Je fais partie du 10 % des électeurs qui n’ont toujours pas
décidé pour qui voter. Il faut dire que la campagne électorale ne me facilite
pas la tâche.
Je ne me souviens pas d’une campagne aussi négative et vide
de sens.
Il est impossible d’entrevoir le contenu des programmes des
partis, tellement ils sont recouverts de boue. Il me semble qu’on aurait pu
faire quelque chose de plus utile avec les 100 millions de fonds publics que
coûtera cette campagne électorale.
Si Pauline Marois est élue première ministre, il ne lui
restera que peu de temps pour s’intéresser aux priorités des Québécois. Elle
devra veiller à ce que le livre blanc sur la souveraineté ouvre la voie à un
prochain référendum. Elle devra aussi consacrer beaucoup de temps et d’énergie
à gérer les divisions entre pressés et pragmatiques, gauchistes et droitistes,
syndicalistes et libéraux. Qu’on me ne serve pas l’argument qu’on peut mâcher
de la gomme et marcher en même temps, c’est de la démagogie. Personne, aussi
talentueux et énergique soit-il, peut tout faire en même temps et bien le
faire, même pas Madame Marois.
Philippe Couillard prétend que le PLQ d’aujourd’hui n’est
pas le PLQ de Jean Charest. Mais il y a quelque chose d’indécent à ramener le
PLQ au pouvoir après seulement 18 mois de purgatoire. C’est insuffisant pour
que le message de l’intégrité passe vraiment. Le PLC est toujours au purgatoire
neuf ans après la commission Gomery et c’est très bien ainsi.
J’aime François Legault. Il est le seul politicien qui ose
dire la vérité aux Québécois : les contribuables sont étouffés, les
finances publiques sont hors contrôle,
la dette explose, l’économie stagne. Il reconnaît que le modèle québécois n’est
plus viable. Il s’engage à réduire la taille de l’État et à défendre les
contribuables des abus d’un État providence qui bouffe toutes les énergies
vitales des Québécois (voir Le
désastre financier du Québec). Mais la CAQ c’est François Legault, Christian
Dubé et quelques députés de grande qualité. Est-ce suffisant pour gérer un
Québec qui requiert un sérieux coup de barre?
Françoise David rêve d’un pays socialiste où tous les
individus sont des modèles d’altruisme et de morale. C’est une utopie du siècle
dernier. Seuls des utopistes incorrigibles peuvent encore souhaiter un Québec
socialiste à la sauce Hugo Chavez. Mais au moins, elle joue un rôle utile au
parlement en rappelant à tous qu’il existe des gens démunis et que nous avons
la responsabilité et les moyens de leur permettre de vivre décemment.
Alors, quoi faire?
En fin de compte, je vais voter pour la CAQ dans l’espoir
d’élire un gouvernement libéral minoritaire avec la CAQ détenant la balance du
pouvoir. Au moins le développement de l’économie trône tout en haut des
priorités de ces deux partis.
La CAQ a démontré sa volonté de travailler avec le parti au
pouvoir pour le plus grand bénéfice de tous les Québécois. J’en veux pour
preuve l’adoption de la loi sur les mines grâce à la médiation de la CAQ et le
compromis raisonnable offert au PQ sur la loi de la charte de la laïcité. Je
crois possible que la coalition CAQ/PLQ nous apporte quatre ans de prospérité.
Mais si le PLQ devait s’avérer trop dépensier ou susceptible de retomber dans
les mauvaises habitudes de l’ère Charest, je crois que la CAQ aurait le courage
de le faire tomber.
Surtout, quoiqu’il arrive, je tiens à remercier le seul
parti qui défend les intérêts des contribuables en lui accordant ma confiance.