« Mon rôle en tant qu’expert urgentiste en eau, hygiène et assainissement était de mettre en place les infrastructures de base pour les structures d’ACF dans la zone de transit de Pagaak et dans le camp de Leitchor. Il faut fournir les centres d’accueil et de traitement mis en place par ACF, mais également les équipes qui vivent sur place. Le personnel a besoin d’eau potable, de points de lavage des mains, de latrines, etc…
En plus de cela j’ai réalisé une évaluation des besoins des réfugiés pour permettre de préparer et dimensionner un programme d’urgence pour les 34.000 personnes qui se trouvent à Leitchor. A l’occasion de cette évaluation, nous avons découvert à quel point les besoins en eau potable, assainissement et hygiène étaient importants
Cela fait 5 ans environ que je travaille sur des urgences humanitaires et j’ai vu d’autres crises avant celle-ci. Avant mon départ pour l’Ethiopie, j’étais à Bangui en RCA et encore avant, j’étais aux Philippines suite au passage du typhon Haiyan. Malgré mon expérience, j’ai été particulièrement frappé par la dureté de cette crise.
Les réfugiés sont en « très mauvais état », on sent qu’ils ont subi beaucoup de violences, qu’ils ont affronté un voyage éprouvant et qu’ils ont vu des choses terribles. Quand je parle de réfugiés, ce sont surtout des femmes enceintes et des enfants. Il y a beaucoup de jeunes femmes de moins de 18 ans. Tous sont malnutris, fatigués et en mauvaise santé. »
Une journée à Pagaak :
« Un dimanche matin, alors que je viens relayer les équipes qui ont besoin d’un peu de repos et régler un problème technique sur un de nos réservoirs d’eau, des personnes m’interpellent pour me montrer une jeune femme d’environ 17 ans, enceinte de 6-8 mois, inconsciente par terre. Après avoir vérifié qu’elle est vivante je la mets dans la voiture pour l’emmener au centre de santé qui se trouve à 60km de là. Juste avant de partir je suis à nouveau stoppé. Une maman me tend son bébé inconscient mais encore vivant lui aussi. Je les fais également monter dans la voiture et je rejoins le centre. De retour sur mon réservoir quelques temps après une autre maman vient m’apporter son petit garçon de 5 ou 6 ans qui est complètement raide, ce qui me fait penser aux symptômes de certaines graves maladies et je me dépêche de le conduire lui aussi au centre de santé de MSF.
Après ce dernier aller-retour j’ai terminé mon travail de réparation sur le point d’eau, mais cette journée illustre bien la situation des gens, ils sont vraiment dans un état terrible et leurs besoins sont considérables. »