Un film de King Vidor (1946 - USA) avec Jennifer Jones, Gregory Peck, Joseph Cotten, Lionel Barrymore, Lillian Gish
Beau western, très romanesque
L'histoire : XIXe, Etats-Unis. La jeune Pearl, métisse indienne et orpheline, est envoyée, selon les volontés de son père, chez son amie Laura Bell, au Texas. Elle est mariée à un sénateur, propriétaire d'un immense ranch, et a deux fils, aussi différents l'un que l'autre, Jeff, calme, sage et progressiste, Lewton, bad boy, macho et conservateur... Tandis que Laura Bell explique à Pearl les bonnes manières, les deux garçons sont à l'affût...
Mon avis : Un bien joli film, avec des images superbes, très colorées, et des paysages à couper le souffle, arides, majestueux, écrasés de soleil ; tout ce que j'aime ! L'histoire est simplette, il s'agit surtout d'une romance entre deux êtres qui ne sont pas faits l'un pour l'autre, mais sont irrésistiblement attirés. Pas de pétarades et de courses avec les Indiens ; c'est original, en fait, comme western. Mais l'arrière-plan économico-politique est intéressant, avec les pro et les anti de l'avancée du chemin de fer à travers le pays, et donc des terres de certains propriétaires.
Joseph Cotten est impeccable, comme d'hab ; Gregory Peck m'agace, il ressemble à Jean Ferrat dans ce film ! Ou à Lucky Luke, c'est selon, avec sa mèche brune qui lui retombe sur l'oeil ! Jennifer Jones a un jeu vraiment trop outré, dommage.
Un bon twist final, puisque le duel du titre n'est pas entre les deux personnages auxquels on s'attend ! Du coup, vous devinez qui forme le duo fatal... Je spoile, mais est-ce vraiment spoiler quand il s'agit d'un film aussi vieux ?
Quelques invraisemblances, surtout concernant le personnage de Pearl. Je pensais que la gamine serait rapidement prise en mains par Laura Bell : des tenues convenables et une attitude "victorienne". Mais la belle continue d'arborer ses jupes virevoltantes laissant voir ses chevilles, et des corsages dévoilant largement ses épaules nues... Et puis, si c'est pas une allumeuse, ça : faut voir comment elle se trémousse. Par ailleurs, ses tenues et son apparence font penser à une mexicaine et non à une indienne. Il est vrai que le Mexique était largement indien et qu'au début, on voit Pearl et ses parents au Mexique. Mais ça fait bizarre quand ils l'appellent l'Indienne... elle ressemble à tout sauf à une Indienne.
Son amour avec Lewt est par ailleurs assez étrange. On nous la montre attiré par le sérieux Jeff mais celui-ci est tellement respectueux qu'il ne montre pas ses propres sentiments. Un peu par dépit, un peu par attirance sexuelle (le film a fait scandale à l'époque), Pearl se jette donc dans les bras de Lewt, qui la traite comme une prostituée... Comment accepte-t-elle ça ? Elle ne l'accepte pas d'ailleurs... Mais les critiques insistent sur une soi-disant passion, et moi je n'ai rien vu de tel. D'ailleurs, le film s'inspire d'une nouvelle où Pearl est violée par Lewt. Rien de tel ici, cela n'aurait jamais passé ! C'est peut-être pour ça que la romance ne sonne pas totalement vraie.
Le film a été tourné par sept réalisateurs... on se demande comment ils ont réussi à mêler aussi bien leurs techniques et personnalités, car on ne décèle absolument aucune différence de ton entre les scènes. Ils ont tous été renvoyés à tour de rôle par le producteur, David O'Selznick (époux à la ville de Jennifer Jones), et on attribue généralement le film au septième, King Vidor.
A noter une très belle scène, extrêmement spectaculaire, où l'armée (à cheval, forcément) vient contrer tous les cowboys du coin, réunis pour protester et empêcher l'avancée du rail. Un nombre incalculable de figurants et de chevaux, dans une "chorégraphie" parfaite.
L'ensemble reste très homogène et très plaisant. Et puis ça date de 1946 ; le cinéma, et nous-mêmes, avons tellement changé depuis... normal qu'on soit surpris par certaines petites choses.