Borgman // De Alex Van Warmerdam. Avec Jan Bijvoet, Hadewych et Jeroen Perceval.
Borgman est un film étrange, difficile à cerner. Lors de sa sortie en France, il n’avait pas été très bien distribué et n’ayant pas eu la chance de le voir au cinéma à l’époque,
je me rattrape aujourd’hui. Car mine de rien, le pitch me donnait vraiment envie de voir ce film sans compter que j’étais heureux de retrouver Jan Bijvoet (déjà vu dans
Alabama Monroe). Sauf que patatra, ce n’est pas aussi bien que prévu. Le problème c’est que plus le film avance et plus celui-ci tombe dans les clichés du genre et surtout dans
les travers de la satire pas très bien ficelée. Justement, il y avait largement de quoi faire mais le film ne creuse jamais suffisamment et l’on se retrouve donc déçu. Dans une mixture embourbée,
le film n’a jamais de queue ou de tête et forcément, c’est un problème. L’histoire aurait très bien pu être sauvée par la mise en scène mais celle-ci n’est pas non plus très inspirée.
Alex Van Warmerdam fait quelque chose de très léché c’est certain mais rien d’extravagant ou de surprenant. Pourtant il y avait de bonnes idées, notamment d’un point de vue
purement psychologique où l’arrivée de Camiel Borgman fait ressurgir quelque chose chez les membres de cette famille bourgeoise d’apparence propre sur elle.
Camiel Borgman surgit dans les rues tranquilles d’une banlieue cossue, pour sonner à la porte d’une famille bourgeoise. Qui est-il ? Un rêve, un démon, une allégorie, ou l’incarnation
bien réelle de nos peurs ?
Le souci finalement c’est que dans cette histoire, on attend quelque chose qui ne vient jamais. Cela passe par exemple par l’angoisse qui ne monde jamais suffisamment car le film n’arrive pas à
choisir son camp. Tantôt celui de la satire et tantôt celui du thriller psychologique. Ce déséquilibre aurait pu être intéressant si seulement l’un était vraiment réussi et noyait complètement
l’autre. Sauf que c’est tout le contraire qui se passe et forcément, le spectateur ne sait pas du tout où donner de la tête. L’atmosphère est pourtant angoissante et c’est certainement l’un des
plus grands atouts du film. On ne sait pas du tout ce qui peut se passer d’une scène à l’autre. C’est ce qui rend la fin aussi surprenante qu’imprévisible. Mais même si je salue le fait que l’on
nous a baladé durant près d’une heure et demie sans que l’on ne sache réellement où allait Borgman, on se rend rapidement compte que finalement le film manque cruellement de
liant. Par ailleurs, il y a aussi un autre versant de ce film qu’il est intéressant de décrypter. Et si finalement Borgman n’était qu’un gros délire et qu’il fallait le prendre
comme ça.
On n’a pas vraiment de solution à la fin mais celle-ci est laissée au spectateur. Ce qui est tout de même ingénieux dans le scénario de ce film c’est de nous donner des pistes vers quelque chose
et puis tout d’un coup de les faire disparaître. Finalement, de cette satire je ne retiens pas grand chose si ce n’est que le postulat de départ était prometteur et que le film lasse bien trop
rapidement. Cette mélasse difficile à cerner m’a un peu ennuyé je dois l’avouer alors que pourtant le casting est plutôt convaincant. Mais l’ensemble est un peu fade, tout simplement. Peut être
que certains apprécieront le côté complètement absurde du film mais je crois que ce n’est pas du tout fait pour moi. Et puis franchement, même si j’adore Jan Bijvoet dans ce
film, son personnage manque cruellement de réponses. On ne sait rien du tout ce qui l’entoure et surtout pourquoi tout cela évolue dans cette direction. La bonne idée aurait tout de même été de
nous en dire un peu plus à son sujet vous ne pensez pas ?
Note : 4/10. En bref, une satire un peu lourdingue et pas toujours très passionnante. Dommage.
Date de sortie : 20 novembre 2013