Un nouveau gouvernement sans EELV

Publié le 02 avril 2014 par Catherine Laccoureye @Municipale93270

1. Laurent FABIUS, ministre des Affaires étrangères et du Développement international

2. Ségolène ROYAL, ministre de l’Ecologie, du Dével oppement durable et de l’Energie

3. Benoit HAMON, ministre de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche

4. Christiane TAUBIRA, Garde des Sceaux, ministre d e la Justice

5. Michel SAPIN, ministre des Finances et des Compt es publics

6. Arnaud MONTEBOURG, ministre de l’Economie, du Re dressement productif et du

Numérique

7. Marisol TOURAINE, ministre des Affaires sociales

8. François REBSAMEN, ministre du Travail, de l’Emp loi et du Dialogue social

9. Jean-Yves LE DRIAN, ministre de la Défense

10. Bernard CAZENEUVE, ministre de l’Intérieur

11. Najat VALLAUD-BELKACEM, ministre des Droits des femmes, de la Ville, de la

Jeunesse et des Sports

12. Marylise LEBRANCHU, ministre de la Décentralisa tion, de la Réforme de l’Etat et de la Fonction publique

13. Aurélie FILIPPETTI, ministre de la Culture et d e la Communication

14. Stéphane LE FOLL, ministre de l’Agriculture, de l’Agro-alimentaire et de la Forêt.

Porte-Parole du Gouvernement

15. Sylvia PINEL, ministre du Logement et de l’Egal ité des territoires

16. George PAU-LANGEVIN, ministre des Outre-mer

Déclaration d’EELV sur le gouvernement

Les écologistes prennent acte de la volonté du Président de la République de tirer les leçons du scrutin municipal. Ils notent notamment que le Président de la République a annoncé la sortie de la dépendance de notre pays au pétrole et au tout nucléaire.

Toutefois, à ce stade, nous ne pouvons qu’espérer un véritable changement de cap. La non remise en cause des orientations budgétaires ne nous semble pas de nature à permettre cette transition énergétique de grande ampleur que nous appelons de nos voeux.

Les écologistes soutiendront sans faille le gouvernement à chaque fois qu’il s’engagera sur le chemin du progrès et de l’écologie, mais s’opposeront aux renoncements et quand l’écologie ne sera pas au rendez-vous.

Malgré les propositions faites par Manuel Valls, les conditions en l’état ne sont pas réunies pour qu’Europe Ecologie Les Verts participe au gouvernement. Nous serons des partenaires vigilants et présents pour que cette transition s’incarne dans des mesures d’ampleur.

Emmanuelle Cosse, Secrétaire nationale d’EELV et le Bureau exécutif

Raphaëlle Besse Desmoulières
Le Monde 02 04 2014

Pourquoi la direction d'EELV a-t-elle voté contre la participation des écologistes au gouvernement ?

Emmanuelle Cosse : Au-delà de ce que Manuel Valls a pu nous proposer, il y a une inquiétude très forte sur la volonté de François Hollande de faire bouger sa ligne après le signal envoyé par les Français dimanche dernier. Les gens sont très interrogatifs sur la réponse au désenchantement de la gauche par la nomination de Manuel Valls. Tous ceux qui veulent le changement sont sceptiques de par ses positions passées, et on ne peut balayer d'un revers de la main les positions de Cécile Duflot et de Pascal Canfin.

Il n'y a pas de reprise en main du parti par Cécile Duflot ?

Il n'y a pas de mainmise de Cécile Duflot sur le parti. Mais sa décision est importante. Elle est à la hauteur de son poids politique et de ses réalisations. Quand la ministre qui a mis en place la loi ALUR [accès au logement et à un urbanisme rénové] explique pourquoi elle ne veut pas participer à ce gouvernement, ce n'est pas anodin.

L'offre de M. Valls était pourtant ambitieuse et vous réservait notamment un ministère de l'écologie élargi à l'énergie ?

