Il y a quelques jours, JeuneHomme a dû rester à l'intérieur durant la récréation pour faire un dessin «réparateur». Si vous vous demandez ce qu'est un dessin réparateur, c'est que cette technique de résolution de conflits n'est pas en vigueur dans votre école. Et c'est presque tant mieux... quoique j'aimerais savoir comment les conflits sont résolus, aussi.
Ce que j'ai su c'est que JeuneHomme s'amusait dans la cour d'école avec ses amis quand d'autres (dont un en particulier!) sont venus les agacer. Les autres ne voulaient pas partir et JeuneHomme s'est fait pousser par terre et donné un coup de pied dans le ventre par un autre. Par terre, il a essayé de lui faire une jambette.
Conclusion de l'école: les deux ont usé de violence, les deux doivent s'excuser et les deux doivent rester faire un dessin «réparateur» à la récréation suivante.
Ça me laisse perplexe. On s'entend. Je n'encourage pas la violence. Je serais la première à donner une deuxième conséquence et faire une longue remontrance à JeuneHomme si j'apprenais par l'école qu'il a été violent ou pire qu'il a blessé quelqu'un. C'est inacceptable de choisir la violence pour se faire entendre.
Mais n'y a-t-il pas une différence entre un geste d'attaque et un geste de défense? C'est là que je me questionne. Je ne peux pas comme mère lui dire de se laisser faire non plus. Autrement, s'il ne réplique pas, j'ai comme la douloureuse impression que les autres pourraient en profiter... Ou pire, que ça fasse en sorte que JeuneHomme se désintéresse de l'école et n'aime plus y aller. Ça, on s'entend que ce serait un vrai drame. On veut faire en sorte que les gars aiment l'école et qu'ils ne décrochent pas. Il faudrait les aider aussi.
C'est vraiment juste un double dessin réparateur, la même conséquence si tu as commencé que si tu as répliqué? Je ne crois pas. Le geste de défense est aussi grave que le geste d'attaque? Non! Mais on est tellement dans une culture de "tout le monde pareil", "faut pas brimer trop" ou "faut que ce soit juste" qu'on en vient à ne pas véritablement agir. Un enfant fait mal àun autre; il doit faire un dessin «réparateur». La victime se défend, elle doit faire aussi un dessin «réparateur». Quel est véritablement le message que l’on envoie à nos jeunes? Tu peux commencer à tabasser un autre, pas grave, tu vas faire un dessin et ta victime aussi...
Comprenez-moi bien, je ne suis pas contre les punitions. Bon, entre vous et moi, les dessins, je trouve ça assez insignifiants. On s'entend que je ne suis pas certaine que les enfants comprennent la gravité de leurs actes en faisant un truc qu'ils font tous les jours: dessiner. Ce qui me fait un peu peur, je dois l'avouer, c'est que JeuneHomme ne garde pas le bon message. Apparemment, il s'est bien expliqué («bien verbalisé» qu'on dit en jargon scolaire!) devant l'autre garçon et le professeur, mais il n'a pas été compris ni cru. Alors, un moment donné, il va peut-être juste se taire. Et qui, sait, commencer... et frapper en premier!
La solution? Je ne la connais pas. Je sais que JeuneHomme a assumé son geste. Il n'a pas eu le choix. Moi, c'est le message que j'essaie de lui inculquer. Toutefois, en-dedans de moi, je trouve ça injuste. L'autre petit garçon n'aurait pas eu une jambette s'il n'était pas venu pousser JeuneHomme. Un moment donné, faut trouver des coupables et leur signifier clairement que leurs agissements n'ont pas d'allure (ça me fait penser aux élections, tiens! Il y en aurait une maudite gang qui ferait des dessins «réparateurs»). Ils ne peuvent pas toujours s'en tirer aussi facilement... On ne peut pas se laisser faire! Tout le monde n'est pas coupable. Il y en a toujours un plus que l'autre. Oui, ça demande du jugement! Mais pour que ça arrête, faut sévir... pour vrai! Il y a différents niveaux de violence, il y a différents actes et selon moi, il y a différentes conséquences. Un dessin pour tous? Franchement!
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