HOW TO GET AWAY WITH MURDER
Drama // 42 minutes
Ecrit par Peter Nowalk (Grey's Anatomy). Produit par Shonda Rhimes & Betsy Beers (Grey's Anatomy, Scandal, Private Pracrtice). Pour ABC, ABC Studios, Shondaland Productions. 64 pages.
Une nuit d'hiver, alors que la fête bat son plein sur le campus de la prestigieuse université de Philadelphie, à quelques kilomètres de là, dans les bois, quatre brillants étudiants en droit terrorisés s'apprêtent à brûler un cadavre. Leur vie en sera à jamais bouleversée... Quatre mois plus tôt, Michaela, Wes, Laurel, Patrick et une soixantaine de leurs camarades font la rencontre de leur charismatique et intransigeante professeure spécialisée en criminologie : Annalise DeWitt. Une poignée d'entre eux seulement aura la chance d'intégrer sa firme d'avocats. Mais pour travailler à ses côtés, il faut être prêt à tout. Absolument tout...
Avec Viola Davis (La couleur des sentiments, Prisoners, Doute, United States Of Tata), Alfred Enoch (Harry Potter), Jack Falahee (Twisted), Aja Nomi King (Black Box, Emily Owens), Karla Souza, Charlie Weber (Buffy, Underemployed), Liza Weil (Gilmore Girls, Scandal), Matt McGorry (Orange is the new black), Katie Findlay (The Killing US, The Carrie Diaries), Tom Verica (Mes plus belles années, The Nine), Billy Brown (Dexter, Sons Of Anarchy, The Following), Michael Gaston (Damages, Unforgettable, Jericho)...
American Crime, Madame Secretary, Red Band Society et désormais How To Get Away With Murder. La saison 2014/2015 comprend au moins quatre scripts de dramas de haut vol. Et je dois dire que j'appréhendais beaucoup la lecture de ce dernier car j'en attendais énormément. C'est souvent ce qui arrive lors de la saison des pilotes. On s'attache à des projets à cause d'un nom de créateur, de producteur, de réalisateur, d'acteur ou d'actrice, à cause d'un pitch... Dans le cas de HTGAWM (autant tout de suite nous habituer au hashtag dont nous allons abuser dans quelques mois), c'est à peu près pour toutes ces raisons à la fois. Vous me connaissez, je suis dingue du travail de Shonda Rhimes et ses collaborateurs (Haters gonna hate), j'adore Viola Davis (et Matt McGorry, Charlie Weber, Liza Weil et Tom Verica me plaisent) et le synopsis du pilote m'attirait énormément. Après le premier acte, je me suis dit "Bon, ça va, ça a l'air bien". A la fin du deuxième "voire vraiment bien". A la fin du troisième "voire vraiment très bien". Et à la fin du pilote, j'étais conquis et convaincu que non seulement ABC ne pouvait pas passer à côté mais qu'en plus on allait être nombreux à adorer. J'aimerais ne pas trop m'emballer pour ne pas créer chez vous des attentes démesurées, mais je ne vous promets rien... A vous de savoir raison garder !
Pour décrire HTGAWM, il me faudrait des heures. C'est un drama intéressant pour plein de raisons mais en premier lieu parce qu'il est hybride, à la croisée de différents genres, et il parvient, en tout cas dans ce pilote, a être efficace et pertinent partout. C'est d'abord une série judiciaire. Pas dans le style de David E. Kelley, parce qu'il n'y a pas de fantaisie particulière. Pas tout à fait dans le style de The Good Wife, parce qu'elle est intouchable, imbattable, au firmament. Dans son propre style en fait. Elle réinvente le genre à sa façon et là je vais faire une comparaison qui risque d'en faire fuir quelques uns mais tant pis : elle est à la série d'avocats ce que Scandal est à la série politique. Elle n'a pas l'ambition ni la prétention de nous instruire sur le système judiciaire américain. Elle n'a pas l'intention de nous éblouir avec de grandes plaidoiries et une certaine forme d'idéalisme. Ce qu'elle veut c'est nous divertir sans tomber dans la facilité, c'est utiliser le judiciaire pour nous raconter autre chose. Il ya dans ce premier épisode un "cas", le premier que les étudiants sont invités à résoudre en compagnie d'Annalise DeWitt afin de s'attirer ses faveurs. Il y en aura sûrement dans chaque épisode, apportant donc un élément procédural à la série, mais peut-être pas pour très longtemps. A la manière de Scandal justement qui a tendance à n'être plus que 100% feuilletonnante, au plus grand bonheur de la plupart de ses téléspectateurs. Mais j'ai quand même une pensée pour les autres, qui existent. Elle est policière également, d'une certaine manière. Elle en prend parfois l'allure en tout cas.