Sa proposition était solide et correcte. Il a fait la proposition que François Hollande ne nous a pas faite en 2012. Manuel Valls veut réussir comme premier ministre et il souhaitait que l'on entre dans ce gouvernement. Mais ce que nous disons aujourd'hui, c'est qu'avant de prendre des postes nous attendons des actes. Sur les questions de transition énergétique, il nous a dit ce matin des choses très fortes, mais on ne peut pas oublier les deux ans passés d'une expérience gouvernementale qui a eu des hauts et des bas.

Les parlementaires étaient favorables à une participation. Y a-t-il une ligne de fracture dans le parti ?

Non. J'assume parfaitement la décision qui a été prise, mais je n'en suis pas pour autant heureuse car nous ne voulions pas en arriver là. Ce qui réunit les écologistes, c'est notre volonté de sortir du nucléaire pour un autre modèle de transition énergétique. Nous sommes conscients que nous avions peut-être une possibilité d'avancer sur ces choix. Si les écologistes font le choix de ne pas être au gouvernement, ce n'est pas juste notre échec. C'est surtout l'échec d'une majorité. Il y a aussi une responsabilité lourde de François Hollande.

C'est d'autant plus dommage si les conditions étaient réunies pour réaliser ce que vous demandez…

Je ne minimise pas ce que Manuel Valls a proposé aujourd'hui [mardi 1er avril]. Mais on ne peut pas non plus mettre de côté l'ensemble des discussions sur la ligne économique, sur les 50 milliards d'économies, sur la façon dont François Hollande a imposé un certain nombre de sujets, que ce soit le CICE [crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi] ou le pacte de responsabilité, sans jamais en parler à ses partenaires. Et je ne parle même pas du droit de vote des étrangers. Le changement de cap n'a pas eu lieu.

Cela signifie-t-il qu'il n'y a aucun ministre EELV au gouvernement ?

Ce que m'a dit Manuel Valls ce [mardi] matin, c'est qu'il ne souhaitait pas débaucher des gens qui ne seraient pas soutenus par leur parti. C'est une petite avancée par rapport aux pratiques de la Ve République vis-à-vis des organisations collectives et du débat démocratique. Après, je ne suis pas à la place de Manuel Valls et de François Hollande.

La question de la confiance au gouvernement doit être discutée ce week-end lors d'un conseil fédéral. Quelle est votre position sur le sujet ?

Il est trop tôt pour donner une position sur le vote de confiance. On ne connaît pas les éléments du discours de politique générale que va faire le premier ministre. C'est au groupe parlementaire de prendre sa position en connaissance de cause. Encore une fois, la confiance ne va pas de soi, mais nous avons envie de la donner à nos partenaires. Nous attendons simplement des engagements concrets.

Vous situez-vous désormais dans la majorité ou dans l'opposition ?

Je me situe dans la majorité présidentielle. Je ne suis pas là pour faire une opposition stérile. Nous ne sommes pas sur la position qu'a défendue mardi matin Jean-Luc Mélenchon en appelant à manifester contre ce gouvernement. Et nous ne serons pas présents le 12 avril. Même sans être membre de ce gouvernement, je ne souhaite pas qu'il échoue. Je caricature mais l'idée d'un grand soir contre un Parti socialiste hégémonique versus une nouvelle gauche vertueuse et formidable est un doux rêve. Je crois surtout aux petits matins, et c'est en travaillant au quotidien que nous rendrons l'écologie majoritaire.

Au lendemain des municipales, vous voyiez dans vos bons scores une confirmation de votre stratégie de participation critique. Ne craignez-vous pas de payer aux élections européennes votre choix de ce soir ?

Je ne crois pas qu'aux européennes les électeurs votent en fonction des stratégies d'alliance. Ils voteront pour nous si nous formulons un discours de vérité mais aussi d'exigence sur la question européenne. Nous sommes les héritiers d'un rêve européen que nous voulons faire vivre avec responsabilité mais sans renier nos convictions.