sensible, sur un personnage exceptionnel et qui nous tendrait à croire qu'un rêve de paix serait possible entre Israéliens et Palestiniens...
Bref, a dit que le documentaire ne pouvait pas nous faire réver et croire à l'impossible, autant que la fiction?
DANCING IN JAFFA - BANDE ANNONCE OFFICIELLE VOSTF
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