Un premier ministre naturalisé français qui bafoue les droits des roms

Publié le 03 avril 2014 par Asse @ass69014555

Le pire vient d'être fait par ce gouvernement : nommer Manuel Valls premier ministre. Et qu'a-t-il fait juste avant d'abandonner le ministère de l'intérieur ? Vite fait bien fait, donner ses consignes pour multiplier les expulsions...


Tout ceux qui sont choqués par le traitement réservé aux roms en France le sont aujourd'hui par la nommination de ce ministre au plus haut poste du gouvernement...
« Les roms ont vocation à retourner en Roumanie ou en Bulgarie » dit-il depuis des mois... Nous continuons de rappeler que le sort qui est le leur là bas est moins enviable que celui qu'ils supportent ici... Nous ne parvenons pas à comprendre que cet homme d'origine espagnole, qui a demandé et obtenu la nationalité française puisse refuser cette possibilité à d'autres en incitant à la haine raciale...
Nous vous invitons à relire la circulaire signée en août 2012 par tous les ministres concernés : une circulaire précisant les mesures d'anticipation et d'accompagnement des opérations d'évacuation des campements... Des mesures qui ne sont pas mises en place !


Le 115 ne propose dans le meilleur des cas que quelques nuits d'hôtel aux familles évacuées qui n'ont d'autre choix que de reconstruire leur campement là où elles peuvent...écouter de nouveau les propos de Manuel Valls à propos des roms et à (re)prendre connaissance des réactions les plus vives et les plus frappantes qu'ils ont suscités.
Nous vous invitons en suite à réécouter les propos de Manuel Valls et ceux de certains de ses détracteurs...

CIRCULAIRE INTERMINISTERIELLE du 26/08/2012 relative à l’anticipation et à l’accompagnement des opérations d’évacuation des campements illicites Cliquez pour télécharger la circulaire au format .pdf

Quand on est de gauche, on n’a pas la matraque en guise de cœur. C’est un Français d’origine manouche qui t’écrit et qui écrit au Français de fraîche date que tu es. C’est un fils de « brigadiste » qui se rappelle à toi. Souviens-t’en: « Celui qui n’a pas de mémoire n’a pas d’avenir ».

Par Jean-Claude Lefort*

Député honoraire, Fils de Manouche

Le 01 09 2013

Manuel, tu as déclaré hier soir, sur BFMTV, que la situation était très différente pour toi, relativement à celle des Roms, car ta famille espagnole était venue en France pour fuir le franquisme.

Tu as été naturalisé français en 1982. Franco est mort en 1975. Sept ans avant ta naturalisation. Quand tu es devenu français, il n’y avait donc plus de dictature en Espagne. Tu avais donc « vocation », selon tes mots, à retourner dans ton pays de naissance, en Espagne. Tu ne l’as pas fait et je comprends parfaitement, de même que je comprends totalement ton souhait de devenir français. Cela sans l’ombre d’un doute.

Tu avais « vocation » à retourner à Barcelone, en Espagne où tu es né, pour reprendre tes propos qui concernaient uniquement les Roms. Celui qui t’écrit, en ce moment, est un Français d’origine manouche par son père. Mon père, manouche et français, est allé en 1936 en
 Espagne pour combattre le franquisme, les armes à la main, dans les Brigades internationales. Pour la liberté de ton pays de naissance, et donc celle de ta famille. Il en est mort**, Manuel. Des suites des blessures infligées par les franquistes sur le front de la Jarama, en 1937. Je ne te demande aucun remerciement, ni certainement pas la moindre compassion. Je la récuse par avance. Je suis honoré en vérité qu’il ait fait ce choix, quand bien même il a privé ma famille de sa présence alors que je n’avais que neuf ans et ma sœur, dix-huit.

