Matéi Visniec invite au voyage, au franchissement des frontières, dans ce spectacle traversé par l’Orient Express, par lequel les Occidentaux vont voir ce qui se passe à l’Est… Mais ceux qui vivent à l’Est ne rêvent-ils donc que d’attraper l’Occident Express et d’aller voir ailleurs s’ils y sont ? La mise en scène de Cyril Ripoll découpe le plateau : ici le doctorant qui soutient de drôles d’idées à propos d’un « peuple fluide », à jardin le fils demandant à son père de lui raconter comment il a dénoncé ses voisins dans le régime communiste, à cour celui qui n’en finit pas de pisser sur les frontières parce qu’il y en a toujours de nouvelles même si l’Europe en efface d’anciennes, et encore le doctorant expliquant comment le « peuple fluide » ne laisse aucune trace, aucune culture, se fondant toujours dans la culture, la langue du conquérant… Ce peuple-là, n’est ce pas simplement l’humanité elle-même, mouvante, s’adaptant, au-delà des affirmations identitaires de conquête, qui se croient les plus fortes alors qu’elles ne font que s’éteindre elles-mêmes quand en leur sein naissent des langues, des savoirs, des vies communes… Mais nous n’avons pas le moindre début de preuve de ce qui vient d’être affirmé. Exactement !
J’ai vu ce spectacle, mis en scène par Cyril Ripoll et interprété par Les Anciens de Barbusse, au Pôle culturel d’Alfortville (94) dans le cadre du Festival des écritures.