Se doucher, c’est important. Événement quotidien du Français lambda (hors adolescent mâle en pleine crise), le bain garanti une fraîche odeur d’aisselles d’au moins quelques heures. Aujourd’hui je vous explique le rituel mal-propreté des Toulousains (mais on peut généraliser à tout le royaume) entre le XVIème et le XVIIIème siècle.
Pour trouver de l’eau saine à Toulouse, c’est assez facile, la Garonne n’est pas aussi crados que ce qu’a pu être la Seine. Mais le mec classe moyenne ou pauvre de l’époque, l’eau, il n’aime pas trop ça. Ni pour boire, ni pour se laver. Et le savon, bof, ça mousse. Seuls les Parlementaires et autres Capitouls se badigeonnent assez fréquemment, les moins friqués, eux, ils changent juste de slip. Bon, c’est déjà ça.
Aussi, les inventaires de linges sont-ils assez importants. Par exemple, un artisan possède environ une dizaine de chemises et trois paires de bas, les marchands deux fois plus, et les bourgeois, eux, jusqu’à cent chemises et trente paires de bas. Évidemment, la qualité du linge n’est pas la même d’une classe à l’autre, la toile grossière et la laine qui démange pour les uns, le coton et la soie pour les autres !
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Du coup, après une bonne journée de travail sous le soleil du midi, on se passe un coup d’eau sur le visage et les mains, on change de fringues, et le tour est joué ! C’est bien pour les pécores ça, mais au XVIIIème, ça ne suffit pas à la bonne société qui commence à faire installer des « cabinets de toilettes », on peut y trouver une table avec un miroir, des peignes, brosses, plats à barbe, rasoirs, fer à friser, boites à poudre, flacons de parfum et même des bidet en bois ou en faïence. Enfin, les plus riches ont des « cabinets de bain » avec baignoire et sels de bain et eau chaude ! Le président du Parlement de Toulouse, Boyer-Drudras, possède par exemple une baignoire en bois doublé de plomb, une chaudière de cuivre posée sur un fourneau et un réservoir d’eau froide. Top confort ! On se croirait à l’hôtel du Louvre. (Je dis ça, mais j’en sais rien, j’y suis jamais allée. Mais si quelqu’un veut m’offrir gracieusement une nuit, moi je m’engage à devenir blogueuse super influente)
Si les bains privés commencent à apparaître au XVIIIème, les bains publics, eux, sont bien là dès le XVIème siècle, on les appelle « les bains des pêcheurs » et ils ont la mauvaise réputation de refiler la peste à quiconque s’en approche. Et la syphilis aussi, parce que c’est parfois des bordels aussi. Le plus drôle, ce sont les femmes infidèles qui disent à leurs tendres et naïfs époux avoir été inséminées par du sperme présent dans l’eau des bains, « mais non chéri, ça n’a rien à voir avec le fait que je passe un peu de temps avec le voisin, mais non, c’est le bain ! ». Tu comprends bien que tout le monde les évite !
« Etuves et bains, fuyez-le ou vous en mourrez !« Guillaume Bunel 1513
Il est l’heure des bains de vapeur. Issu des pratiques turques, dans le royaume c’est un moyen comme un autre de ne pas se laver. En, fait, c’était surtout utilisé pour les malades.
Mais bon, à force d’éviter l’eau, les hommes ont des puces, et des poux. Et ça, c’est super, super relou. Alors le thermalisme va redevenir à la mode.
Deux siècles après, c’est la gloire « des bains de santé », faut dire que l’eau a à nouveau la réputation d’être purificatrice, c’est la mode des ablutions ! Il y a six bains publics à Toulouse à la fin du XVIIIème siècle, dont un à Saint Étienne qualifié de « bains de délices » par son propriétaire, Monsieur Debru. Aussi, propose-t-il des rafraîchissements ou boissons chaudes, mais aussi des salles de bain individuelles, ainsi que des lit de repos pour les riches toulousains les plus pudiques !
Enfin, avec les hygiénistes du XIXème siècle vont recommander le bain, le savon, et plein d’autres astuces pour être propres et en bonne santé. Et ça va petit à petit toucher tout le royaume. Depuis le XVIIIème siècle, l’eau a bonne réputation, malheureusement, les plus démunis n’y ont pas accès facilement (encore maintenant).
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