Pourquoi « roman - poésie » ? Cette question reste pour moi sans réponse. A moins que ce ne soit pour faire se poser la question. Quand je lis ces 280 poèmes (comme le précise la quatrième de couverture), présentés comme « un livre d’usage et de combat pour tous les jours », c’est plutôt dans le sens du journal que j’irais. Et c’est d’ailleurs comme ça que je l’ai lu. Un peu plus d’un poème par jour, puisque j’ai choisi de lire 14 poèmes chaque matin pendant 20 jours. Les textes sont courts et les formes choisies sont simples. Parfois les titres (puisque chaque poème en a un) obligent à creuser le texte qui suit. Parfois nous sommes seulement dans une sorte de photo instantanée. C’est une écriture dont chaque lecteur peut s’emparer : lire un texte et en écrire un autre dans la foulée, marcher dans les pas de l’auteur, qui ne semble qu’aspirer à cela. Ou prendre ici et là des images et les réunir comme on fait après un voyage.
le ciel est un reflet
une couleur nouvelle coule du ciel
la lumière tient la pelle
en s’envolant
le papillon me dit
je suis
le rêve
d’une larve
il compte le nombre d’araignées
qui le séparent des étoiles
de l’autre côté du ciel
une petite
montagne
saute sur les genoux
d’une rivière
les arbres dorment nus
je suis un hibou
qui crache
son poème
dans la poussière
du sol
tous les mots sont dans la paume
parfois les mots
sont des habits
qui vont trop grands
ou trop petits
alors j’y vais
marcher tout seul
dans les collines
je me lève et
j’y vais
de
ce
pas
le long des routes longues
du printemps en pagaille
je tire à l’arc
avec le fil de l’horizon
la nuit s’est endormie
dans la corbeille à fruits
juste après la pluie
rentrer
mettre des chaussettes sèches
je laisse la pluie redessiner
le paysage