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Rififi au patronat : Plus ça change, moins ça change !

Publié le 15 mai 2008 par Slovar

C'est par un Emailing laconique et peu chaleureux que la GCPME annonce la nomination de Geoffroy Roux de Bézieux à la tête de l'UNEDIC
"La CGPME prend acte de l'élection du candidat MEDEF Geoffroy Roux de Bézieux à la présidence de l'UNEDIC, ce qui permet à M. Liébus, candidat UPA d'accéder au poste de trésorier-adjoint. Elle leur souhaite plein succès dans une période si importante pour le régime d'assurance-chômage. A cette occasion, la Confédération a pu, à nouveau, constater le déséquilibre des voix au sein du collège employeurs (17 MEDEF, 5 CGPME) lequel ne reflète pas la réalité du tissu économique français constitué à plus de 95% de PME"
Qualifié « d'homme de marketing » par les média, Geoffroy Roux de Bézieux (qui a fait fortune avec la chaîne The Phone House), a été élu par le conseil d'administration de l'assurance chômage (Unedic) avec 20 voix du patronat sur 25.
Il a obtenu celle du Medef (17 voix) et du patronat de l'artisanat (UPA, 3 voix) face à Jean-François Veysset, 68 ans, déjà vice-président et qui briguait le poste au nom de la CGPME (5 voix).
L’AFP nous révèle en partie l’ambiance préalable au vote : « Après un mini-psychodrame sur les modalités du vote, il a finalement eu lieu à main levée »
"Il remplace Michel de Virville, secrétaire général de Renault, qui a démissionné le 1er mars dernier à la suite de l'affaire de la "caisse noire" de l'Union des industries et des métiers de la métallurgie (UIMM). Depuis cette démission, la présidence était assurée par intérim par Jean-François Veysset, vice-président de la Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGMPE)"
On comprend donc le dépit de la CGPME.
Curieusement : « L'élection de M. Roux de Bézieux a été facilitée par les syndicats siégeant à l'Unedic (CFDT, FO, CGT, CFTC, CFE-CGC, au total 25 voix) qui se sont abstenus. M. Roux de Bézieux n'a pas caché à ses interlocuteurs qu'il débutait, mais "ce n'est pas rédhibitoire", a jugé Annie Thomas, vice-présidente CFDT de l'Unedic. "Sa personnalité dynamique de jeune chef d'entreprise peut être utile", a-t-elle ajouté, tandis que la CGT a promis de "juger aux actes, pourvu qu'il se mette rapidement à la page" » Source AFP
Conclusion : Peu compétent sur le sujet mais la CFDT (admirative) aidera !!!
Frédéric Saint-Geours, le président de l'UIMM, de son côté a déclaré "le schéma en train de se mettre en place ressemble plus à une étatisation qu'à un organisme équilibré, c'est une vraie inquiétude" Source AFP
Cette remarque doit-elle faire penser qu’il existe une collusion entre le MEDEF et le gouvernement ? Il faut nous en dire plus M. Saint-Geours !!
Cette élection est somme toute une juste récompense pour M. Roux de Bézieux puisque Croissance Plus écrivait le 2 mars 2008 : "CroissancePlus soutient à 100% la demande de transparence et de réforme exprimée par Laurence Parisot, Présidente du MEDEF, suite aux révélations dans la presse sur la prime de départ et la prise en charge d’éventuelles sanctions financières de Denis Gautier-Savagnac.
En effet, convaincue depuis longtemps que transparence et éthique sont indispensables non seulement dans les entreprises mais aussi dans les organisations patronales, Croissance Plus milite donc pour que ces organisations représentent véritablement et mieux l’ensemble des entreprises françaises ... / ... "
Puis le 10 mars 2008 : "Dans ce cadre, le Comité directeur de CroissancePlus a décidé de proposer la candidature de son Président, Geoffroy Roux de Bézieux, auprès du comité de sélection des mandats du MEDEF pour le mandat de Président de l’UNEDIC, récemment libéré par la démission de Michel de Virville.
« Je soutiens à 100% Laurence Parisot dans sa demande de rénovation et dans sa volonté de remise à plat de l’attribution des mandats, basée sur la compétence et non sur l’appartenance. C’est pourquoi j’ai décidé de saisir cette opportunité d’ouverture et me présente à la présidence de l’UNEDIC. Je souhaite que ma candidature à ce mandat soit suivie d’autres candidatures de chefs d’entreprise de CroissancePlus à d’autres mandats », déclare Geoffroy Roux de Bézieux"
Déclaration "d'amour" ou connivence ? Sur le dos de qui et au profit de qui ?
Dans un communiqué officiel, la CGPME a "pris acte", tout en pointant "le déséquilibre" des forces et en soulignant implicitement le marchandage auquel a donné lieu l'élection de M. Roux de Bézieux, "qui permet à Patrick Liébus, candidat UPA, d'accéder au poste de trésorier-adjoint". Jean-François Veysset n'y va pas par quatre chemins : "Nous avons assisté à un véritable acte de terrorisme de la part des représentants du Medef"
Chauds les marrons !!!
