Merci à tous pour les commentaires et mails reçus suite à mon dernier billet. Lecteurs et lectrices, connaissances perdues de vue, anciens collègues, amis pas encore prévenus, vos messages personnels ont été nombreux et m’ont apporté réconfort et soutien. Le printemps est là maintenant, c’est Man qui plante le jardin et on continue à avancer.
L’année avait pourtant vraiment bien commencé. Trop bien ? On dit chez les chtis qu’ « au bout ça retourne ».Découverte, histoire et gourmandise à Penang le 1er janvier ( avec un coup de coeur pour l’Eastern & Oriental Hotel, magnifique), tobogans géants et bougies d’anniversaire pour les kids le 2, et … inauguration de la première expo Une Fille en Chine à la bibliothèque de Canton le 9 aux côtés de Kiwo Créations, dans le cadre du cinquantième anniversaire des relations diplomatiques franco-chinoises. L’expo est terminée depuis le 16 février, mais je ne pouvais pas ne pas vous en parler.
J’ai cru rêver quand les responsables du département interculturel de la nouvelle bibliothèque de Canton nous ont proposé via une amie commune d’exposer quelques pièces de nos collections en ouverture de l’année du cinquantenaire, « if you are OK of course ». » Yes I am ! »
Ci-dessus la photo d’une vitrine dans laquelle j’ai mis tout ce que j’aime : couleur, convivialité, partage, rencontre des cultures, et lecture bien sûr, avec deux piles de livres français et chinois sous les vanitys. Un pur régal que de me balader dans les rayons de la bibliothèque aux heures de fermeture et choisir les auteurs à mettre en avant. Gide, Kundera et Simone de Beauvoir, qui ont marqué mes années de khâgne, Verlaine pour la poésie, Muriel Barberry pour son hérisson, Catherine Cusset pour le clin d’oeil aux copines, et Gide encore je crois. Je n’aurais pu rêver d’un meilleur endroit pour cette première expo : au milieu des livres, dans un tout nouveau bâtiment magnifique, ultra moderne et lumineux de Zhujiangxincheng ( littéralement nouvelle ville de la rivière des perles), quartier qui me tient tant à coeur. La bibliothèque a été inaugurée en décembre 2012, et rassemble 8 à 10 000 lecteurs par jour le week-end, avec des pointes à 30 000 pendant les vacances du nouvel an chinois.
L’ouverture du ‘festival franco-chinois » par le Consul Général de France qui conclu son discours en invitant le public à « parler français, lire en français, s’habiller français et décorer français (yes !) » était suivie d’une rencontre co-animée avec Isabelle, la créatrice de Kiwo Créations, au cours de laquelle nous avons présenté notre travail et son inspiration puisque nos deux marques sont marquées par la Chine et l’Asie. L’occasion de brandir des thermos émaillés d’origine ou des vestes Miao brodées et d’expliquer que tout c’est ça qui m’inspire : la culture chinoise, le « da hong » (rouge chinois) , les qi pao (robes chinoises traditionnelles), les noeuds, les biais, les fleurs, et que sans mon expatriation en Chine je serais sûrement encore en train de marketer des yaourts à Paris. « Because when I was a kid, I didn’t dream of becoming a designer. I definitly wanted to be a writer. But just in case, I also studied business ».
Il y avait une soixantaine de personnes dans le public, exclusivement chinois, avec une moyenne d’âge assez jeune et beaucoup d’échanges. Certaines questions ont été amusantes, telle la première, d’une étudiante : « Aurais tu une photo de comment tu était avant d’arriver en Chine ? – Pardon ? – Bin oui tu as dit que la Chine t’avait changée ! » (bah a part deux trois rides je suis quand même restée à peu près la même en photo !). Next please ? « Tu préfères Pékin ou Canton ? » Facile. Avant je préférais Pékin, et maintenant je préfère Canton. « La France ne te manque pas ? » » Avec mon plaid Paris-Pékin j’ai la Tour Eiffel tous les soirs dans mon salon. Reste juste à trouver un système pour la faire scintiller toutes les heures ».
Le fameux « Paris-Pékin », l’un de mes premiers plaids en cashmere et soie était pour moi la pièce maîtresse de l’expo puisque la plus proche du thème du cinquantième anniversaire des relations diplomatiques, mis en perspective dans une « conversation » avec le plaid « Hangzhou » et ses poteries chinoises, avec Gabrielle Chanel en modératrice sur la table basse. Nos interlocuteurs ont été globalement étonnés de voir que j’avais commencé Une Fille en Chine en travaillant exclusivement le « Dong bei da hua bu » (tissu à grosses fleurs du Nord-Est littéralement, autrement dit le tissu « Pivoines » ), qui représente ici l’ancien temps et une tradition révolue. « Mes grands-parents en ont reçu pour leur mariage ! » « Bin s’il vous reste un coupon d’époque tu sais où me trouver ! »
Un magnifique moment d’échange donc, beaucoup d’émotion, et je dois dire aussi une certaine fierté de présenter mes pièces Une Fille en Chine préférées dans un tel lieu, avec un public sensible à ma démarche de travail dans la tradition chinoise, y compris pour ce qui est de la fabrication puisque tout est fait main dans de petits ateliers indépendants menés par des femmes.
Un grand merci à la bibliothèque de Canton de nous avoir offert espace et visibilité, à Huang Ying pour la mise en relation et l’interprétariat, et au public qui nous a fait l’amitié d’assister à notre atelier et de nous donner son avis sur notre travail.