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Valls au milieu des gauchistes. #LOL

Publié le 03 avril 2014 par Juan
Valls au milieu des gauchistes. #LOL

Il l'a installé, son gouvernement. Un panachage synthétique de poids lourds socialistes, exit Vincent Peillon et Pierre Moscovici. Le premier paye une prétendue mauvaise gestion de quelques réformes attendues et louables, notamment sur les rythmes scolaires. Le second multipliait les gaffes sans endosser pleinement pourtant le combat fiscal.

On attendra évidemment beaucoup de Ségolène Royal, une personnalité forte qui donne du poids aux sujets par ailleurs très complets que recoupe son ministère (Ecologies, développement durable, énergie).  En prenant ses fonctions, elle n'a cessé de louer l'apport des écologistes, et le soin qu'elle apporterait à leur avis.
Les commentateurs dosaient le poids des "gauchistes" Hamon et Montebourg face aux "droitistes" Sapin ou Rebsamen.
On s'interrogera sur la marge de manoeuvre de quelques ministres gauchisés à souhait dans l'entourage élyséen ou ailleurs, sur lesquels reposent l'espoir et la promesse d'une inflexion sociale qui serait conduite par un premier ministre choisi finalement pour sa cohérence avec un prétendu basculement à droite du pays gaulois.
"C'est important, l'entraineur", dira plus tard Manuel Valls, le soir sur TF1.
On se rassure à peine qu'un Moscovici, "naufragé" d'après le Monde, soit sorti de l'équipe. De l'affaire Cahuzac au ras-le-bol fiscal, de ses trop larges sourires au MEDEF à ses réticences volontaristes contre la Taxe Tobin ou la régulation bancaire, Mosco a rapidement incarné le social-libéralisme du gouvernement Hollande. Espérons qu'un Montebourg tiendra un autre registre.
Dans les (mauvaises) surprises, on découvre que Laurent Fabius hérite aussi du Commerce Extérieur. Non pas que l'homme soit mauvais diplomate. Mais associer la politique étrangère de la France (prononcez "Fraaaaaance") au vulgaire commerce a quelque chose de si détestable. Nous aurons désormais le sous-titre commercial à chaque grande déclaration diplomatique. Nicolas Sarkozy aurait appelé cela de la franchise. On murmure que Fleur Pellerin, efficace à défendre l'économie numérique, reprendrai ce rôle là. On devine qu'elle voulait sortir de l'emprise montebourgeoise, son ancien ministre de tutelle. Elle aura du travail.
Le soir, Manuel Valls choisit la première chaîne privée pour délivrer ses premières déclarations publiques de premier ministre aux Français. Le ton est saccadé, l'homme est figé dans son costume. Il se défend de vouloir jouer perso. "Nous sommes tous Hollandais, nous avons composé ce gouvernement ensemble. C'est lui qui fixe le cap, qui a reçu la légitimité des Français, et c'est ensemble de manière simple et efficace que nous l'avons composé ".  Le texe est connu, c'est le même qu'avant, protéger les services publics (l'école, l'hôpital, etc) en réduisant la dette. Il ressasse l'argument moscivicien, trop d'impôt, 60 milliards de plus dont la moitié à cause de Hollande... Pourquoi n'a-t-il pas seulement rappeler que c'est l'injustice sociale et la précarité qui préoccupent le pays ?
Il avoue pourtant l'évidence, ce que d'aucuns à gauche répètent depuis dimanche soir et même avant: "Il y a une demande très forte dans notre pays, de protection face à la mondialisation, face à une Europe qu'on ne comprend pas toujours". Il assume une rupture. Valls joue-t-il à Sarko ? Il connaît le sens des termes. "Il y a une rupture, pas une révolution ; dans bien des domaines, nous allons continuer le travail de Jean-Marc Ayrault, à qui je souhaite rendre hommage."



Bref, Manuel Valls n'effraie ni ne rassure davantage aujourd'hui qu'hier ou demain. 
Tout au plus se demande-t-on qui de Hollande ou de Valls a le plus contraint l'autre dans ce casting ministériel.
Alors finalement, Manuel #Valls se serait fait un petit peu rocardiser par François Hollande ?… #remaniement
— MarieAgnès Gandrieau (@mgandrieau) April 2, 2014
Le Pacte irresponsable est prêt et sera bientôt délivré. Il paraît que le CICE sera augmenté de 10 milliards (au lieu de rendre 10 milliards de cotisations familiales), mais comment cette rallong sera-t-elle financée ? Le paquet d'économies, 50 milliards, a déjà été ficelé par Bernard Cazeneuve, qui quitte le Budget pour l'Intérieur. Hollande, qui lundi soir réclamait une indulgence de la Commission de Bruxelles, s'est fait doucher dès le lendemain. Pas question d'un nouveau sursis. On sait déjà que Montebourg n'a pas mandat pour aller discutailler là-bas.
Au fait, qui s'occupe de ces tractations bruxelloises ? Le gouvernement Valls n'a pas de ministre à l'Europe. C'est peut-être tant mieux.
Les écologistes d'EELV se sont déchirés la journée durant à propos de leur non-participation. Quelques ambitieux et d'autres, parlementaires élus avec le soutien socialiste lors des législatives de 2012, se sont énervés contre cette décision du bureau du parti écolo de refuser l'oukaze vallsien. En cause, ce grand ministère finalement confié à Ségolène Royal aurait été une formidable occasion de changer les choses, de travailler la transition écologique, d'être enfin à la hauteur des promesses du contrat de gouvernement. Pouvions-nous rappeler qu'il est trop tôt pour faire le bilan carbone de la mandature Hollande, mais tout aussi trop tard pour espérer qu'un simple ministère, aussi grand soit-il, changerait la donne connue depuis mai 2012 ?
En 2007 déjà, Nicolas Sarkozy s'était accordé les faveurs d'un Nicolas Hulot à la simple promesse de créer un grand ministère et d'organiser un Grenelle. On sait ce qu'il est advenu. François Hollande n'est pas Nicolas Sarkozy, mais pourquoi prendre l'électeur suffisamment crédule pour imaginer qu'un strapontin plus grand change la donne d'une équipe toute entière ?
A bon entendeur...
Crédit illustration: DoZone Parody


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