Geoffroy Roux de Bézieux n'est pas un inconnu puisqu'il dirige depuis 2005 l'association d'employeurs « CroissancePlus » , ( à laquelle appartient Charles BEIGBEDER patron de POWEO et auteur promoteur d'un rapport sur l'extension du "Low Cost" comme réponse aux problèmes de pouvoir d'achat) qui fédère plus de 300 chefs d ’entreprises dans des secteurs tels que l ’informatique, l ’internet, les télécoms ou le capital-risque.
Cette élection positionne plus ou moins clairement Croissance Plus comme une alternative à la CGPME qui comme tout le monde le sait a des rapports tendus avec le MEDEF … Depuis que celui-ci a décidé de chasser sur ses terres de PME.
La presse économique nous présente M. Roux de Bézieux comme étant l’expression moderne de l’entreprise et du management à la française et loue la grande ouverture de son mouvement CroissancePlus
Alors, qu’en est-il et quelles sont les principales idées développées par CroissancePlus ?
CroissancePlus indique, sur son site, ses "combats"
Extrait :
Flexibilité du travail :
- revalorisation du contrat de travail,(sic)
- sécurisation du contrat de travail (assouplissement des conditions de licenciements contre des garanties accrues données au salarié) Séparabilité, contrat de projet, allongement de la période d’essai
- baisse significative des charges (transférées vers où ?)
- révision des effets de seuils (Voir : Le plan de Nicolas SARKOZY 2008 pour les entreprises )
Dans la catégorie des "succès"on notera entre autres
2005 : Soutien et contribution C+ en vue de l’adoption du bouclier fiscal et d'un nouveau dispositif d’émissions des actions gratuites
2007 : Fiscalité : possibilité de déduction de l’ISF des sommes investies dans les PME (proposition C+ reprise par N Sarkozy)
Croissance Plus a édité un Livre Blanc dans lequel tout à chacun pourra trouver le texte suivant :
La nécessaire « flexibilisation » du marché du travail
Flexibilité. Le mot est écrit. Remplacez-le par élasticité, souplesse, adaptabilité, parez-le de tous les maux ou de toutes les vertus, vous n’y changerez rien. Croissance Plus, sans pose dialectique ou esprit de provocation, n’a pas peur de ce mot. Au contraire, l’association le revendique et le clame.
L’idée n’est pas d’ouvrir un débat sur la flexibilité qui n’est au mieux qu’un moyen, mais de favoriser l’un de ses corollaires : la création massive d’emplois. Car créer des emplois permet à son tour de créer plus de richesse. Il ne s’agit pas d’aller vers une société plus « dure » mais bien de « moins protéger les emplois » pour « mieux protéger les personnes ».
Ce chapitre recense un certain nombre de mesures qui, sans bouleverser le droit social français, ont l’avantage du réalisme et de l’efficacité, loin des querelles idéologiques.
Pour créer ces emplois et soutenir la croissance, les entreprises ne demandent pas de nouvelles lois ou de nouveaux verrous protecteurs. Au contraire, elles attendent de pouvoir utiliser avec intelligence les ressources du droit français, en les adaptant avec souplesse, dans un esprit de concertation directe avec les salariés et de réalisme face à l’environnement économique et à la compétition internationale.
Loin des clichés et sous condition d’assouplissement, les entreprises françaises sont prêtes à embaucher, à faire progresser leurs salariés, à former leurs apprentis, à lancer dans la vie active leurs stagiaires. Ne les dissuadons pas.
Suit quelques mesures que reconnaîtront certains :
Mesure 37 - Permettre aux salariés qui le souhaitent de travailler jusqu’à 39H00 sans taxation supplémentaire pour l’entreprise
Mesure 39 – Etendre le champs d’application du CNE à toutes les entreprises de moins de quinze ans d’existence quelque soit le nombre de salariés (merci à l’OIT)
Mesure 40 – Supprimer pour les PME l’obligation de reclassement
Mesure 44 – Repenser les modalités de rupture
Mesure 58 – Augmenter le taux de TVA (TVA sociale) sans toucher aux produits de première nécessité afin de parvenir à financer la protection sociale
Et tant d’autres que nous laissons découvrir aux lecteurs. Nous leur conseillons toutefois de lire l’article du 8/01/2008 disponible sur le site de l’Entreprise cité plus haut et intitulé Le plan de Nicolas Sarkozy pour les entreprises en 2008 pour découvrir qu’il n’y a rien de plus à attendre pour des salariés qui restent l’unique variable d’ajustement d’un système économique qui lui ne veut rien céder.
Pour ceux qui attendent une réaction « socialisante », le plus « amusant » reste à venir puisque Geoffroy Roux de Bézieux est membre du collège "société civile" du tout nouveau Think tank socio démocrate Terra Nova (voir article du 13 mai sur Slovar)
Va vraiment falloir finir par se bouger ….
Sources, crédits et copyrights
Le Monde
AFP
L'entreprise
CroissancePlus
Crédit image
Faujour

Libellés : chomage, medef, reformes


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