La vie n’est ni nuit ni lumières de lune !
Etre artiste à Narbonne en 2014 c’est accepter de vivre au rythme d'un déni au quotidien de toute forme d’altérité. C’est un ressenti étrange, une perception « monobloc » de l’espace public dans cette petite ville de 52000 habitants. Le véritable espace politique, le vrai espace politique, celui qui établit dans sa construction vos relations à l’autre, cette fabrique constitutive et substantielle du quotidien est refermée, close, une entité publique terminée. Le fil social qui prend ses racines dans la diversité ou la pluralité a été brisé par une longue pratique de rupture par des pouvoirs locaux claniques qui ont travesti l’espace public en une amplitude achevée.
La circulation des processus sociaux qui offre une spatialité à des phénomènes émergents n’est plus intelligible et surtout accostable par le citoyen lambda. La libre circulation des idées est en retrait de l’évolution naturelle des enjeux de société et de territorialité dans cette ville de Narbonne. C’est le constat amer de ces élections municipales 2014, un passéisme culturel et social affecte lourdement la population narbonnaise en devenir, un devenir en souffrance, en souffrance d’appartenance, d’interdépendance, de réciprocité, et paradoxalement d’autonomie. La pénétration sociale des processus des échanges, de la pertinence des conflits, les mécanismes autochtones qui offrent de nouvelles perspectives à la population est laminée par un immobilisme sociétal affligeant. Des intérêts ultra minoritaires affairistes ont assiégés et pétrifiés l’émergence spontanée et autonome de la mise en acte de la pensée, du doute, de l’enchantement, de la nature des possibles.
Des interrogations sur les interactions et les répercussions des mutations des liens sociaux et surtout des clivages au sein de la population narbonnaise seront les enjeux politiques et sociaux des modes d’expressions culturels au sein d’une population dissociée et consignée. Les frontières des territoires individuels emmurées et confinées dans un espace social altéré et corrompu par une modélisation dissonante ne forment plus un corps significatif et constitutif de l’espace public et de ses usages ordinaires. Les lieux centraux de la sociabilité ont été monopolisés et confisqués depuis trop longtemps à Narbonne, la carence évidente d’espaces communicationnels au sein de la population qui font sens et qui structurent la cité a délabré et détérioré durablement la sphère publique. L’urgence est telle qu’elle affecte sa lisibilité et démontrera la fragilité réelle de l’action publique.
Lili-oto