Bouygues et Numericable étaient suspendus vendredi à la décision de Vivendi, qui à l'issue de trois semaines de négociations exclusives avec le cablo-opérateur, devrait dire s'il choisit de lui céder sa filiale de télécoms SFR, ou de prendre en compte la contre-proposition améliorée de Bouygues, dévoilée en fin de matinée. On le sait, Arnaud Montebourg, nouveau ministre du numérique, a déclaré qu'il serait très vigilant à cet égard.
Le conseil de surveillance de Vivendi se réunit en effet vendredi pour décider du sort de SFR, que le groupe avait initialement décidé d'introduire en Bourse dans le cadre de son recentrage sur les contenus et les médias, avant de recevoir d'alléchantes offres de rachat de Bouygues et d'Altice/Numericable.
Rappelons que les deux groupes mènent depuis début mars une lutte acharnée pour convaincre Vivendi de leur céder SFR, deuxième opérateur français. Alors que Numericable était en pourparlers avec Vivendi depuis de longs mois, Bouygues a publiquement annoncé son intérêt pour SFR, ce qui a amené Numericable à renchérir.
Mais, le 14 mars dernier, Vivendi a tout de même annoncé qu'il entrait en négociations exclusives avec le câblo-opérateur avec comme date butoir le 4 avril, sur la base d'une offre qui prévoit un paiement de 11,75 milliards d'euros pour Vivendi, ainsi que l'attribution de 32% du capital de la nouvelle entité.
Malgré ce camouflet, Bouygues n'a pas baissé les armes et a au contraire amélioré peu à peu son offre pour atteindre 15 milliards d'euros en numéraire, et 10% du nouvel ensemble pour Vivendi, dans une dernière offre annoncée vendredi matin et valable jusqu'au 25 avril.
Selon Bouygues, cette offre "valorise ainsi SFR pour Vivendi à 16 milliards d'euros avant synergies et 16,5 milliards d'euros en intégrant les 5 milliards d'euros de synergies sécurisées grâce aux économies résultant de la cession du réseau à Free".
Le géant du BTP a insisté sur la solidité de son offre indiquant qu'il a fédéré autour de son projet "des partenaires industriels et institutionnels qui investiront 2,85 milliards d'euros dans la nouvelle entité", notamment Axa, la Caisse des Dépôts (bras financier de l'Etat), GIMD (famille Dassault), JC Decaux Holding (famille Decaux), GIC (Fonds souverain de Singapour), le fonds de pension canadien OTTP, la famille Pinault et Reuben Brothers Ltd.
Bouygues laisse cependant encore le choix à Vivendi entre plus d'argent ou plus d'action en laissant sur la table une de ses précédentes offre, faite le 12 mars, qui impliquait que Vivendi reçoive 11,3 milliards d'euros en numéraire et 43% du capital du nouvel ensemble à naître de la fusion entre SFR et Bouygues Telecom.
Arnaud Montebourg, alors simple ministre du Redressement productif, n'a lui pas caché son soutien à l'offre de Bouygues, notamment parce qu'elle permettait de revenir à trois opérateurs mobiles sur le marché français.