Aujourd’hui, j’ai envie de vous parler de l’Espagne. Comme ça. Une envie subite.
J’en reviens, une nouvelle fois. Ceci explique peut-être cela. Quand je déguste un morceau de leur fameux « jamón de bellota » j’ai toujours cette image de l’affiche du film « Jamon Jamon » avec Javier Bardem et Penelope Cruz. Je ne me souviens plus vraiment de l’histoire ni du contenu de ce film mais cette image reste dans ma tête et mes souvenirs. Est-ce parce qu’elle m’évoque un acte sexuel au pied des gigantesques taureaux d’acier noir qui jalonnent les grandes routes espagnoles ? Est-ce parce que Penelope Cruz est à mes yeux la plus belle femme du monde, avec ses grands yeux bruns, ses longs cheveux noirs et ses formes opulentes qu’elle ne cache pas ? Ou pour Javier Bardem, rencontré en vrai un soir à Barcelone dans un restaurant que je recommande « El Pescador », aussi mâle et marqué que l’image que j’en avais, séducteur sans aucun doute malgré ses gros traits et son léger embonpoint ? Je n’ai pas la réponse mais toujours est-il que ce film m’a marquée à une époque où je n’aurais jamais imaginé me retrouver un jour à réellement vivre pour un temps dans ce pays.
J’y ai vécu pendant quatre années. Une éternité. Une seconde.
Un long moment lorsque j’étais sur place. Finalement très fugace depuis que je n’y vis plus.
Et pourtant, depuis cette expérience, j’aime toujours m’y rendre, parler leur langue, parler fort comme eux, vivre tard le soir, comme eux, rencontrer des gens dans les restaurants, comme eux, vivre dehors, « en la calle », comme eux. Je suis contente de le faire mais sur une courte période, contrairement à eux. Moi, j’aime vivre dans ma maison, recevoir les gens chez moi, partager un repas ensemble à notre table, pas dans un restaurant. J’aime le silence et le calme. J’aime dormir et me coucher tôt. Bref, tout l’inverse de ce que l’Espagne nous a fait vivre.
Mais justement, c’est leur joie de vivre apparente qui permet aux Espagnols de sortir enfin, un peu, la tête de l’eau après tant d’années de crise. Le soleil est aussi là pour les y aider. On ne voit pas les choses de la même façon en Suède, quand on est plongé plus de 5 mois de l’année dans les ténèbres ou presque, qu’à Madrid, où la lumière est omniprésente même en hiver. Moi je trouve leur force de caractère admirable. Ils ne passent pas leur temps à râler ou à se plaindre, ils avancent, coûte que coûte, sans laisser les leurs sur le bord des trottoirs.
D’ailleurs, lorsqu’au boulot on me demande pourquoi je n’ai pas plus de ressources à fournir venant d’Espagne, de candidats prêts à tout pour quitter leur cher pays, leurs amis, leur famille, leur soleil si précieux, pour aller vivre le rêve américain ou le projet de leur rêve en terre germanique, je regarde mes interlocuteurs avec les yeux courroucés de celle qui n’accepte pas que l’on accorde si peu de poids à l’attachement d’un peuple à son pays. La crise est là encore et bien réelle mais ils gardent espoir. Toujours. Celui de voir leur pays dont ils sont si fiers redevenir une grande puissance économique. L’exil n’est pas leur seul échappatoire ni la solution ultime. Et pour eux, manger encore et encore des tapas et de l’excellent « jamón de bellota » sous le soleil printanier de Madrid sera toujours bien meilleur que de s’empiffrer de hamburgers et frites congelées.
Je déclare donc ma flamme à l’Espagne mais je suis heureuse de la vivre de loin. Emotion paradoxale à la mesure de ce que j’ai vécu sur place. Je reste encore trop française pour pouvoir rester y vivre définitivement. Sin embargo, Madrid te quiero. Mucho. Para siempre.
Bonne journée ! Un abrazo muy fuerte a todos.
Photos : Coline se raconte /// Madrid – Restaurant « AL PUNTO » Avenida Machupichu 85 – www.alpunto85.com