François Loncle au sénat pour recevoir sa Marianne d'or. (photo JCH)
Après la déferlante de la droite aux municipales qui a dévasté le paysage municipal en privant la gauche de centaines d’élus locaux, les affaires se présentent au mieux pour la droite au sénat. Cet automne, la chambre haute du parlement français va élire ou réélire 178 sénateurs et sénatrices. Les règles à calcul d’aujourd’hui laissent penser que la droite va redevenir majoritaire dans la deuxième chambre parlementaire française et Gérard Larcher, ancien président UMP, pourrait bien occuper le siège de Jean-Pierre Bel lequel avait avant le vote récent, décidé de se retirer dans ses terres du sud de la France. Cela veut dire que la droite, éventuellement majoritaire, va mener la vie dure au gouvernement et à la majorité de gauche de l’Assemblée nationale. Est-ce nouveau ? Certainement pas. La gauche, avant le dernier renouvellement, n’avait jamais été majoritaire au sénat. Jamais, cela veut dire jamais si bien que l’alternance était considérée comme un gros mot au Palais du Luxembourg. Il a fallu un concours de circonstances extraordinaires pour que la gauche prenne la présidence. Mais qu’en a-t-elle fait ? Pas grand chose dans la mesure où le Front de gauche (PCF et parti de Gauche) a souvent voté contre les textes proposés mêlant ses voix à celles de la droite. Autrement dit, le sénat n’a été majoritaire à gauche que le temps d’une élection pour élire son président et répartir les fromages. Car au fond, c’est bien ce que souhaitaient obtenir les alliés d’un jour : des fromages ou des parts de gâteau, comme on voudra, c’est-à-dire des groupes, des présidences de commissions, des voitures avec chauffeurs. Soutenir les propositions du gouvernement Ayrault, alors cela c’était une autre paire de manches. Je reste persuadé que Lionel Jospin avait raison quand il avait déclaré que le Sénat est anomalie. Cette seconde chambre du Parlement, jamais décisive, jamais décidée, est paraît-il un garde-fou raisonnable et sensé. Je crois surtout que ce sénat demeure une chambre conservatrice, arc-boutée sur une tradition de résistance au pouvoir de gauche. Le prochain renouvellement conduira à se poser, une nouvelle fois, l’intérêt de conserver le sénat dans son expression actuelle. A partir de l’automne, les projets de loi de la gauche souffriront des navettes, des seconds examens, des réunions de commission paritaire, de l’obstruction de la droite. Certes, l’Assemblée nationale aura le dernier mot mais les manœuvres de retardement empêcheront le gouvernement Valls d’accélérer le rythme. Ce n’est pas par hasard que l’expression « aller à un train de sénateur » a fait florès. On parle de supprimer des strates du millefeuille des collectivités locales pour faire des économies. Et si on commençait par supprimer le sénat ?