Parfois je me demande si c’est moi qui vieillis et qui deviens plus sensible en prenant de l’âge. Il y a un peu de cela, très certainement.
Je crois également que je deviens moins con. Que j’ai le regard un peu moins dirigé sur ma propre personne, quoique j’aie encore pas mal de chemin à faire dans ce domaine ! Je n’écris pas ceci pour me lancer des fleurs, loin de là. Je n’ai aucune solution à apporter aux problèmes que j’observe. J’ai simplement l’impression de remarquer certaines choses qui, à une autre époque, m’auraient laissé indifférent ou, à tout le moins, ne m’auraient pas dérangé comme elles le font présentement.
Prenez par exemple cette nouvelle production cinématographique de très grande envergure (notez le sarcasme…) PMS Cop. L’accroche sur l’affiche du film dit : It’s her time of the month. (Traduction libre : Elle est dans sa semaine.)
L’histoire est celle d’une policière qui souffre de SPM extrême, ce qui la rend brutale et dangereuse. La femme va donc tester un nouveau médicament qui va l’aider à se calmer, jusqu’à ce qu’un incident dévastateur la voit sombrer dans une frénésie meurtrière sous l’effet du médicament.
Vous pouvez en lire davantage, et visionner la bande-annonce, en cliquant ici.
En tant que grand amateur d’horreur, je suis bien conscient que ce genre de cinéma regorge d’histoires plus abracadabrantes les unes que les autres, surtout les productions de cet acabit, dont le budget semble dérisoire. Mais, ceci étant dit, est-ce là une excuse valable pour écrire des histoires dérisoires et dégradantes pour les femmes ?
Lorsque j’écris « dégradantes », je le pense. La protagoniste du film peut bien sembler forte et vengeresse, elle n’est en fait qu’une victime d’une expérience pharmaceutique – en quelque sorte. De toute façon, là n’est pas le vrai problème. Ce qui me dérange, c’est le titre, l’accroche, le concept même. On se moque d’une condition bien réelle dont plusieurs femmes souffrent régulièrement.
Si je regarde la filmographie du réalisateur et auteur du film, Bryon Blakey, je remarque que ses autres films – tous sortis directement sur vidéo – ont en commun le thème de la vengeance et mettent en vedette des héros aux prises avec des problèmes psychologiques. Peut-être que Blakey est un homme sensible dont les scénarios traitent en profondeur de problèmes sérieux. Permettez-moi d’en douter. À voir la qualité de la bande-annonce, je m’attends plutôt à une merde qui aligne scène sanglante après scène sanglante. Ce qui ne me dérange pas en soi. Je me répète, mais c’est l’insensibilité du traitement qui me contrarie.
Vous me répondrez : « Oui, mais 99 % des films d’horreur sont violents et/ou insensibles envers les femmes ! » Hmm… oui et non. Certains le sont moins que d’autres. Et on dira ce que l’on voudra du fait que Sigourney Weaver a été obligée de parader en petite culotte dans Alien en 1979, son personnage de Ripley est une dure à cuire, qui ne s’en laisse pas montrer, et qui est capable d’éprouver des sentiments uniquement féminins (tout le thème de la maternité exploré à partir du deuxième volet, Aliens), sans que cela ne soit exploité à des fins risibles ou dégradantes.
Je regardais un film de 1981 cette semaine, Galaxy of Terror. Je l’avais vu il y a quelques années, sans en garder grand souvenir. C’est un film de série B, produit par Roger Corman, et qui copie Alien. Dans ce film, une femme se fait littéralement violer (et ensuite tuer) par un ver géant qui l’enduit d’une substance dégoulinante après lui avoir arraché ses vêtements. Et la plantureuse jeune femme se débat sous la créature. Devant ma télé, je me gratte la tête et je me demande : « Est-ce bien nécessaire ? »Est-ce moi qui vieillis et qui deviens trop sensible ? Les sujets traités avec légèreté et/ou indifférence par le cinéma d’horreur me tracassent de plus en plus. On parle beaucoup, ces temps-ci, de culture du viol, d’une misogynie ambiante dans notre société, d’une violence envers les femmes qui refait de plus en plus surface, et c’est malheureusement bien le cas. Et malgré tout l’amour que je porte pour le cinéma d’horreur, pour bien des raisons, je ressens un malaise grandissant devant des trucs navrants comme PMS Cop.
Notice biographique
Jean-François Tremblay est un passionné de musique et de cinéma. Il a fait ses études collégiales en Lettres, pour se diriger par la suite vers les Arts à l’université, premièrement en théâtre (en tant que comédien), et plus tard en cinéma. Au cours de son Bac. en cinéma, Il découvre la photographie de plateau et le montage, deux occupations qui le passionnent. Blogueur à ses heures, il devient en 2010 critique pour Sorstu.ca, un jeune et dynamique site web consacré à l’actualité musicale montréalaise. Jean-François habite maintenant
Peterborough. Il tient une chronique bimensuelle au Chat Qui Louche.