Editions Presses de la Cité - A paraître le 10 avril 2014 - 284 pages - 21 € - Pour l'acheter
- Résumé:
- Mon avis:
1912. Elspeth Dunn, poétesse de 27 ans vivant sur l'île britannique et coupée du monde du nom de Skye, reçoit un jour tout à fait ordinaire une lettre d'un admirateur de ses vers qui va changer sa vie. David Graham est un jeune étudiant américain en médecine de 21 ans, qui n'a choisi cette voix que pour suivre les pas de son père. En son fort intérieur, il aspire à bien plus d'aventures (livresques tant qu'à faire), loin du modèle patriarcal et de la vie bien rangée que sa fiancée lui apporte. Débute alors entre eux un échange épistolaire à travers lequel le lecteur peut découvrir les bouleversements qui vont intervenir dans la vie de ces deux êtres casaniers, Elspeth et David. Alors que la Guerre fait rage en Europe, le gouvernent américain traîne à y prendre part ce qui dérange bon nombre d'américains qui s'ennuient de la paix monotone qui règne dans leur pays. David fait partit de ceux-là et décide de tout plaquer, pour s'engager comme ambulancier bénévole sur les terrains d'affrontement en France. Ce départ pour une nouvelle vie lui donnera l'opportunité d'aimer le corps de celle dont il aimait déjà les mots et l'esprit à travers leurs lettres. Mais dans le contexte de la guerre, un rien embrase les tensions et déchire des familles. La relation entre ces deux amants des mots survivra-t-elle à l'éloignement dû aux combats et à la pression familiale?
1940. Margaret, jeune femme habitant Edimbourg rentre chez elle sous les coups d'un bombardement. Elle découvre une série de lettres au sol, adressée à une mystérieuse Sue et écrites de la main d'un certain Davey dont elle ignore tout. Ces lettres semblent appartenir à sa mère, Elspeth. Dès que cette dernière la surprend en train de les feuilleter, elle les lui arrache des mains. Margaret comprend l'importance que devait avoir ces lettres pour sa mère quand le lendemain matin, elle découvre qu'Elspeth a quitté sans un mot le domicile familial. La découverte de ces lettres par Margaret aurait-elle réveillé des secrets enfouis par Elspeth? Qui sont Sue et Davey? Auraient-ils un rapport avec son père dont sa mère lui a toujours caché l'identité? Elle va tout d'abord émettre ses doutes dans une correspondance adressée à son amant, Paul, parti au front avant de se lancer dans une quête auprès de sa famille maternelle pour retrouver sa mère et percer le mystère de cet échange épistolaire.
Jouant sur le contexte historique particulièrement animé du XXème siècle, Jessica Brockmole alterne habilement entre Première et Seconde Guerres mondiales, entrelaçant romance, quête d'identité, et description du quotidien en temps de conflit. L'on est vraiment plongé dans les tourments de la guerre de 14-18 dans les échanges entre Elspeth et David, avec le point de vue très intéressant et bien amené des américains et des anglais face au conflit. On peut se poser plus de questions sur la Seconde guerre. Elle ne semble pas changer grand chose au quotidien des britanniques, à part que les hommes ont été mobilisés. Dès qu'il s'agissait d'observer la peinture des tourments des différents personnages, de leur quête pour découvrir ou redécouvrir la vérité, on était emporté par l'histoire au point de tourner les pages sans plus même sans rendre compte. Pour cela, l'auteur a du talent. Elle a su allier fond historique et secrets de famille d'une main de maître. Par contre, quand on en venait aux lettres échangées par les deux amants Elspeth et David après qu'ils se soient avouer leur flamme, quel ennui! L'auteur a "gâché" son récit par des lettres niaises et profondément cul-culs que j'ai fini par sauter allégrement. Pourtant, Jessica Brockmole avait réussi à éviter de s'attarder sur de longues descriptions du décor et de l'action grâce à la forme de son récit, des lettres qui obligent à plus de concision et à se concentrer sur les sentiments des personnages. Mais elle s'est sans doute faite prendre au piège en ne trouvant pas le bon équilibre entre psychologie des personnages (je t'aime - tu me manques - je veux te revoir ...) et récit des faits.
Un passage particulièrement délectable dans ce roman? Quand Elspeth quitte pour la première fois son île de Skye pour Londres. Elle y découvre la civilisation, et surtout, surtout!, les librairies qui regorgent de livres à feuilleter! On imagine sans peine le plaisir qu'elle a dû ressentir, elle qui ne connaissait jusque là que ses champs et ses moutons. De plus, en grands amateurs de littérature, Elspeth et David nous offrent quelques pistes de lecture, comme Les Aventures d'Huckleberry Finn de Mark Twain, dont David est particulièrement friand.
En résumé, Une lettre de vousest un très bon moment roman, qui traite du sujet de la guerre de façon originale mais qui par la présence de la romance contentera bien plus les fleurs bleues que les amateurs de romans historiques !8/10