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Génocide au Rwanda : Fallait-il ne pas participer aux cérémonies du souvenir ?
Publié le 07 avril 2014 par Pierre Thivolet @pierrethivoletOn y va ? On n’y va pas ? Finalement, la France sera présente à Kigali, mais sans y être vraiment puisqu’y sera seulement l’ambassadeur de France à Kigali ! C’est moche, et cette valse-hésitation la fout mal ! Ce qui s’est passé, il y a vingt ans, jours pour jours au Rwanda , est épouvantable, nous concerne tous, même à 10 000 kilomètres, même des dizaines d’années après, comme nous concerne tous la rafle des enfants juifs d’Izieu, il y a 70 ans jours pours jours. Même si les accusations du Président actuel du Rwanda, Paul Kagame, sont sans doute excessives (et puis, il n’est sans doute pas un modèle de démocrate), la France aurait dû participer aux commémorations de Kigali. Même si les tripatouillages de nos politiques africaines passées, nos ventes d’armes, nos formations militaires ont été ensuite utilisées qui peut en douter et pas seulement au Rwanda, pour commettre des massacres, organiser des répressions, perpétrer une élimination systématique d’opposants politiques ou de minorités dites « ethniques », la France aurait dû participer aux commémorations de Kigali. Et même si les atermoiements des dirigeants français de l’époque ont eu comme conséquence, un vide de plusieurs semaines, et cela a été suffisant pour massacrer 800 000 personnes, la France aurait dû participer aux commémorations de Kigali. Aux côtés des Belges, les anciens colonisateurs, aux côtés des autres représentants de la communauté internationale, qui tous, ont aussi leur part de responsabilité(s) dans ce qui s’est passé il y a vingt ans. Il fallait aller à Kigali ; Pas pour le gouvernement rwandais, et le rétablissement de bonnes relations avec l’actuel Président, mais pour les centaines de milliers de victimes du génocide, pour leur souvenir, pour la morale en politique, pour nos valeurs de démocratie, pour nous-mêmes finalement. Et Christiane Taubira, qui sait mieux que personne trouver les mots et les envolées lyriques, et aussi parce qu’en tant que guyanaise, elle est aussi la descendante d’esclaves, c’est-à-dire d’africains déportés pour aller travailler dans des exploitations coloniales françaises, aurait été une présence formidablement symbolique. Je regrette de ne pas pouvoir entendre ce qu’aurait pu déclarer devant les rwandais, devant la mémoire de ce génocide, devant l’Afrique, devant nos consciences, notre ministre de la Justice. ChristianeTaubira n’ira pas à Kigali. Dommage!
Nous vivons une e-poque formidable !