La colique affecte environ 1 nouveau-né sur 5, pourtant elle reste mal comprise.
Le recours aux probiotiques ou bactéries vivantes bénéfiques dans l’objectif de favoriser un microbiote intestinal « sain » reste une option discutée et même controversée en tout début de vie. Certaines recherches envisagent l’analyse du microbiote du petit enfant pour pouvoir le rééquilibrer par supplémentation probiotique, d’autres études concluent déjà aux bénéfices de certains probiotiques, en prévention des troubles gastro-intestinaux chez les nourrissons à prédisposition. Mais cette nouvelle étude, publiée dans le British Medical Journal dit « Attention aux probiotiques » pourrait en fait aggraver les symptômes, en cas de colique du nourrisson.
La colique, si elle ne représente pas une menace sérieuse pour la santé du bébé, et les pleurs qui l’accompagnent sont très préoccupants voire pénibles pour les parents. Or, dès la naissance, l’intestin est rapidement colonisé par les bactéries intestinales, qui agissent comme un facteur environnemental qui influe sur la physiologie de l’hôte et le métabolisme. Si différents facteurs de la colique sont évoqués, comme l’indigestion, une sensibilité temporaire à certains facteurs environnementaux tels que la chaleur ou la lumière ou encore des changements hormonaux, l’hypothèse d’influer sur le microbiote par une supplémentation probiotique est de plus populaire.
Les chercheurs du Royal Children’s Hospital, du Murdoch Childrens Research Institute, de l’Université de Melbourne (Australie) et du Child and Family Research Institute (Canada) ont justement regardé chez 167 jeunes bébés de 3 mois, nourris au sein ou par lait maternisé et souffrant de coliques, si 5 gouttes quotidiennes du fameux Lactobacillus reuteri, pendant 1 mois, pouvaient améliorer l’équilibre de leur microbiote et les symptômes (n=85) vs placebo (n=82). La durée des pleurs et l’agitation, les symptômes majeurs retenus, ne différaient pas entre les bébés des 2 groupes (environ 5 heures par jour).
Absence totale d’efficacité, disent les chercheurs, car, après 1 mois de traitement, les bébés du groupe probiotiques pleurent toujours près d’1 heure de plus que les bébés du groupe placebo.
Les chercheurs ont également examiné d’autres critères à 1 et 6 mois, dont, la durée de sommeil, le comportement du bébé, la qualité de la vie des parents ainsi que les niveaux de bactéries intestinales et de calprotectine (un marqueur de l’inflammation) dans les selles des bébés. Mais, là encore les résultats ne sont pas concluants. Précisément, pour tous ces autres critères, les données sont similaires pour les 2 groupes.
Le probiotique L. reuteri n’a donc pas réduit les pleurs ou l’agitation chez les nourrissons souffrant de coliques, ne s’est pas montré efficace pour améliorer le sommeil de bébé, son « fonctionnement » mental ou encore la qualité de vie des parents !
S’il ne s’agit pas d’éliminer cette option thérapeutique, les probiotiques ne peuvent pas, en tout état de cause, être recommandés à tous les nourrissons souffrant de coliques. Des recherches supplémentaires restent ainsi nécessaires pour identifier les sous-groupes de bébés qui pourraient, le cas échéant, en bénéficier.
Source: BMJApril 1 2014Treating infant colic with the probiotic Lactobacillus reuteri: double blind, placebo controlled randomised trial (Vidéo)
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