Mais HTGAWM c'est aussi une dramédie sur de jeunes adultes en quête d'aventure et d'identité. Pour l'aventure, je pense qu'ils vont être servis. Rien que dans ce pilote, ils sont amenés à voir et faire beaucoup de choses, et pas toujours de leur plein gré. Ils sont d'ores et déjà tous soumis à divers conflits moraux et doivent prendre des décisions difficiles, souvent graves, qui auront une incidence irrémédiable sur la suite de leur carrière et le reste de leur vie. Et c'est là que l'on retrouve un peu de Grey's Anatomy. L'atmosphère est clairement plus tendue qu'au Seattle Grace, et Annalise DeWitt est un nazi d'un autre genre que Miranda Bailey, mais ils ont la même fraîcheur que Meredith, Cristina et les autres à leurs débuts. Et je crois que la production a réuni un casting de quasi inconnus dont on n'a pas fini de parler (et qui est comme toujours chez Shondaland : diversifié !). Il y aussi une compétition entre eux qui ne fait que commencer, où tous les coups sont permis ! Là aussi, d'une certaine manière, ils ont le pouvoir de sauver des vies. Mais surtout d'en détruire. Beaucoup de pression repose sur leurs épaules de toutes parts, et dans ces cas-là vous savez ce qu'on fait dans les séries de Shonda Rhimes pour décompresser : on baise et on tombe amoureux. Plusieurs histoires se dessinent voire commencent dans ce pilote, même si ce n'est pas le propos premier. Entre élèves, entre profs et élèves. Parfois au vu et su de tous. Parfois en secret. C'est très excitant et les possibilités sont multiples étant donné qu'il y a beaucoup de personnages. Mais étonnamment pas trop. C'était une de mes craintes initiales. Ils n'ont pas tous le même temps d'antenne mais ils sont tous bien introduits.
Vous faire un listing complet des protagonistes n'aurait pas grand intérêt, alors je vais faire un focus sur ceux qui m'ont le plus marqué. Wes, l'outsider un peu rebelle et mystérieux dont on ne comprend presque pas comment il a atterri là. Intriguant et séduisant. Patrick, prétentieux, gosse de riche sans doute, a les dents qui rayent le parquet et sait user de ses charmes pour parvenir à ses fins. Gay, ou bi. En tout cas très ouvert sexuellement. Son petit jeu n'en sera que plus passionnant à suivre. Michaela, la fille qui a des principes, un peu coincée mais pleine de ressources. Le genre de personnage qui paye pas de mine au début mais qui impressionne de plus en plus. Laurel, dont j'aurais un peu de mal à définir la personnalité à ce stade. Curieuse, passionnée, à 200% tout le temps. Un peu plus légère que la moyenne aussi. "Douchebag" alias Asher est peu présent mais ses quelques apparitions laissent entendre qu'il y a beaucoup à dire sur lui en temps voulu. Frank et Bonnie, les deux principaux collaborateurs d'Annalise qui, comme elle, semblent avoir une dizaine de squelettes dans leurs placards... Bref. Et donc Annalise elle-même. Viola Davis a tout ce qu'il faut dans ce script pour faire des merveilles. Et elle en fera puisque son talent est immense. Ce personnage est fascinant, bien plus qu'un Joe Carroll de The Following par exemple. Je ne sous-entends pas que c'est une serial killeuse, hein ! Elle a l'énergie et la conviction d'Olivia Pope, les faiblesses d'Addison Montgomery et la dangerosité que l'on n'a connu dans aucune autre des héroïnes de Shondaland jusqu'à aujourd'hui. A la fin du pilote, elle reste un mystère pour tout le monde. Et ça, ça rend très très impatient de voir un deuxième épisode, toute une saison même.
Je terminerais par l'aspect slasher movie à la "Souviens-toi l'été dernier", qui n'est pas aussi ridicule qu'il en a l'air. Le groupe de personnages qui enterre un corps, on a déjà vu ça mille fois au ciné et à la télé. Est-ce que HTGAWM réussira à en faire quelque chose de neuf ? Seul le temps le dira. Pour l'heure, on nous égrenne tout au long du pilote des bouts de flashforwards savamment dosés, qui ne sont qu'une infime partie d'un récit bien plus large. Ils créent autant d'envie que de frustration. Combien d'épisodes, ou de saisons, vont représenter les 4 mois qui se déroulent entre le présent et ces passages ? Impossible à dire. Mais il y a de la matière pour multiplier les rebondissements. Je pense instinctivement au mystère de la première saison de Desperate Housewives (et pas aux autres !). Sachez en tout cas que l'identité de la victime est connue à la toute fin du pilote. Vous pouvez essayer de deviner, vous tomberez peut-être juste avec un peu de chance, mais la réponse reste assez surprenante. Et tout reste à découvrir...
ABC tient avec How To Get Away With Murder un hit en puissance ! Il faudrait que la case qu'elle lui choisisse soit très inadaptée, la promotion pas du tout efficace et les astres bien mal alignés pour qu'elle ne fasse pas un carton lors du/des premier(s) épisode(s) (avec les standarts d'aujourd'hui bien entendu !). Sur la longueur, en revanche, tout dépendra de sa capacité à tenir la route, d'autant qu'il lui faudra redoubler d'effort pour rester à la hauteur après avoir mis la barre haut dès le départ... Elle décroche le titre de MA série la plus attendue de la saison prochaine. Voilà, c'est dit.