Ecrire un livre… Un jour, le téléphone sonne et une personne que vous n’avez pas vu depuis un moment vous dit :
- Je lance une nouvelle collection sur la curiosité…
Il me demande si j’ai un sujet à proposer… Je réfléchis… Ah oui ! Un bouquin sur les histoires parisiennes les plus étranges :
- Tu te rappelles de « Paris mystérieux », paru chez Tchou, ce volume formidable sur les mystères de Paris ? Je veux faire pareil !
Un peu audacieux, l’auteur…
Mon interlocuteur me donne son accord verbal puis raccroche.
Un peu sonné… Il me reste tant de travail à faire… !
Je fouille dans mes dossiers, sort des livres de ma bibliothèque. Puis je vais aux archives. Mon dossier gonfle, gonfle… Il devient un bel oreiller de papier…
L‘écriture commence…Relire ma documentation, et puis la « digérer ». le décor se met en place, les personnages aussi.
- Moteur ! Action !
A chaque fois, je dis bien, à chaque fois, mon environnement s’efface… Me voilà devant une table de dissection… Beurk ! Plus loin, je me promène dans le cimetière des Innocents… J’arrive rue de la Ferronnerie : on vient d’assassiner Henri IV ! La panique s’empare de la foule… La main glacée d’un fantôme me frôle le visage…
Des joies, des peines, des doutes, des moments d’enthousiasme et d’abattement, c’est cela faire un livre…
Quelques mois passent, puis un jour, vous appuyez sur la touche située entre le ? et le / pour écrire le point final…
Vous envoyez le fichier à votre éditeur…Dans les délais, il vaut mieux.
Et le temps passe encore… Les épreuves arrivent. Elles vous donne un aperçu de l’aspect final de votre livre mais, pour l’instant, c’est un enfant en gestation.
Vous-vous relisez : quelle épreuve de relire des épreuves ! Tous vos défauts apparaissent alors : répétitions, fautes de français, d’orthographe…
Quand tout vous semble terminé – est-ce possible ? – vous renvoyez votre paquet ficelé à l’envoyeur.
Une amie, illustratrice, a bien voulu dessiner votre couverture. Vous lui adressez le manuscrit. Très vite, réactive et passionnée, elle vous soumet des esquisses… Et alors, moment magique, unique, ce que vous avez sorti de votre pauvre tête devient un peu plus réalité… Louise a tout compris, assimilé ma prose… C’est mon amie, ma sœur…
Au dernier salon du livre, vous saisissez enfin votre bébé… « Paris fantastique… » A deux pas de vous, assise par terre, une jeune fille est déjà plongée dans sa lecture…
« Paris macabre », « Paris fantastique » se suivent sans vraiment se ressembler…
Un soir, vous offrez votre livre dédicacé à une jolie jeune femme. Elle vous sourit…
Puis elle vous embrasse sur le deux joues… Un moment sympathique !
Tout cela parce qu’un jour une personne, que vous n’aviez pas vu depuis un moment, vous avait dit :
- Je lance une nouvelle collection…
Merci Eric Poindron, grâce à toi, j’ai été payé de ma peine par deux baisers parfumés… C’est chouette la vie d’auteur !