Au menu: l’éducation et l’apprentissage, les femmes et la jeunesse - après le sommet qui s'est déroulé à Kinshasa sur un thème équivalent, il y a un mois exactement -, la migration légale et illégale entre les deux continents - alors que les gardes-côtes italiens viennent tout juste de sauver de la noyade des centaines de personnes -, les moyens de stimuler la croissance et la création d’emplois, la paix ou encore l’amélioration du soutien européen en Afrique pour les questions de sécurité.
Ce sommet Afrique/Union européenne fait référence aux accords de partenariat économique appelés convention de Lomé datés de 1975 et encadrant les rapports commerciaux et économiques entre l’Europe et les pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique, suivi en 2000 par les accords de Cotonou. Ceux-ci doivent devenir des accords de partenariat économique, c'est-à-dire des accords plus équitables et qui appliqueraient un principe de réciprocité entre les marchés et les produits européens et africains.
Cette manie des sommets ne fait plus rêver ni surtout sourire. A "coût" d'invitations grandioses et de grand-messes auxquelles plus personne ne croit, les sommets quels qu'ils soient scandalisent plus qu'autres choses. Tout ça pour ça, et les Africains dans tout cela?
Mugabe n'est pas venu. Le Zimbabwe n'a pas été représenté parce que Madame Mugabe n'a pas reçu de visa... plus de 11 millions de personnes n'ont pas été représentées pour cause de susceptibilité... On laisse le lecteur seul juge.
Un hommage appuyé a été fait à Mandela par Barroso. Comment pouvait-il en être autrement? Il serait scandaleux aujourd'hui de ne pas rendre hommage au premier président noir d'Afrique du Sud. Ce passage obligé a-t-il horripilé l'actuel président Zuma au point qu'il n'ait pas daigné se rendre à la convocation européenne? Qui pourrait le dire mais on se met à sa place.
Comme depuis des lustres, les Européens n'ont pas réussi à aider à la mise en place de régimes démocratiques en Afrique... y ont-il mis tout leur cœur... le sommet s'est plutôt penché sur les questions économiques. C'est moins risqué. La concurrence chinoise est rude et nombre d’États africains sont tentés de signer avec l'empire du Milieu des contrats qu'ils avaient l'habitude de conclure avec les Européens. Ceux-ci s'en offusquent, tellement habitués à être chez eux en Afrique et pourtant il va falloir s'y habituer. On rétorquera aux Africains que les Chinois, les Indiens, les Arabes ne s'intéressent qu'à l'économie et au profit qu'ils peuvent tirer de leur beau continent et que jamais eux n'investiraient dans une mission de la paix. Pas faux, au moment où de façon toute stratégique, l'Union européenne vient enfin de se mettre d'accord sur une opération militaire Eufor/RCA dans la capitale centrafricaine. Il en a fallu du temps mais le 1er avril - ce n'est pas une plaisanterie - les pays de l'Union ont réussi à se mettre d'accord. Les Centrafricains peuvent remercier ce sommet qui impliquera plus d'une dizaine de pays en terme d'effectif et de soutien logistique aux ambitions il est vrai limitées.
Mais revenons au développement économique de l'Afrique et de l'intérêt européen. Rappelons que le continent africain affiche une croissance de près de 5,5% par an alors que l'Europe arrive péniblement à peine 1% pour certains pays. Enfin, l'Afrique avance lentement certes, mais elle avance. La population n'en voit pas encore les bénéfices mais ce sera certainement un jour le cas. La réalité sociale reste sévère, mais les choses évoluent et les prises de conscience sont de plus en plus efficientes. Les mentalités progressent. Bientôt les Africains sauront seuls assurer le développement de leur continent en collaboration avec d'autres pays sur la base de négociations plus équitables que celles qui sévissent aujourd'hui. Ce temps viendra et il est de plus en plus proche où les Africains s'estimeront.