06 - 04
2014
Après des vacances d'été en Bosnie, une touriste Australienne, découvre que la petite ville de Visegrad, où elle a séjourné, a connu des heures tragiques 20 ans auparavant, elle y retourne en hiver...
NOTES.
Au départ, "sur le papier", comme on dit, la démarche ne me tentait pas beaucoup, une actrice dans son propre rôle dans le cadre du récit d'une histoire qu'elle a vécu, j'ai toujours du mal avec ces histoires vraies et fausses, fictionnisées, si l'on veut. Mais j'ai été séduite. Des images magnifiques, comme on en voit peu, une histoire racontée par défaut, une touriste parmi les fantômes de la guerre de Bosnie, je m'explique.
C'est l'histoire vraie de Kym Vercoe, comédienne, qui, au lieu de suivre ses soeurs aux îles Fidji en vacances préfère visiter la Bosnie. Dès le début du film, le procédé est que Kym se filme pour enregistrer une sorte de journal vidéo de son voyage depuis le départ de son appartement à Sydney. Là aussi, j'ai parfois du mal avec ce processus face caméra mais ici, cela s'intègre à une démarche artistique globale, ces monologues face caméra brossent en creux la personnalité, la psychologie de Kym : une femme libre, curieuse, obstinée.
Il y a deux voyages, le premier, en été, arrivée à Sarajevo, tourisme sans surprises un peu type routard, qui se termine par une visite de la ville de Visegrad dont Kim a découvert l'existence dans un guide papier écrit par un américain installé en Bosnie. Et, se basant sur le guide, Kim retient une chambre dans le plus bel hôtel de la petite ville : le "Vilina Vlas". Cette nuit-là, Kim ne dort pas, se sent mal..
Car il y a un sens du suspense dans ce récit.... Revenue en Australie, Kim fait des recherches sur Google et apprend qu'à l'hôtel "Vilina Vlas", était installé dans les années 90, durant la guerre de Bosnie, un "camp de viol" à destination des femmes Bosniaques musulmanes où notamment 200 femmes ont été violées et torturées. Choquée, Kim décide de retourner à Visegrad, cette fois-ci en hiver (le film démarre d'ailleurs par là).
TWITTER.
(2 avril 2014)
"Les Femmes de Visegrad" , des images magnifiques, 1 sujet fort, 1 touriste australienne parmi les fantômes de la guerre de Bosnie, à voir!"
photos Happiness distribution
ET AUSSI...
C'est un très beau film, les images sont superbes (été comme hiver, les deux saisons en symboles) et cette évocation des fantômes de Visegrad, par le seul effet de mémoire des atrocités commises à l'hôtel "Vilina Vlas", est particulièrement convaincante, le pouvoir infini de l'imaginaire, celui de Kim, celui du spectateur.
Par ailleurs, l'angle choisi de réaliser ce film, à la manière d'un docu-fiction avec un personnage principal impliqué, intriqué dans l'histoire, Kim, solitaire, marginale, intellectuelle, qui revit dans sa chair les atrocités commises il y a plus de 20 ans, donne beaucoup de relief et de possibilité d'identification pour le spectateur. Une implication passionnée qui ménera Kim jusqu'à l'obsession, apprenant la langue locale, enquêtant auprès des témoins du passé, jusqu'à ce que la police intervienne pour la prier de partir.
Troisième film de Jasmila Zbanic qui a remporté l'Ours d'or de Berlin en 2006 avec son premier film "Sarajevo, mon amour". En 2013, la cinéaste a réçu le premier prix "Femme de cinéma" au festival du cinéma Européen des Arcs. "Les Femmes de Visegrad" faisait partie de la sélection de nombreux festivals, notamment le festival de Toronto en 2013.
A mon humble avis, ce film n'a pas un titre fédérateur, "Les Femmes de Visegrad", un titre qui donne l'impression fausse que le film s'adresse plutôt à des spectatrices, ce que n'est pas le cas (lors de la projection presse, cela m'a frappée : il n'y avait quasiment que des femmes). Est-ce que "Visegrad", par exemple, tout simplement, n'aurait pas été meilleur?
Note CinéManiaC :
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Mots-clés : avant-Premières, cinéactuel, cinéma Bosniaque, Les Femmes de Visegrad, Jasmila Zbanic