C’est l’autre « Louvre », posé là, sur le carreau d’une ancienne mine - la fosse Théodore Barrois N°9 – exploitée entre 1886 et 1980, au cœur d’un pays qui fut marqué par la rigueur sociale. Au milieu d’un parc dont les arbres encore frêles sont en fleurs avec des touffes de jonquilles caressées par le vent. Et au-dessus, le ciel toujours changeant, qui alterne aujourd’hui le bleu le plus pur au gris le plus dense.
Le bâtiment est d’une incroyable légèreté. On dirait qu’il cherche à rentrer dans la terre. De minces colonnes métalliques, des façades toutes de verre et d’acier irisé … Claude a tout de suite pensé au cadre du film « L'amour est un crime parfait » des frères Larrieu d’après le roman de Philippe Djian, qui a été tourné en grande partie dans le Rolex Learning Center de Lausanne. Et bingo, il s’agit bien de la même agence d’architecture japonaise SANAA.*
Un espace tout à fait convainquant que cette immense galerie du temps au sol en légère pente et en béton ciré, qui présente de façon simplement chronologique – et non plus par « départements » les œuvres emblématiques de chaque étape de l’histoire de l’art depuis les statuettes mésopotamiennes jusqu’au tableau « pompier » en diable d’Ingres « Œdipe et l’énigme » du tout début du XIXème siècle français. « La Liberté guidant le peuple » de Delacroix, est en voyage … Il faut bien financer tout ça !
Le résultat est éclatant : beaucoup de monde (le millionième visiteur a été accueilli en janvier dernier) de tous les âges, de toute l’Europe. Un parcours didactique, avec des explications spatio-temporelles cohérentes et accessibles – en trois langues. Une réussite artistique pour un pari « gonflé » tout de même. L’ensemble vaut le voyage, à un peu plus de deux heures de Paris.
Ce sont les accès du musée qui m’ont un peu déçue : peu de fléchage depuis l’autoroute, un cheminement pédestre très long depuis les immenses parkings partagés avec le stade Bollaert voisin, qui ressemble un peu à un boyau de tranchée (c’est l’anniversaire de 1914 …). Je me disais que les mineurs n’avaient pas beaucoup de chemin à faire pour s’adonner au sport depuis le carreau de la mine.
Quant au choix des œuvres, qui a dû être très difficile, il est rigoureux et laisse découvrir avec beaucoup d’espace et une lumière zénithale idéalement adoucie des merveilles sans doute entreposées jusqu’il y a peu à l’abri des regards et maintenant bien mises en valeur. La fréquentation du musée prouve que les critiques acerbes de ce concept, par les intellectuels purs et durs le trouvant par trop simpliste, n’ont pas beaucoup de sens.
Je mettrai des photos des oeuvres exposées demain !
*Kazuyo Séjima et Ryue Nishizawa ainsi que le maître d’œuvre la Région Nord - Pas-de-Calais ont reçu le Prix Equerre d’Argent pour cette réalisation architecturale en 2013.
Exposition La Galerie du Temps, au Louvre-Lens, rue Paul Bert, navettes depuis les gares. Entrée gratuite. Fermé le mardi, jusqu’à décembre 2017.