La guerre mondiale est venue. Et les camps nazis se sont aussi ouverts aux Tziganes. Tu le sais. Mais un nombre énorme de Manouches, de Gitans et d’Espagnols se sont engagés dans la Résistance sur le sol français. Ton père aurait pu en être. Il en avait l’âge puisque il est né en 1923. Georges Séguy et d’autres sont entrés en résistance à seize ans. Je ne lui reproche aucunement de ne pas l’avoir fait, bien évidemment. Mais je te demande le respect absolu pour celles et ceux qui se sont engagés dans la Résistance contre le franquisme, puis ensuite contre le nazisme et le fascisme. Contre ceux qui avaient fait Guernica. Et pourtant, à te suivre, ils avaient « vocation » à retourner ou à rester dans leur pays d’origine, ces « étrangers, et nos frères pourtant »…

Manuel, « on » a accueilli la Roumanie et la Bulgarie dans l’Union européenne alors que ces pays ne respectaient pas, et ne respectent toujours pas, un des fondamentaux pour
 devenir ou être membre de l’Union européenne: 
le respect des minorités nationales. Sensible à cette question pour des raisons évidentes, je m’en étais fortement inquiété à l’époque. En tant que député, je suis allé à Bruxelles, auprès de la Commission, pour prouver et dire que ces pays ne respectaient pas cette clause fondamentale. On m’a souri au nez, figure-toi.

Et aujourd’hui, dans ces pays, la situation des Roms s’est encore aggravée. Pas améliorée, je dis bien «aggravée». Et ils ont « vocation » à rester dans leurs pays ou à y revenir? C’est donc, pour toi, une espèce humaine particulière qui pourrait, elle, supporter les brimades, les discriminations et les humiliations de toutes sortes ? Ces pays d’origine ne sont pas des dictatures, c’est certain. Mais ce ne sont pas des démocraties pleines et entières pour autant. Alors toi, l’Espagnol devenu français, tu ne comprends pas ? Fuir son pays, tu ne comprends pas ? Toi, tu ne comprends pas que personne n’a « vocation » à rester ou revenir dans son pays ? Sauf si tu es adepte de conceptions très spéciales, à savoir que ce qui vaudrait pour un Roumain ne vaudrait pas pour un Espagnol. Tu sais pourtant que le mot « race » va disparaître de nos lois. À juste titre car il n’y a pas de races, juste une espèce humaine. Et les Roms en sont.

La fermeté doit s’exercer là où se trouvent les responsabilités. Pas sur de pauvres individus qui n’en peuvent plus. Savoir accueillir et savoir faire respecter nos lois ne sont pas deux concepts antagoniques. Mais quand on est de gauche, on n’a pas la matraque en guise de cœur. C’est un Français d’origine manouche qui t’écrit et qui écrit au Français de fraîche date que tu es. C’est un fils de « brigadiste » qui se rappelle à toi. Souviens-t’en: « Celui qui n’a pas de mémoire n’a pas d’avenir. »

Pour l’heure, Manuel, j’ai la nausée. Tes propos me font gerber, même pire. Nos pères auraient donc fait tout ça pour rien ou pour « ça »?

Ils sont morts pour la France, Manuel. Pour que vive la France. Inclus « ces étrangers, et nos frères pourtant ».

 

*Homme politique français, né en 1944 à Paris, Jean-Claude Lefort est membre du Parti communiste français et a été député de 1988 à 2007. Membre de la Commission des Affaires étrangères, il proposa en 1998 la création d'une « commission d'enquête sur la part des responsabilités françaises dans le génocide perpétré au Rwanda ».

Vice-président de ce qui fut finalement la Mission d'information parlementaire sur le Rwanda, il se trouva en désaccord avec les conclusions finales du rapport de la Mission et refusa d'en être co-auteur. Jean-Claude Lefort est depuis 2007 le Président d'honneur d'Appui Rwanda, association de soutien aux rescapés du génocide des Tutsi au Rwanda.

Il est ré-élu député le 16 juin 2002, pour la XIIe législature (2002-2007), dans la dixième circonscription du Val-de-Marne. Le 16 août 2006, il a declaré que les « crimes de guerre commis au Liban par l'armée israélienne devraient être jugées par la Cour pénale internationale ».

Il a été rapporteur sur les relations économiques entre l'Union européenne et les États-Unis. En 2007, il ne se représenta pas. En mai 2009, il a été élu président de l'Association France Palestine Solidarité (AFPS), à l'issue du 2ème congrès de ce mouvement. Il succède à Bernard Ravenel.

** En 1953