"Cleaner", dépouvu de style

Par Rob Gordon

Ça commence plutôt bien. Après l'atrocissime Pacte du sang, Renny Harlin semble avoir retrouvé la raison, et s'amuse à nous raconter le quotidien d'un serial cleaner. La mise en scène est appliquée, le sujet amusant, et l'exposition de l'affaire policière intrigante. Vingt-cinq petites minutes somme toute assez divertissantes, qui vont hélas donner suite à une heure d'ennui mortel et de totales conventions. On voulait voir un film sur un nettoyeur de scènes de crimes, et voilà qu'on nous sert un polar façon TF1 avec flics ripoux et secrets naphtalinés. Le réveil de Renny n'est pas pour aujourd'hui.
Le pire, c'est que le Renny d'avant, dont la carrière a atteint son apogée avec l'hilarant Mindhunters , était le roi du plaisir coupable et du second degré plus ou moins involontaire (plutôt moins, d'ailleurs). Mais voilà que depuis deux films, il se fait juste ennuyeux, lénifiant, comme trop vieux pour un cinéma de genre trop exigeant pour lui. Point d'éclats de rire dans Cleaner, rien d'assez excessif pour séduire, et même pas tout à fait assez de sang. C'est bien de la jouer "film sage", mais quand même. À la base, les influences du film semblaient être les excellentes séries Six feet under (avec, outre le thème de la mort qui rode, quelques personnages secondaires très très ressemblants) et Dexter (avec son héros qui se fiche du sang comme de sa première culotte). Cleaner n'a malheureusement ni le style, ni la profondeur, ni le léger voile de subversion de ces deux séries. Pour passer à ce point à côté d'un sujet en or, il fallait soit être complètement dépourvu de talent, soit l'avoir fait exprès. Et Ratner n'a plus tout à fait le bénéfice du doute.


3/10