"Jean-Louis Borloo renonce à ses mandats pour raisons de santé"
… et donc, que la bénédiction de toute la classe politique sans distinction caresse la tête auréolée de bienfaisance – si ce n’est, oserai-je l’écrire, d’une extrême bienveillance envers l’humanité souffrante – de l’à-présent ancien patron de l’UDI et du Parti radical.
Louée soit sa sagesse et son sens des responsabilités. Il convient de saluer unanimement une décision "extrêmement noble", destinée à "faire en sorte qu’au-delà de sa personne, au-delà de la convalescence nécessaire pour lui, il puisse y avoir un fonctionnement du parti qui ne s’arrête pas au milieu du chemin".
Gloire ! Gloire à notre seigneur et maître en philosophie orientale, grand prêtre de la zénitude, gourou hors norme des masses de zélotes en quête du bonheur sur terre et de sérénité en politique non conventionnelle…
Il serait probablement fort malséant de ma part et du plus mauvais goût en pareille circonstance de rappeler en effet qu’il fut ministre sarkozyste, ce qui suffirait à plonger tout autre dans l’abîme du déshonneur.
Il serait probablement également très inconvenant de vous remettre en mémoire le fait qu’il ait fondé et dirigé – comme tout bon sarkozyste qui se respecte, à l’instar d’un Copé - un cabinet d’avocats d’affaires spécialisé dans le rachat d’entreprises en difficulté, comme celles de Bernard Tapie, dont il est l’avocat, et dont chacun peut mesurer tout le bien que notre bon peuple en pense.
On essaiera également d’oublier une petite erreur de jeunesse, qui le vit fondateur aux côtés de Brice Lalonde de « Génération Ecologie » en 1990… et le peu de résultats 15 ans plus tard en à la matière du ministre de ladite écologie. Qui ne s’en porte pas mieux après lui.
On mettra sous le tapis tout pareillement la naissance d’une brillante alternative aussi vite morte que née.
… Et comble de la malfaisance, on évitera d’autant plus de pointer la moindre action dans l’affaire Lagarde du Ministre Borloo et de l’avocat de Tapie, ce qui serait d’une ignominie sans nom.
Soyons donc plus charitables que notre réputation nous le commande, et laissons à ce grand homme finissant le privilège de ces petits vieux qui une fois parvenus dans le sanctuaire inviolable d’une maison de retraite bénéficient d’une indulgence singulière alors même qu’ils ont de leur vie plus active été moins glorifiés… Non, franchement, Monsieur Gédécé, il serait franchement regrettable – sous peine de céder à de la pure méchanceté – de remettre sur le devant de la scène son image d’alcoolique notoire, de dindon de la farce, de Colombo échevelé que les Guignols lui firent. Laissons lui plutôt tranquillement ressasser à présent, avec l’appui de ses laudateurs officiels, les bienfaits de sa longue et fructueuse carrière. Paix à son âme.